Sempack, l’alternative emballage éco-responsable qui veut « secouer le cocotier »

Disrupter le monde de l’emballage, le rendre plus vertueux, moins dépendant du plastique, moins consommateur de CO2 et moins gaspilleur, c’est le défi relevé par l’entreprise industrielle basée à Castagniers, près de Nice, à l’origine d’un emballage alternatif 100% éco-responsable. Une innovation qui en appelle d’autres, que ce soit au niveau du process, des produits, des matériaux, dans un contexte réglementaire qui incite, avant d’imposer, les industriels à s’emparer du sujet.
(Crédits : DR)

Trois ans après le vote de la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, nos modèles de consommation ont indubitablement évolué. Disparition des pailles, couverts et autres gobelets en plastique à usage unique des rayons des supermarchés, fin de la vaisselle jetable dans les restaurants, en particulier fast-food et des emballages plastiques de certains fruits et légumes... Si pour d'aucuns, face à l'urgence climatique, ces changements sont trop lents, trop insuffisants, ils font toutefois la démonstration qu'une dynamique est en marche. Et que celle-ci ne peut qu'accélérer, ne serait-ce que pour se mettre en conformité avec la nouvelle loi européenne PPWR qui viendra, d'ici à juin 2024, espère la Commission actuelle, réguler les emballages européens. Lesquels seront réutilisables, recyclables, recyclés. A l'échelle nationale, un système de bonus-malus d'éco-conception sera déployé d'ici à 2025 pour inciter les fabricants à franchir le pas. Bref, l'avenir de l'emballage se façonne aujourd'hui.

70% de CO2 en moins par emballage

Ce calendrier, Wenaël Regnier l'a bien en tête. PDG de la société monégasque d'emballage rigide Semco, il travaille sur le sujet depuis 2011. En 2014, il lance le projet Sempack, un nouveau type d'emballage souple 100% éco-responsable produit et commercialisé depuis 2020 par la jeune pousse industrielle éponyme basée sur la zone d'activité du Roguez, sur le territoire de la métropole Nice Côte d'Azur. Simple, ergonomique, customisable, ce contenant universel "rassemble les atouts des emballages actuels sans les inconvénients", revendique le dirigeant et présente des avantages environnementaux forts : 53% plus léger qu'un tube, économe en matière première, compactable à 95%, évidemment recyclable et permettant une restitution maximale pour lutter contre la problématique du gaspillage, alimentaire ou cosmétique, qui se traduit, rappelle-t-il, "par une perte de marge pour le professionnel, de pouvoir d'achat pour le particulier". Cerise sur le gâteau : "Sa fabrication émet 264 g de CO2 en moins que celle d'un flacon de la célèbre sauce tomate sucrée américaine, soit une réduction de 70% par emballage".

Cycles de décision longs

Ces packs, évidemment brevetés, sont aujourd'hui commercialisés dans le domaine de l'agroalimentaire, notamment auprès du breton Soréal, spécialiste des sauces destinées aux professionnels de la restauration, et de l'italien Di Stefano, ses viennoiseries et autres panettones. Ils sont produits dans l'atelier azuréen dimensionné pour des séries pouvant aller jusqu'à plusieurs centaines de milliers de pièces. D'autres pistes de débouchés sont aujourd'hui bien avancées, indique l'entreprise, notamment dans le domaine de la cosmétique et de l'industrie de la peinture. Brevetés aussi sont les process de production que Sempack envisage d'installer directement chez les grands donneurs d'ordres afin de réduire l'impact logistique de la production, des discussions en ce sens sont en cours. "Nous sommes sur des cycles de décisions très longs, d'abord parce que l'emballage est souvent le dernier sujet qui est mis sur la table, reprend Wenaël Regnier. Ensuite, on ne change pas d'emballage du jour au lendemain, cela implique des investissements structurels coûteux". Toutefois, "il y a une volonté évidente de la part des industriels de réduire leur consommation de plastique à usage unique et de répondre aux attentes des consommateurs finaux qui veulent des produits plus vertueux".

L'alternative papier

En attendant, les esprits phosphorent. Et Sempack entend bien y contribuer. L'entreprise a en effet créé il y a une paire d'années au sein de son atelier un centre de R&D travaillant pour son compte et celui de tiers sur de nouvelles technologies de production et de nouvelles solutions d'emballage qui permettraient de remplacer le plastique par le papier. "Depuis quelques mois, nous accélérons fortement nos recherches sur de nouveaux emballages innovants à base de papier qui auraient les mêmes propriétés que les emballages plastiques", détaille-t-il. Le Graal pour nombre d'industriels qui font appel à Sempack pour tester et développer des innovations produits, process et matériaux allant dans ce sens. De quoi maintenir à flots la jeune pousse, qui comme bon nombre de start-ups industrielles, et ce malgré une volonté publique forte de réindustrialiser le pays, se heurte à un défaut de financement patent. Et dommageable. "Il faudrait que l'écosystème privé des banques et des fonds jouent le jeu, or on s'aperçoit qu'ils ne savent pas vraiment financer l'industrie, plus consommatrice de capitaux, d'hommes et dont le ROI diffère d'une société qui va créer une application, par exemple". Lui, et d'autres, tentent "de secouer le cocotier" dans un contexte économique qui complique la donne. Mais, Wenaël Regnier se veut "résilient", lui qui veut "disrupter le monde de l'emballage", particulièrement atone en matière d'innovations depuis les années 60 et l'apparition du Tetra Pack. "Nous sommes engagés dans un vrai marathon".

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