Anapix optimise la prise en charge en dermatologie

Six ans de développement pour une solution d’imagerie temps réel de la peau, visant à prioriser les cas en termes de dermatologie… La start-up basée à Meyreuil a développé une application amenée à révolutionner le rapport patient-professionnel de santé dans cette spécialité.

Cette application devrait permettre d'optimiser la prise en charge des patients aux grains de beauté "suspects" par les dermatologues. Un enjeu de taille, sachant que ces professionnels ne sont qu'au nombre de 3 000 en France, et qu'il faut parfois attendre, selon le secteur, entre 2 et 6 mois pour un rendez-vous... Or, question prégnance, 7 000 personnes décèdent chaque année dans l'Hexagone à cause du mélanome. Paradoxalement, près de 95 % des exérèses réalisées sont injustifiées, principe de précaution oblige. Voilà donc tout l'intérêt d'Anapix : cette application, développée par Bernard Fertil et André Fond, cofondateurs de la start-up, va permettre de prioriser les cas nécessitant réellement une intervention.

Deux versions

Concrètement, Anapix existe en deux versions : la première, Skinshot, s'adresse au grand public, la seconde, Skinapp, est dédiée aux professionnels de santé. "Le patient va pouvoir se servir de cette application mobile pour prendre en photo son grain de beauté, à l'aide d'un dermoscope intégré. Des notifications de rappel vont inviter ce dernier à reprendre ce même grain de beauté en photo à fréquence régulière afin d'analyser son évolution. L'application établira aussi la comparaison avec les autres grains de beauté (appelés à être photographiés eux aussi) afin de s'assurer qu'il ne se différencie pas des autres", explique Claire Hubert, responsable marketing et communication de la start-up. Anapix va donc se baser sur ces deux types de données pour conclure au caractère malin du grain de beauté, précise Bernard Fertil. "Si ce dernier a évolué en termes d'aspect et si l'on constate ce que l'on appelle l'effet vilain petit canard, par rapport aux autres grains de beauté, on se trouve ici en présence de critères objectifs qui devraient permettre au patient d'avoir un accès immédiat au dermatologue".

L'export, condition sine qua non à la pérennité

Mais l'application existe donc aussi pour les professionnels de santé. Dans cette version plus complexe, elle intègre le stockage et l'analyse d'images via algorithmes, ainsi qu'une aide au diagnostic. Le dermatologue va également pouvoir communiquer via l'application, non seulement avec le patient, mais aussi les médecins généralistes, qui eux aussi se voient proposer une version d'Anapix, comprenant l'acquisition d'images et l'envoi au dermatologue, pour avis. L'application est accessible via abonnement. Et il semble évident que pour trouver la pérennité, la solution développée par les deux fondateurs va devoir trouver de l'écho, tant chez le grand public que chez les professionnels de santé. Ce qui signifie faire connaître la solution, qui devrait être commercialisée d'ici un mois, au plus grand nombre. Dès 2018, les fondateurs visent un chiffre d'affaires de 450 000 € de CA, dont 15 % en BtoC, et l'année suivante, un chiffre d'affaires de 1,4 M€ dont 20 % en BtoC.

"En ce qui concerne les professionnels, cela se fera via participation aux EPU, ou enseignements post-universitaires, dont je suis habitué par ma qualité d'enseignant-chercheur. Nous allons aussi passer par les associations de dermatologues et nous mettre en relation avec des sociétés qui ont des stands sur des congrès de dermatologie et vendent déjà des produits connexes au nôtre. Elles feraient alors office de revendeurs. Enfin, nous avons défini une troisième cible, les mutuelles, stratégique à deux titres. L'application les intéresse tout d'abord dans leur gestion des Ehpad, puisqu'elle leur permettrait d'avoir une première analyse pour déterminer si le patient nécessite d'être déplacé chez le dermatologue ou non. Par ailleurs, les mutuelles ont aussi des assurés. On compte donc sur elles pour faire la promotion d'Anapix auprès de ces derniers, voire pour prendre en charge une partie des coûts", développe encore Bernard Fertil.

Toutefois, observe-t-il encore, 3 000 dermatologues en France, cela reste un petit marché. Voilà pourquoi très rapidement, l'export de la solution sera envisagé à l'échelle du Vieux-Continent. "Nous avons déjà touché dans cette optique des leaders d'opinion basés dans toute l'Europe".

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