Comment Evoluflor numérise le métier de fleuriste

En mettant au point un logiciel de caisse certifié NF 525, la jeune entreprise basée à Cagnes-sur-Mer révolutionne la gestion des commerces. S'il n'y paraît pas, c'est pourtant une révolution digitale pour le métier et pour l'artisanat tout entier.
(Crédits : DR)

Ce n'est pas une énième application qui promet de tout révolutionner. Mais c'est pourtant un vrai virage qu'Evoluflor fait prendre au métier de fleuriste. Pas une application donc, mais un logiciel de caisse. Un outil indispensable évidemment pour le commerçant et surtout, désormais normé, depuis ce 1er janvier avec l'obligation de répondre à la NF 525.

Le changement, c'est maintenant

Evoluflor est justement née (mais pas que) de cette contrainte. Ou plutôt de cette opportunité. C'est en tout cas ainsi que Béatrice Caula perçoit cette évolution législative. Une évolution qu'elle est bien placée pour en appréhender les tenants et les aboutissants. Car Béatrice Caula est elle-même fleuriste.

Si sa première partie de vie professionnelle l'emmène à Paris et à travailler dans le milieu de la direction de production de documentaires, la seconde débute avec le rachat de l'entreprise familiale, basée à Nice, en 2005. Pour cela, Béatrice Caula, titulaire d'une maîtrise de Sciences et Techniques, retourne sur les bancs de l'école, passe son CAP et se forme avec des professionnelles de l'art floral.

Si les premières années, la petite entreprise ne connaît pas de crise, les différents changements qui interviennent forcent la jeune dirigeante niçoise à réfléchir au business-modèle du métier et à son organisation quotidienne.

"Le métier s'est mis à changer. Petit à petit, les contraintes administratives, d'achat, la difficulté à trouver de beaux végétaux, à gérer les réceptions des livraisons m'ont fait m'interroger". C'est d'abord vers la Chambre des Métiers et de l'artisanat des Alpes-Maritimes que la chef d'entreprise se tourne. Elle suit alors Capéa, un dispositif dédié à l'amélioration de la performance des entreprises. Un programme qui lui fait rencontrer la consultante Josiane Benz, laquelle lui conseille alors de rechercher un logiciel capable de répondre à ses attentes. Douze tests plus tard, rien de concluant ne ressort des recherches, tous les logiciels étant généralistes. Une déception qui signe le début de l'aventure Evoluflor.

Car impossible pour Béatrice Caula d'en rester là. C'est finalement la rencontre avec une entreprise spécialisée dans le logiciel de caisse dédié à la restauration et basée à Montpellier que la chef d'entreprise va trouver son bonheur. Ou tout du moins les bases de son logiciel de caisse spécial fleuriste. Entre-temps, la perspective de l'arrivée de la norme NF 525, obligatoire, encourage le projet.

"Nous avons établi un cahier des charges précis pour développer Evoluflor. Suite à un premier travail de terrain, nous savions que le logiciel ne devait pas coûter plus de 30€ par mois. Nous voulions un outil ergonomique et que les fleuristes vendant hors de leur magasin - comme lors des salons ou foires - puissent encaisser depuis le téléphone dans la poche". En parallèle, la jeune entreprise se fait également accompagner par l'agence Brandsilver.

Agir plutôt que subir

Et pas question de ne commercialiser "que" un logiciel de caisse. "Nous avons ainsi introduit un premier module de prise de commande tel que cela se fait dans notre métier", explique Béatrice Caula. Prêt fin juin 2017, le logiciel est commercialisé en septembre dernier et la startup a depuis convaincu 140 clients.

Pour se faire connaître, la jeune pousse - qui est par ailleurs accélérée au sein du Village by CA basé à Sophia-Antipolis - utilise la force des réseaux sociaux. Notamment via une page Facebook où une communauté d'utilisateurs s'est créée et permet les échanges d'idées et d'astuces. Plus de 22 réunions physiques ont déjà été organisées dans toute la France pour faire connaître ce nouvel outil qui apporte une part de numérique dans un métier artisanal où le digital n'est pas toujours perçu comme bienveillant. Pourtant, ce nécessaire virage doit être pris estime la dirigeante azuréenne.

"Soit nous subissons, soit nous sommes acteurs de notre numérisation. Arrêtons de rester seuls dans nos commerces. Si nous, artisans, ne nous unissons pas, nous finirons par nous faire avaler par la grande distribution. Qui mieux que les fleuristes pour accompagner l'évolution du métier ? Mon ambition est de regrouper l'ensemble des acteurs économiques autour de la fleur pour aider les artisans à mieux travailler en magasin. Le consommateur aussi, attend que nous nous numérisions".

Le principe du sécateur

Si actuellement, Evoluflor permet la prise de commande, la gestion des abonnements, la gestion de la chaîne de production, celles des encaissements pour le compte des transmissions florales, la centralisation des différents mode de ventes, l'export pour l'expert-comptable, d'autres fonctionnalités devraient rapidement voir le jour. "Nous travaillons actuellement sur un module livraison qui devrait être opérationnel d'ici 3 mois", indique Béatrice Caula. Un module dédié à l'interface avec les chaînes de transmission florale devrait lui, être prêt d'ici 6 à 7 mois.

Financée à hauteur de 28 000 euros de fonds propres auxquels s'ajoutent un financement bancaire de 60 000 euros et un prêt Initiative Nice Côte d'Azur à hauteur de 10 000 euros, Evoluflor a défini des objectifs précis. Le premier est d'atteindre un volume de 800 clients d'ici 18 mois et faire en sorte que l'outil "devienne pour le fleuriste aussi indispensable que son sécateur".

L'international est déjà dans les réflexions de la startup qui vise les marchés belges et espagnols prioritairement. Béatrice Caula et Pierre Gouspy, les deux têtes pensantes d'Evoluflor, tablent sur un chiffre d'affaires de 200 000 euros pour ce premier exercice.

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