Fofly, l’innovation à l’assaut de la peur de l’avion

La TPE installée à Marseille adresse ses services aux personnes phobiques vis-à-vis du vol en avion via des stages d’un jour combinant pour ce faire informations techniques, conseils psychologiques et simulation via réalité virtuelle. Mais elle compte bien diversifier son offre pour s’envoler vers la croissance.
(Crédits : DR)

Passer du militaire au civil et entre-temps créer son entreprise, c'est le parcours qu'a suivi Nicolas Coccolo. Cet ancien pilote de l'armée de l'air a en effet décidé de se focaliser sur un public cible bien particulier : les aérodromophobes, ou personnes ayant peur de l'avion. "Après avoir quitté l'armée, j'ai travaillé comme instructeur sur un simulateur de vol avec Boeing. J'ai alors été contacté par un cabinet de psychologues, œuvrant sur cette phobie, mais qui avait besoin d'un professionnel de l'aviation pour dispenser toute la partie technique incluse dans la thérapie". Une ouverture qui permet à Nicolas Coccolo de prendre conscience en 2011 de l'intérêt de créer son entreprise, d'autant que le marché est là et bien là. "Ce ne sont pas moins de 25 % des passagers d'un avion qui ont peur à bord. Or, il y a eu à l'échelle mondiale en 2017 pas moins de 4,25 milliards de voyageurs..." L'offre prend la forme de stages d'une journée en trois parties, programmés à Marseille et Paris. Il y a celle dédiée à la technique, "pour faire découvrir l'envers du décor phase après phase, ce qui se passe avant le vol, le contrôle de sécurité, la maintenance, le low cost, la formation des pilotes, le vol proprement dit, ce pour démystifier et lever cette part d'inconnu qui joue sur les peurs". La deuxième partie se déroule avec un psychologue et la dernière "permet de replacer l'individu en situation de vol et de restituer ce que l'on a appris, à l'aide de la réalité virtuelle. Nous sommes les seuls en France à le proposer lors de stages".

Savoir se différencier

Car face aux grandes compagnies, qui disposent déjà de leurs propres sessions, il faut savoir tirer son épingle du jeu et se différencier. Fofly y parvient notamment grâce à son positionnement sur l'innovation. Outre l'exploitation de la réalité virtuelle, elle a su diversifier son offre, en proposant une formation à distance - qu'elle revendique être la seule à le faire -, via Skype, pour toucher les expatriés et les résidents des Dom Tom. "Nos stages à Marseille et Paris se déroulent par ailleurs le dimanche, alors que ceux de nos concurrents ont lieu en semaine. Nous sommes aussi multi-sites, et nos tarifs sont beaucoup plus compétitifs que ceux des grandes compagnies. Nous réalisons un suivi personnalisé après le stage. Le passager peut ainsi nous envoyer ses horaires de vol, nous l'appelons avant pour un briefing, afin de réaliser une piqûre de rappel et de lui donner les conditions météo du voyage". Enfin, Fofly propose même aussi, mais c'est plus rare (et plus cher), de faire de l'accompagnement de vol auprès du passager phobique.

Outre les stages, c'est en s'envolant vers le numérique que la startup  compte trouver de nouveaux paliers de croissance. En juin 2016, son équipe de développeurs avait mis au point une application gratuite portant elle aussi le nom de l'entreprise. "On y trouve des conseils côté technique et côté psy, des exercices de relaxation, de la musique pour s'apaiser... Elle a déjà fait l'objet de 2 500 téléchargements, en français et en anglais". C'est donc sur cette solution numérique que Fofly compte capitaliser, en proposant pour 2017 une version plus développée. Elle contiendra des vidéos en 3D avec son, ainsi qu'une partie géolocalisation, afin que les personnes phobiques basées sur un même périmètre puissent créer une communauté, se retrouver et échanger ensemble, si elles le souhaitent. "Cette application modernisée se doublera d'une version BtoB, que nous comptons proposer à certaines compagnies aériennes ou aéroports, afin qu'ils l'intègrent à leurs solutions numériques. Nous avons déjà des contacts qualifiés et des accords qui pourraient prochainement aboutir".

Offensive vers le BtoB

C'est donc cette version BtoB qui pourrait générer une nouvelle source de revenus, mais celle dédiée au particulier, gratuite, s'agrémentera malgré tout de fonctionnalités premium et donc payantes. Parmi celles-ci, la possibilité de recevoir des notifications relatives à la météo pendant le vol. "Nous comptons proposer aussi ce service aux entreprises, notamment aux sites de recherche de billets en ligne, qui pourraient le proposer à leurs clients internautes, entre autres options".

Enfin, Fofly développe aussi la R&D pour proposer en stages des scénarios plus diversifiés via réalité virtuelle, puisque pour l'heure, il n'en existe qu'un seul et il n'est pas flexible. "L'idée est de pouvoir changer la taille de l'avion, la place du passager, la météo, l'heure de vol, de jour ou de nuit. Des paramètres pour augmenter la difficulté de l'exercice".

Mais pour poursuivre dans cette stratégie de modernisation de ses outils, Fofly doit déjà trouver du cash en multipliant le nombre de stages, sachant que 700 personnes ont fait appel à ses services depuis 5 ans. "La stratégie que l'on met en œuvre aujourd'hui, c'est de trouver des partenaires, d'approcher les compagnies afin de devenir leur stage officiel". Avec un objectif de doubler le nombre de stagiaires physiques. Les téléchargements payants de l'application, disponible dès ce printemps, représenteront la cerise sur le gâteau.

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