Les invectives contre le cancer connaissent depuis quelques années de belles avancées. Qu'il s'agisse d'immunothérapie, de médecine prédictive, de tests diagnostics, les biotechs apportent leurs solutions innovantes. C'est le cas d'HalioDx, ex Ipsogen, implantée à Marseille sur le site de Grand Luminy. La start-up, dirigée par Vincent Fert, développe depuis un an et demi un test de diagnostic nommé Immunoscore, visant à orienter le traitement du cancer du colon. "Notre objectif est de donner de l'information aux cliniciens, afin de mieux choisir la meilleure réponse thérapeutique. Notre test permet notamment de savoir s'il faut prescrire ou pas la chimiothérapie".  Selon un principe en rupture avec ce qui se faisait traditionnellement, puisque jusqu'il y a peu, on se focalisait uniquement, via biopsie, sur les cellules cancéreuses pour identifier les facteurs prédictifs de réponse. "On s'est aperçu que c'était bien, mais qu'il fallait aussi prendre en compte l'environnement tumoral, et la réponse immunitaire du patient. Les facteurs prédictifs relatifs à cette réponse immunitaire s'avèrent en effet très puissants".

Des performances prouvées

Le test permet plus concrètement d'identifier des marqueurs permettant le comptage du nombre de lymphocytes T gravitant aux abords de la tumeur. Il s'appuie ainsi directement sur les brevets relatifs aux travaux du directeur de recherche Jérôme Galon, co-fondateur d'HalioDx.

Dans le détail, "Immunoscore est constitué d'une partie de réaction, d'une partie d'instrument et d'une partie logiciel... et il s'avère plus performant que les tests habituels existants". C'est en effet ce qu'a confirmé une récente étude clinique réalisée sur 3 000 sujets, première étape importante dont Jérôme Galon a présenté les résultats lors du meeting annuel de l'American society of clinical oncology (Asco) 2016, événement d'ampleur internationale. "Il a démontré les bonnes performances du test, notamment sur les stades 2 et 3. D'autres études seront réalisées pour mieux préciser les performances du test et soutenir son remboursement auprès des autorités de santé en France, en Europe et aux USA". Avec ce premier test, l'équipe d'HalioDx espère couvrir 30 à 40 % des 200 000 patients atteints de cancer du colon de stade II et III chaque année en Europe et aux Etats-Unis.

Quelles perspectives ?

Immunoscore a été mis en service fin juillet. "Nous prenons tout en charge : nous recevons les échantillons et les analysons. A la fin de l'année, les laboratoires pourront nous acheter le kit, faire le test en interne, mais le traitement informatique des données se fera toujours dans nos locaux. A horizon 2017/2018, le logiciel sera lui aussi mis à disposition, pour que les laboratoires puissent prendre en charge l'ensemble de la chaîne".

L'idée étant ensuite d'étendre à d'autres cancers le principe de ce test. "Nous sommes justement en train de choisir sur lesquels nous allons nous focaliser dans les années qui viennent", annonce Vincent Fert. Des projets qui nécessitent du cash... mais HalioDx en a : "nous avons démarré en 2015 avec 75 personnes. Nous avons négocié des contrats avec nos anciens propriétaires (Qiagen) en vue de leur fournir des prestations de service, ce qui nous va nous rapporter 10 M€ pour 2015 et 2016. Par ailleurs, nous avons déjà levé 8,5 M€ auprès d'investisseurs". Ainsi, à l'heure de la mise en service de ce premier test, le bilan dressé par Vincent Fert est des plus positifs : "nous avions un certain nombre d'objectifs en démarrant le marché : développer ce test, apporter une preuve clinique importante de ses performances et démarrer des collaborations avec l'industrie pharmaceutique. Aujourd'hui, tout se déroule selon nos plans".