Les projets d’Abricotoit pour développer l’agriculture urbaine

L'entreprise installée à Marseille conseille les structures désireuses de se lancer dans l’agriculture urbaine. Sa stratégie : tester et adapter son positionnement à un marché qui se développe peu à peu.
(Crédits : iStock)

C'est en faisant que l'on apprend, dit un adage bien connu. Un adage qui sied parfaitement à la stratégie expérimentale d'Abricotoit, spécialisée dans l'agriculture urbaine. En effet, à la manière d'un cultivateur qui essaierait de nouvelles semences jusqu'à trouver la bonne, l'entreprise a plusieurs fois revu son positionnement pour s'adapter à un marché encore en germe.

L'aventure commence en 2016 à Marseille. "Une ville très minérale qui dispose d'un excellent climat, avec des surfaces totalement inexploitées", remarque Julien Girardon, fondateur de la structure. Sauf que l'agriculture urbaine est alors quasi inexistante et essentiellement représentée par des acteurs associatifs. "Au début, le but était de toucher les bailleurs sociaux pour occuper leurs espaces et proposer des solutions de culture avec les habitants". Un moyen de "leur redonner du pouvoir d'achat et de créer des espaces de convivialité". Sauf que les rencontres avec les bailleurs n'aboutissent pas, ceux-ci étant plus habitués à travailler avec des associations. Obligé de changer de cap, Julien Girardon saisit l'opportunité de travailler avec d'autres acteurs. Son premier client : le restaurant Sépia, implanté à Marseille, pour qui il aménage une parcelle de terre.

Se recentrer sur le conseil

Aménager, entretenir sont des activités-phares du projet initial d'Abricotoit. Mais là aussi, Julien Girardon opte pour une nouvelle stratégie. "Je me suis rendu compte que le fait de proposer un packaging peut être effrayant. C'est parfois plus rassurant de pouvoir segmenter, de distinguer les différentes prestations". Il choisit alors de se réorienter vers des activités de conseil, activités qui intéressent finalement un bailleur social désireux d'installer un jardin partagé.

"Nous partons d'une idée, nous la testons puis nous voyons ce que ça donne". C'est ainsi que Julien Girardon résume la stratégie de l'entreprise. Et parmi les idées testées et approuvés : celle de faire produire localement du houblon bio. "Quand on travaille en bio, on fait souvent face à une pénurie de houblon français en fin d'année. On l'achète alors le plus souvent aux Etats-Unis ou en Nouvelle Zélande. Nous avons pensé que nous pourrions le produire nous-mêmes". Le projet est lancé en partenariat avec l'équipe de la bière Part Faite de la Brasserie des Suds. Le houblon est d'abord cultivé par les initiateurs du projet avant que la culture ne soit proposée aux habitants de la ville en 2017. Le succès est rapidement au rendez-vous, si bien que ce qui devait être un projet ponctuel s'est pérennisé. Ainsi, en 2018, 160 Marseillais ont contribué à produire 3 000 litres de la dénommée Bhum, comprenez : Bière au Houblon Urbain Marseillais, soit le triple de l'année précédente. La cuvée 2018 sera inaugurée le 17 mars. Une partie sera redistribuée aux cultivateurs, l'autre commercialisée.

Paris aussi

En parallèle, Abricotoit a fait essaimer le projet à Paris, son nouveau terrain de jeu. "Là-bas, les acteurs de l'agriculture urbaine sont nombreux et présents depuis longtemps. Ce sont souvent des entreprises, contrairement à Marseille". Mais pas question de les concurrencer. Et le houblon est l'occasion de se greffer à l'écosystème sans lui faire d'ombre. "Cette première année a servi à acclimater le végétal et à voir comment résoudre les problèmes d'adaptation".

A Paris, l'entreprise s'est également lancée dans un projet de culture de fleurs à vocation ornementale. Le but étant ensuite de les vendre directement au consommateur, sans passer par un distributeur, via un système d'abonnement. Le processus est enclenché, il aboutira sur la création d'une nouvelle société.

Si c'est Paris qu'Abricotoit semble désormais avoir choisi comme terrain d'expérimentation, c'est parce que Julien Girardon y ressent une plus grande "appétence à l'innovation. Tandis qu'à Marseille, on est pas toujours prêts à être les premiers à tester quelque chose". Pas question néanmoins d'abandonner les activités phocéennes. "Nous avons énormément d'échanges avec des bailleurs sociaux prêts à tester des solutions, et cela attire le regard d'autres bailleurs sociaux". L'entreprise est aussi à la recherche de structures "qui voudraient produire pour commercialiser, comme dans le cas du houblon, mais avec d'autres plantes".

Besoin de vert

Le tout étant de garder un pied dans chaque ville car à Paris comme à Marseille, le potentiel de l'agriculture urbaine est réel selon l'entrepreneur. "Les habitants ont besoin de vert". Et de souligner le rôle éminemment pédagogique de l'agriculture urbaine. "Elle sensibilise quant à la saisonnalité, à l'importance de consommer local, au respect de l'environnement". Un moyen pour les urbains de retrouver un rapport quotidien à la nature, dont on redécouvre les bienfaits.

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