Chem2stab, nouveau labcom à Avignon

Né de l’alliance de l’équipe CBSA de l’université d’Avignon et de l’entreprise lyonnaise Calixar, le laboratoire Chem2Stab va concentrer ses recherches sur une activité des plus stratégiques : l’isolement des protéines membranaires, lesquelles jouent le rôle de cibles thérapeutiques pour 70% des médicaments mis aujourd’hui sur le marché.

C'est un nouveau "labcom", ou laboratoire commun qui est désormais soutenu par l'Agence nationale de la recherche (ANR) en PACA, le quatrième sur ce territoire. Il a pour nom Chem2Stab (Chemistry to Stabilization), et se trouve basé sur le technopôle avignonnais Agroparc. "Il s'agit de la création d'une structure de R&D qui allie un laboratoire académique et un partenaire privé. Nous nous sommes donc associés à l'entreprise lyonnaise Calixar et défini ensemble une feuille de route. L'idée est d'allier nos compétences en termes de synthèse de molécules actives capables de réaliser l'extraction et la stabilisation de cibles thérapeutiques appelées protéines membranaires", explique Grégory Durand, maître de conférences à l'Université d'Avignon et Directeur de l'équipe CBSA (Chimie Bio-organique et Systèmes Amphiphiles).

Nommées ainsi parce qu'elles se situent à la périphérie de la membrane des cellules, les protéines membranaires "sont la cible thérapeutique de 70 % de médicaments mis aujourd'hui sur le marché. Elles jouent un rôle clé entre l'interface et l'extérieur de la cellule. En arrivant à les activer ou à les inhiber, on parvient à soigner le sujet", explique de son côté Emmanuel Dejean, PDG de Calixar. A noter que ces mêmes protéines sont clés dans une grande part de maladies, qu'elles soient infectieuses, cardiovasculaires... Nul besoin de regarder dans une boule de cristal pour discerner l'énorme potentiel de développement de cette activité, donc son aspect stratégique.

Délocalisation de la partie chimie de Calixar

D'autant que l'isolement des protéines membranaires est la spécialité de très peu d'entreprises dans le monde. "A l'échelle de la planète, on nous compte sur les doigts d'une seule main", poursuit le PDG. D'où l'intérêt d'associer l'excellence de la lyonnaise Calixar à celle des chercheurs de l'équipe CBSA de l'université d'Avignon.

"Le manque d'innovation dans l'industrie pharmaceutique mis en avant dans les études socio-économiques récentes, notamment dans le domaine de la découverte de cibles thérapeutiques, confirme le besoin de développer de nouveaux procédés physico-chimiques permettant de préserver la structure et la fonction de telles cibles. Cet aspect crucial mis en œuvre à travers Chem2Stab aura un impact sur la qualité et la performance des futurs médicaments et vaccins".

De quoi retenir forcément l'intérêt du monde de l'industrie pharmaceutique. Dans cette optique, "Calixar a entièrement délocalisé son établissement secondaire, ou partie chimie de l'entreprise, qui a donc élu domicile au sein de Chem2Stab", reprend Grégory Durand. Deux collaborateurs ont été recrutés et un troisième devrait les rejoindre à la rentrée de septembre.

Pérenniser

Tout ceci grâce notamment au financement de l'ANR, de l'ordre de 300 000€ sur 3 ans. "Et Calixar s'est engagé à investir la somme équivalente", avance encore le directeur de l'équipe CBSA. Mais au-delà du terme de ce soutien financier, l'idée est bien entendu de pérenniser Chem2Stab. Ce à la faveur du fruit de la recherche des deux partenaires.

"Calixar va bénéficier de cet apport et contribuer à la valorisation des résultats, via dépôt de brevet dans un premier temps. Puis ultérieurement, par le biais de cession de licences à des sociétés pharmaceutiques plus importantes".

A noter que le réseau de la lyonnaise devrait l'y aider : elle œuvre auprès des plus grands groupes à l'échelle mondiale, de Sanofi à Johnson&Johnson, en passant par Teva... "Soit une vingtaine de clients, dont des biotechs cotées en Bourse", précise Emmanuel Dejean... En 2015, 60 % de son chiffre d'affaires, de l'ordre de 700 000 dollars, s'est réalisé aux Etats-Unis et 15 % au Japon. "Cette année, nous devrions dépasser le million de dollars". Le laboratoire commun fondé avec l'équipe de chercheurs de l'Université d'Avignon lui permettra sans doute d'aller dans ce sens.

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