Pourquoi Enovacom s’appuie sur des géants pour devenir leader de la e-santé

L’entreprise installée à Marseille développe des logiciels à destination du monde de la santé. Créée il y a 16 ans, elle veut désormais entrer dans une nouvelle phase de son développement. Pour y parvenir, elle s’appuie sur de grands groupes tels que Orange qui l’a rachetée ou encore Microsoft.

Enovacom naît en 2002 de l'initiative de cinq anciens camarades d'école. Son activité : l'édition de logiciels dédiés au monde de la santé. Des logiciels qui ne s'adressent pas à un métier en particulier mais assez transversaux avec deux mots d'ordre : la sécurité des données et l'interopérabilité, c'est-à-dire la capacité à faire communiquer entre eux des logiciels qui utilisent des langages différents. L'idée étant d'automatiser au plus les démarches et d'éviter d'éventuelles erreurs de retranscription dont les conséquences pourraient être graves pour la santé des patients.

En 16 ans, l'environnement d'Enovacom a profondément évolué, le secteur de la santé devenant de plus en plus dématérialisé dans le cadre d'une rationalisation des pratiques voulue pour les pouvoirs publics afin de réaliser des économies. Si en 2002 la digitalisation concerne essentiellement les relations entre les établissements de santé et l'administration (fisc, assurance maladie), elle se généralise peu à peu. On doit mieux communiquer à l'intérieur de l'hôpital, puis entre hôpitaux d'un même territoire entre lesquels circule le patient. Le parcours patient devient alors le nouveau paradigme. Il s'illustre notamment par la création du Dossier médical personnalisé auquel la PME tente en 2006 d'apporter une réponse. "Dans notre plateforme d'interopérabilité, nous avons permis à chaque structure de santé d'échanger et d'alimenter des données patients vers le DMP de manière sécurisée", explique ainsi Sophie White, directrice des ventes et du marketing chez Enovacom.

Une croissance rapide

Depuis deux ans, les 895 hôpitaux français se sont regroupés en 135 groupements hospitaliers de territoire. "Chaque hôpital disposait déjà de 40 à 400 logiciels. Les groupements ont réuni 4 à 5 hôpitaux. C'était une usine à gaz". Mais aussi une opportunité pour Enovacom. "Nous avons créé l'entrepôt Data Repository, un entrepôt de données médicales qui regroupe tous les documents médicaux, de la manière la plus structurée possible", et ce, quel que soit le logiciel sur lequel chacune de ces données aurait pu être enregistrée.

A l'écoute des tendances du marché, la PME a ainsi développé 9 logiciels, tous complémentaires. Une gamme assez complète qui lui a permis de se distinguer de ses concurrents et d'être présente auprès de 1 600 clients (hôpitaux, cliniques, structures médico-sociales). "Nous sommes présents chez 77 % des 135 groupements hospitaliers, auprès du chef de groupement". L'entreprise est également présente à l'étranger : en Belgique, en Suisse, au Royaume-Uni et au Canada. "On a remporté un appel d'offre de la province du Québec pour équiper ses structures avec une nouvelle solution d'interopérabilité", se réjouit Sophie White.

Des avancées qui lui ont permis de réaliser "une croissance à deux chiffres chaque année", affichant pour 2018 un chiffre d'affaire de 11,7 millions d'euros. Un cap franchi, qui ouvre "un nouveau cycle" pressenti comme "dense". Un nouveau cycle marqué par des partenariats avec des géants.

Un nouveau cycle

Le premier d'entre eux est Orange, et en particulier sa filiale santé Orange Healthcare qui a acquis la société marseillaise en février 2018. Pour le groupe français, il s'agit d'être au rendez-vous de la transformation du secteur de la santé, offrant la possibilité au personnel médical d'échanger et de communiquer avec ses patients. Quant à Enovacom, "cela nous a apporté un regard bienveillant du marché. Orange est un fleuron de l'économie française. C'est positif en terme d'image". L'objectif de ce partenariat : "travailler ensemble pour continuer à innover et renforcer notre offre pour être plus pertinent". Innover, mais aussi se renforcer à l'international, Orange étant présent dans 122 pays. "Cela nous donne de belles perspectives".

Autre partenariat et pas des moindres, celui qui vient d'être tissé avec Microsoft. Le groupe américain vient en fait d'obtenir la certification Hébergeur de Données de Santé (HDS), lui permettant de proposer son offre de cloud Office 365 compatible avec la Messagerie sécurisée des données de santé créée par l'ASIP Santé - agence française de la santé numérique - et qui permet d'envoyer de manière cryptée les données des patients. Et c'est pour rendre cette compatibilité effective que Microsoft s'est appuyée sur Enovacom. "C'est gratifiant. C'est l'aboutissement d'un développement sur le marché qui fait qu'on devient un acteur clé sur la messagerie sécurisée". Et d'ajouter. "Avec sa suite Office, Microsoft équipe tout le monde. Cela nous permettra d'accéder à un marché plus massif".

Car l'objectif est clair, "nous voulons être leader". Et pour cela, tout l'enjeu est de garder un certain pragmatisme et l'esprit d'une startup. Une adaptabilité nécessaire pour répondre aux besoins d'un marché sans cesse en mouvement.

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