Comment Amikana BioLogics combat les résistances aux traitements du Sida

La start-up marseillaise a conçu un outil diagnostic innovant à même de contrer les résistances aux antimicrobiens, à base de… levure de boulanger. Les premiers kits, dédiés à celles relatives aux traitements du Sida, devraient être mis sur le marché d’ici 2020.

Elle souhaite réunir quelque 1,5 M€... Amikana BioLogics, positionnée sur le marché des résistances aux antimicrobiens, a décidé de faire appel au financement collaboratif pour lever des fonds. Elle a opté pour Wiseed, sur laquelle elle se trouve actuellement en vote, étape de sélection préliminaire avant de pouvoir accéder à celle du financement... L'entreprise, sise à la faculté de Médecine de Marseille, vise donc le million d'euro sur la plateforme, et fera appel à ses partenaires historiques pour réunir le reste de la somme. "Ils ont pour nom Caap Création, Var Business Angels, Alumni Business Angels, Paca Investissement, Banque Populaire et la SCR CDPS", énumère Pablo Gluschankof, chercheur et président d'Amikana BioLogic. Déjà une belle carte de visite pour la start-up, qui compte par ailleurs parmi ses deux co-fondateurs Didier Raoult, éminent chercheur dans le domaine des maladies infectieuses. Si ce dernier joue le rôle de consultant, c'est à Pablo Gluschankof que revient le mérite de l'invention de la technologie. Quelle est-elle ?

Enjeu de santé publique

La start-up s'est focalisée sur la problématique de la résistance aux traitements du Sida (elle compte élargir ultérieurement ses champs d'application à l'hépatite B et l'hépatite C). Elle a mis au point un outil diagnostic reposant sur l'utilisation de la levure de boulanger en raison de ses similitudes avec la cellule humaine. Cette technologie ne fait donc pas appel à des équipements de pointe et représente une solution à bas coût de production. Ce kit serait à même d'identifier aisément toutes les formes de résistances, de sélectionner le médicament à même de les contourner et enfin, d'optimiser et de réduire la posologie. Ce qu'aucun outil ne pouvait faire jusqu'ici... Celui d'Amikana BioLogics permettrait donc de relever un défi répondant à un enjeu de santé publique, les résistances aux antibiotiques entrainant à elles seules dans le monde, plus de 700 000 morts chaque année. Mais il viserait aussi à améliorer le quotidien des victimes du Sida, explique Pablo Gluschankof. "Comment pallier les effets secondaires de ce traitement puissant lorsqu'on le commence dans sa jeunesse, sachant que l'on y sera soumis à vie ? En règle générale, les médecins testent à l'aveugle, baissent la dose et voient après coup s'il est toujours efficace sur le patient. Avec notre kit, la bonne posologie sera quantifiée avec certitude". Les fonds levés accompagneraient donc la commercialisation d'un premier outil, mais aussi le développement préclinique d'un deuxième test relatif à la résistance à un autre traitement du virus du Sida. "En 2017, des génériques anti-intégrase seront mis sur le marché dans les pays africains. D'ici peu, l'équipe d'Amikana BioLogics, soit 6 collaborateurs, va œuvrer sur un deuxième test dédié aux résistances aux anti-intégrase", poursuit le président.

Du chiffre d'affaires dès 2017

Mais pour l'heure, fort de l'avis très favorable obtenu par les autorités réglementaires américaines (la Food and Drug Administration) sur son procédé et son potentiel, Amikana BioLogics doit trouver des partenaires industriels en vue de signature d'accords de licences pour la production et la commercialisation du premier test. L'idée étant de passer par un acteur armé pour mettre le kit sur le marché des 5 continents, avec la volonté de fournir une réponse aux pays de l'hémisphère Sud, longtemps négligés en termes de santé publique. Dès 2017, la start-up compte donc conclure ces accords de licence. "Les premiers tests devraient être sur le marché d'ici 2020", évalue Pablo Gluschankof. Mais la start-up générerait du chiffre d'affaires dès 2017, via les upfront, ou paiements initiaux, et les milestones, ou paiements d'étapes liés au développement du produit, "année qui verra Amikana BioLogics passer le cap de l'autofinancement". Auxquels se rajouteront donc dès 2020 les royalties sur les ventes, lorsque le produit sera commercialisé. La startup marseillaise ambitionne de devenir leader sur un marché qui pèse quelque 500 millions de dollars.

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