MyDataModels, la start-up qui fait parler les small data

Spécialiste du small data, la start-up basée à Sophia Antipolis a développé un logiciel de machine learning automatisé permettant aux experts métiers de créer facilement leurs propres modèles prédictifs. Une solution inédite qui ouvre de belles perspectives à celle qui, demain, se veut licorne et entend contribuer à faire gagner l’Europe dans la bataille du small data.

Si le big data est dans toutes les bouches, le small data, lui, se fait encore discret. "C'est pourtant la partie immergée de l'iceberg, la plus importante, celle qui représente 85% de l'ensemble des données aujourd'hui récoltées", indique Simon Gazikian, l'un des trois co-fondateurs de la jeune pousse azuréenne MyDataModels. Laquelle veut démocratiser son usage en direction des experts métiers. "Des ingénieurs, chercheurs, analystes financiers, commerciaux ou autres marketeurs qui y sont confrontés au quotidien sans savoir les exploiter". Car si le big data et ses millions de données ont leurs data scientists, généralement adoptés par les secteurs de la banque, de l'assurance et du retail, le small data et ses données beaucoup plus restreintes ne disposent pas ou peu de solutions sur le marché.

Améliorer les processus

Avec TADA, tout juste lancé, MyDataModels entend donc changer la donne. Disponible sous format Cloud et PC, ce logiciel de machine learning automatisé, dédié aux petites quantités de données, permet aux entreprises et organisations d'optimiser leur processus (industriel, de recherche, de vente, de marketing, de cybersécurité, etc.) en produisant des modèles prédictifs sans connaissance préalable requise. Autrement dit, "Tada fait parler les small data et rend le machine learning accessible à tous", insiste le dirigeant. Lequel cible deux secteurs d'activité : l'industrie et la recherche, qu'elle soit publique ou privée. "Notre technologie est horizontale et s'applique à tous types de verticaux, mais à aller partout, on ne va nulle part, d'où le choix d'adresser les industriels et les chercheurs". Deux domaines supposés "plus disposés à s'emparer d'une technologie comme la nôtre" car "moins utilisateurs de data scientists". Et où l'entreprise compte déjà des clients, "petits, moyens, gros, en France et à l'étranger, qui feront l'objet d'annonces presse au cours des semaines à venir". Histoire d'entretenir sa visibilité. Ainsi en est-il de Gemalto, un des premiers early adopters de la solution signée MyDataModels, que le fabricant de puces électroniques utilise pour l'amélioration de son contrôle qualité en cherchant à prédire le niveau de qualité en sortie de ses lots de fabrication, et ce afin d'éviter les rebuts.

Feuille de route

Si la jeune pousse ne communique pas sur son chiffre d'affaires, ni sur le nombre de ses clients, elle ne fait pas toutefois mystère de ses ambitions. A savoir, devenir une licorne dans les trois à cinq ans à venir. "Pour cela, il nous faut faire trois choses : développer le business, améliorer la techno et consolider les finances", énumère le dirigeant. Pour le business, l'entreprise s'appuie à la fois sur une force de vente directe et sur un site e-commerce. "C'est assez atypique dans notre domaine. En février, nous avons lancé nos premières campagnes de marketing digital afin de générer des leads et les attirer sur notre plateforme où une offre try and buy est proposée". Un réseau d'intégrateurs et de revendeurs de logiciels est également en cours de constitution. Côté techno, il s'agit de poursuivre les développements, notamment avec l'Inria, histoire de garder un train scientifique d'avance. "Nous travaillons aussi beaucoup sur l'accessibilité, l'ergonomie du produit. C'est capital quand on veut toucher les experts métiers". Enfin, concernant l'ingénierie financière, un premier tour de table de 1 M€, annoncé en janvier, a été conclu auprès du fonds d'investissement allemand Earlybird Venture Capital. Un deuxième, plus conséquent, devrait intervenir dès la fin de l'année.

Gagner la bataille du small data

Il faut dire que la technologie développée quatre ans durant aux Etats-Unis a de quoi séduire. Celle-ci utilise "des concepts d'algorithmes dits génétiques ou évolutionnaires dont nous avons déverrouillé les points bloquants pour aboutir à une solution unique et efficiente pour les small data". Laquelle a tapé dans l'œil d'un des GAFAs qui l'aurait bien intégrée à son portefeuille. Une offre "alléchante" déclinée par les trois associés qui avaient des envies d'ailleurs. Et notamment d'Europe. Comme un retour aux sources pour le natif de Cannes. "C'était le bon moment. On a senti un élan européen vers l'Intelligence Artificielle, une vraie prise de conscience qui nous fait dire que si l'Europe a perdu la bataille du Big Data au profit des Chinois et des Américains, la guerre n'est pour autant pas perdue. D'autres batailles sont à mener, et en premier lieu celle du small data. A cet égard, MyDataModels dispose d'une force de frappe technologique colossale qu'il convient de transformer commercialement". Et ce, depuis la technopole de Sophia Antipolis, où la jeune pousse a posé armes et bagages au sein des locaux de STMicroelectronics. Elle compte aujourd'hui 25 personnes, contre 3 en mars 2018, et devrait finir l'année avec un effectif compris entre 30 et 40 collaborateurs. Avec un objectif : contribuer à ce que "l'Europe devienne un acteur majeur du small data". Un challenge tout autant économique que politique et social.

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