Avec ses robots pour scanner les réseaux d'eau, Acwa Robotics veut passer de startup à PME

La startup, née en Corse et installée au technopôle de l'Arbois à Aix-en-Provence, va lancer les pilotes de ses robots autonomes capables de scanner les canalisations d'eau. Une solution qui intéresse les gestionnaires de réseau et de plus en plus le monde de l'industrie.
(Crédits : DR)

Pour ce qui est de la ressource en eau, les temps - et les mentalités - changent. Depuis une paire d'années, les organismes politiques tirent la sonnette d'alarme sur une ressource qui montre de plus en plus souvent qu'elle n'est pas inépuisable. Forcément, les entreprises innovantes de ce secteur sont regardées avec plus d'attention. « Nous voyons de plus en plus d'évènements organisés sur ce sujet », constate Jean-François Guiderdoni, directeur du développement et cofondateur, avec Jean François Rossi d'Acwa Robotics. Le dirigeant se dit « de plus en plus sollicité » alors que les différents prix ou sélections dans des programmes de développement s'enchaînent. « Avoir été lauréat de l'EIC Accelerator (un programme de soutien européen, NDLR) montre qu'au-delà de la qualité de notre solution, le sujet est au coeur des préoccupations », illustre le dirigeant.

L'attention est là, mais encore faut-il convaincre. Pour ce qui est de l'eau, le sujet souvent mis en avant est celui des fuites sur le réseau. Des canalisations souterraines qui peuvent perdre une grande partie de ce que certains appellent désormais de « l'or bleu » et pour lesquelles la réalisation de travaux s'avère lourde, notamment financièrement. Un sujet qui n'est pourtant pas directement celui auquel répond Acwa Robotics. « Notre solution ne traque pas les fuites, mais se situe en amont », prévient Jean-François Guiderdoni. La startup développe un robot capable de parcourir des réseaux de vingt centimètres de diamètres minimum pour scanner les canalisations.

Un premier pilote pour octobre

Si les robots sont souvent associés à des formes humanoïdes ou animalières, celui d'Acwa Robotics prend la forme d'un tube - qui ressemble au manche d'un sabre laser dans Star Wars - capable de se tordre pour prendre des virages. Une fois dans la canalisation, il scanne le réseau. Le but étant de géolocaliser précisément où il se situe, puis de repérer avec une image haute définition des points d'usure liés à de la corrosion, des joints déficients ou encore des jonctions décalés. Cet outil peut également mesurer l'épaisseur résiduelle du tuyau avec un capteur ultrason et bien évidemment les fuites. Ce diagnostic total doit permettre au gestionnaire du réseau de pouvoir mieux planifier les interventions.

La startup, née à Corse où se situe le siège avec le centre de R&D tandis que le centre opérationnel est à Aix-en-Provence, réalise depuis juillet une batterie de tests de pré-série avec la société du canal de Provence. Elle espère déployer un premier pilote d'ici fin octobre. « Ce sera à Dunkerque (Nord) où nous échangeons depuis longtemps avec Suez », explique Jean-François Guiderdoni. D'autres pilotes doivent ensuite essaimer à travers la France, malgré des contacts à l'international le dirigeant veut d'abord fiabiliser son produit dans l'Hexagone.

Un intérêt de la part de l'industrie

La solution de la jeune pousse intéresse les gestionnaires de réseaux, et les collectivités à l'image de la région Sud qui est au capital, mais elle cible avant tout les bureaux d'études « qui sont les principaux prescripteurs ». Le modèle économique se base sur de la prestation de services, pas sur la vente du robot. Alors qu'une levée de fonds de 4,8 millions d'euros a eu lieu en début d'année pour accélérer commercialement et « passer de la startup à la PME », avec notamment dix recrutements en cours pour atteindre 25 salariés, la question de la capacité de produit arrivera sur la table. « Pour commencer, nous ne concevrons que dix ou vingt robots, nous mettons en place un atelier dans nos locaux à Aix », répond Jean-François Guiderdoni. Pour la suite, le dirigeant aimerait produire sur le territoire métropolitain.

 Les nombreuses distinctions reçues par Acwa Robotics ont attiré l'attention. Notamment celles des industriels lors du CES de Las Vegas de 2023, où la start-up a reçu plusieurs prix. « Nous avons réalisé qu'il y avait une grosse demande », raconte Jean-François Guiderdoni. Pour l'instant, la solution est dédiée à l'eau potable, mais elle ira vers l'industrie dans les années à venir. « Nous avons un programme en cours pour adapter le robot aux réseaux industriels », confirme le dirigeant. Des adaptations qui sont multiples, allant des conditions strictes de mise à l'eau, à la turbidité ou encore la pression hydrostatique bien plus élevée.

« Une vrai challenge » pour Acwa Robotics, mais aussi pour le secteur de l'industrie. Nicolas Dufourcq, le directeur général de BPIFrance, pointait lors de son audition par le Sénat le 30 mai que « les sociétés industrielles en France, petites ou grandes, sous-estiment complètement le risque de sécheresse. Je pense que c'est par la question de l'eau que les gens vont commencer à comprendre à quel point nous avons un problème d'adaptation. Le sujet dans l'industrie ça sera l'eau ».

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