Améliorer les capacités physiques des hommes grâce à des extensions technologiques d'eux-mêmes, telle est l'ambition des exosquelettes. Un marché qui ouvre de nombreuses perspectives, tant pour les personnes en situation de handicap que dans le domaine de l'industrie où le port de charge nuit à la santé des salariés. Une brèche dans laquelle compte bien s'engouffrer Advanced Intelligent Mechatronics (AIM)

C'est d'un gant qu'est née la start-up. Un gant baptisé ExoGlove, orthèse de main motorisée permettant d'effectuer des tâches de rééducation motrice suite à des pathologies ou des traumatismes altérant la motricité de la main. Un projet qui a valu à Marc Hamand et Pierre Nabhane, alors étudiants, le Coup de cœur du jury lors du Grand prix de l'innovation Siemens en 2015. La start-up naît un an plus tard.

Au départ centrée sur la santé, l'entreprise se repositionne rapidement "Nous avons mis en pause nos projets en santé car cela prend beaucoup de temps. Désormais, nous nous concentrons sur l'industrie du fait de la grande demande dans ce secteur et de la facilité à y introduire de nouveaux produits", explique Marc Hamand. Le modèle économique évolue lui aussi : "nous avons choisi la voie de la prestation, à la manière d'un bureau d'étude". Un moyen de "faire entrer plus rapidement des fonds". En pratique, AIM vend ses prototypes - qu'elle réalise elle-même grâce à "sa force de prototypage" comprenant imprimantes 3D et autres outils - et, si les clients le demandent, des modèles finis produits quant à eux par des entreprises sous-traitantes.

Parmi les clients, l'équipementier automobile Valéo ou encore Onet Aéroport. "Les demandes sont généralement redondantes, mais elles ont des spécificités qui les rendent uniques". Uniques du fait de des contenus et de la masse des charges à porter, allant "de 4 à 30 kg". D'où le choix du sur-mesure qui permet de se différencier de ses concurrents sur un marché où ils sont de plus en plus nombreux.

Des exosquelettes proches du vêtement

Le recentrage sur l'industrie est également un pari : celui d'un retour de ce secteur en Europe et en France dans les prochaines années, "en raison des mouvements liés à l'augmentation du coût de la vie en Asie, là où les entreprises ont délocalisé leur production". Pour séduire le secteur, AIM développe des exosquelettes très proches de vêtements, légers et invisibles, bien loin de l'armure que l'on pourrait imaginer. Un dispositif "basé sur la technologie du ressort", exerçant une pression sur le corps afin de l'équilibrer ou de lui donner un regain de force, en particulier pour le port de charges lourdes, véritable enjeu de santé dans l'industrie. "Ce qui est intéressant", complète Marc Hamand, "c'est que ces exosquelettes sont passifs et ne nécessitent aucune énergie, aucune batterie".

Pour se développer, l'entreprise - qui ne communique pas sur son chiffre actuel - espère dégager d'ici 2020 "un chiffre d'affaire de 150 000 à 200 000 euros". Pour cela, elle espère conquérir de nouveaux clients, sillonnant les salons où elle met en avant ses diverses réalisations.

Un premier pas vers une ambition plus large, celle de s'imposer dans le domaine des exosquelettes. "Nous travaillons sur un pôle d'exosquelettes avec différentes structures dont l'Ecole des Mines de Gardanne. Notre but est de nous positionner comme experts en la matière aux niveaux régional et national". Une expertise qui permettrait à la start-up de conquérir de nouveaux clients, d'élargir ses possibilités et ce, notamment en s'ouvrant à de nouveaux domaines. "Nous négocions avec les forces armées pour faire avancer de nouveaux dispositifs autour du port de charges, d'armement et de la posture". L'armée, donc, mais aussi la santé, que Marc Hamand ne perd pas de vue.