Le pari de Lucenacense dans les neurosciences

C’est à la prise en charge des troubles de stress post-traumatique que l'entreprise installée à Marseille a voulu dédier sa cabine d’immersion sensorielle. Pour générer du chiffre d’affaires dès cette année, elle met sur le marché jeu et application, liés au domaine des neurosciences.

Cinq années déjà que Lucenacense trace sa route avec un objectif : devenir l'un des experts de la réalité virtuelle et de l'immersion sensorielle. "Nous avons fait le choix d'un capital relativement important, de l'ordre de 100 000 euros. Puis nous avons remis sur la table 100 000 euros supplémentaires afin d'investir dans la technologie visée", explique Denis Boland, fondateur de l'entreprise marseillaise. Et de donner le jour à une cabine d'immersion multi-sensorielle inédite, nommée Lucenata. Utilisant les dernières avancées des technologies électromécaniques, informatiques et audiovisuelles numériques, elle permet au sujet de se téléporter dans une toute autre réalité, en marchant ou en volant. Dès 2011, la responsable des Palais de l'Alhambra, a pu survoler, le temps d'une démonstration au CRVM (Centre de réalité virtuelle de la Méditerranée), "le Patio des lions", tel qu'il serait après rénovation.

"Elle ne voulait plus en sortir, elle était enchantée. Même enthousiasme chez Albert II de Monaco, lors du salon européen Imagina 2012, dédié à la 3D. A partir de ce moment, nous avons été très sollicités par des acteurs venant de tous horizons : construction, urbanisme, nucléaire... Nous avons un peu paniqué, car il était évident que quels que soient nos efforts, nous ne serions pas à même de proposer des solutions à tous".

Guérir de troubles post attentat

Dès lors, Lucenacense décide de concentrer son rayon d'action. Après études, elle cible son domaine d'application : ce sera la prise en charge des troubles mentaux, et plus précisément les troubles de stress post-traumatique (PTSD).

"Nous avons conclu dans cette optique un partenariat avec S17 Production. Cette société, dirigée par Sonia Barkallah, produit des documentaires et organise des événements en se focalisant, avec le concours d'une communauté de scientifiques, sur le phénomène de l'EMI (Expérience de mort imminente, ou fait de revenir à la vie après quelques instants de mort clinique, NDLR). Il faut savoir que la plupart de ceux qui en ont fait l'expérience ressentent après coup des difficultés de réinsertion dans leur milieu".

C'est justement ce que propose de pallier la Lucenata, en permettant aux proches de se prêter virtuellement à l'EMI, afin de pouvoir rétablir le dialogue avec celui qui l'a vécu. "La Lucenata pourrait aussi aider les victimes de PTSD consécutifs à une agression ou un attentat. Grâce à elle, le sujet peut contrôler un environnement artificiel. C'est cette notion de contrôle qui lui permet de reprendre les rênes", poursuit Denis Boland. Pour ce faire, l'équipe de Lucenacense, avec l'aide de la communauté scientifique de S17 Production, continue à étoffer son expertise. "Nous comptons encore 3 ans de développement", évalue le fondateur, qui souhaite vendre sa technologie aux structures soignantes. "Mais nous visons plutôt l'étranger, notamment la Suisse : une partie des médecins de S17 Production est basée là-bas. Et c'est sur ces prescripteurs que nous allons nous appuyer, afin de faire connaître la Lucenata aux dirigeants de structures soignantes. Outre la Suisse, il y a aussi, d'ores et déjà, un intérêt marqué aux USA".

Une stratégie de développement transverse

En attendant de démocratiser cette invention, c'est sur d'autres produits que Lucenacense va miser pour générer du chiffre d'affaires à partir de cette année. Agissant plus largement sur le spectre des neurosciences, l'entreprise met en vente dès cette semaine un jeu de réflexion nommé Tetramental, disponible sur mobiles Androïd. Elle lancera aussi cet été une application "oui/non", destinée aux personnes atteintes de troubles entravant la communication, comme les leucodystrophies ou les syndromes autistiques. Application qui leur permettra de s'exprimer grâce à des émoticônes et de créer des ponts avec leur entourage... "L'application en elle-même est gratuite, mais les services qui peuvent lui être greffés, tel l'ajout de visuels ou de sons, seront payants".

Enfin, Lucenacense va promouvoir ses outils numériques de lecture des émotions.

"Nous les avons développés à la base dans un but de pilotage biométrique de la cabine d'immersion sensorielle. Notre technologie permet notamment de débusquer les micro-émotions, quasi indétectables à l'œil nu".

Mais Denis Boland, par effet de stratégie transverse, envisage à plus court terme une autre application de ces outils, dans le domaine de la sécurité.

"La police, le ministère de l'Intérieur peuvent être intéressés par cette solution visant, via vidéosurveillance, à détecter d'éventuels individus malveillants". Le contact a été établi. S'il était suivi de succès, "un retour sur investissement pourrait être envisagé en 2017".

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