Plasmawise, pionner du plasma froid en France

Installée à Marseille, la TPE conseille les entreprises et développe des produits utilisant du plasma froid, quatrième état de la matière obtenu à partir de gaz. Un matériau encore peu utilisé en France et qui devrait se développer de pair avec les nanotechnologies.
(Crédits : DR)

Le plasma constitue 99 % de l'univers. Et pourtant, il reste encore méconnu, du moins en France. Quatrième état de la matière après le solide, le liquide et le gaz, il est à l'origine des aurores boréales et se révèle utile à de nombreuses applications dans l'industrie comme en médecine ou dans l'agriculture.

Doctorant, Bilel Rais s'intéresse d'abord au plasma chaud, utilisé dans la fusion nucléaire, avant d'étudier le plasma froid dont le potentiel semble plus vaste et les applications plus nombreuses. "On commence tout juste à s'y intéresser, mais c'est un marché qui devrait peser 50 milliards d'euros d'ici cinq ans". L'intérêt : modifier des propriétés chimiques avec une grande précision. "Des gens cherchent à utiliser le plasma pour tuer des cellules cancéreuses. Dans l'agriculture, on l'utilise pour traiter les graines de blé et éviter que les maladies prolifèrent dans les cultures. Ce sont des applications très locales, à l'échelle nanométrique, qui sont très utiles dans les nanotechnologies et dans l'utilisation de matériaux intelligents", explique l'ancien doctorant devenu PDG de l'entreprise.

Bien développée en Belgique, Pays-Bas ou Luxembourg, l'utilisation du plasma froid reste assez rare en France, "moins orientée vers ces technologies". "Ce n'est pas facile de convaincre les industriels", constate l'entrepreneur qui souhaite néanmoins devenir une référence en la matière sur le territoire national. Parmi ses clients-cibles : les laboratoires de recherche, les universités, mais aussi les industriels. Des clients auxquels il s'adresse par le biais de deux activités.

Développement de produits et conseil

La première, la plus conséquente en termes de chiffre d'affaire, est le développement de produits. Le premier d'entre eux est une imprimante créée en Hollande où a travaillé Bilel Rais. A la place de l'encre, celle-ci pose de manière précise du plasma sur un matériau, selon des motifs en deux dimensions. "Nous fabriquons et commercialisons ce produit que nous cherchons à améliorer". Ce notamment au niveau de la résolution. Une résolution d'un dixième de millimètre que l'entrepreneur aimerait voir atteindre le centième de millimètre. "Le but est d'arriver à l'échelle nanométrique. Ainsi, on pourrait par exemple traiter des protéines une à une".

Pour l'heure, environ 20 machines ont été vendues. "En 2019, nous devrions avoir la licence exclusive. Nous finalisons l'accord".

Mais ces produits ont un coût souvent hors de portée des laboratoires de recherche financés par projet et non par fonds propres. Il faut ainsi compter entre 40 000 et 50 000 euros par machine. Ainsi, la société propose également ses services de conseil pour les universités, les laboratoires et les industriels. "Nous développons des procédés pour eux". Cela peut passer par une prestation d'impression faite par Plasmawise. "Ils peuvent aussi nous contacter pour savoir comment faire, pour tester le résultat d'une utilisation d'un plasma issu d'un gaz en particulier. Cela peut leur suffire à prouver quelque chose et à faire une publication".

Evangéliser le marché français

Créée il y a un an, la société espère réaliser un chiffre d'affaire total de 150 000 euros pour 2019, 100 000 via le développement de produits, 50 000 grâce à ses activités de conseil. Mais Bilel Rais le sait, il faudra évangéliser le marché français. "Nous participons à des conférences, nous nous faisons connaître". L'enjeu serait de "rentrer dans les niches industrielles, d'être reconnus, de travailler avec des gens sérieux et de créer de la valeur ajoutée". Pour l'heure, la TPE s'appuie sur ses clients du Bénélux, d'Allemagne et d'Angleterre. Des discussions sont également en cours avec de potentiels clients aux Etats-Unis.

A plus long terme, Plasmawise aimerait produire elle-même son imprimante afin d'en réduire le coût. Elle compte également développer de nouveaux produits en s'appuyant sur les découvertes et les infrastructures des laboratoires. Parmi les pistes envisagées, une machine permettant d'imprimer en trois dimensions, ou d'autres à même de répandre du plasma sur de grandes surfaces dans l'agriculture.

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