« Une piscine ne consomme pas plus qu’une pelouse » (Gérard Benielli Diffazur)

La sécheresse et la gestion de l’eau sont apparus cette année sur le devant de la scène, handicapant tout un pan de l’économie de loisirs, la piscine en tête. Une situation jugée stigmatisante et injuste par les professionnels d’un secteur qui frôle les 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Parmi eux, l’entreprise familiale presque cinquantenaire, basée à Saint-Laurent du Var, près de Nice et spécialisée dans la piscine haut de gamme, qui après l’euphorie post covid se retrouve désormais dans une situation d’attente.
(Crédits : DR)

Avec 3,2 millions de bassins aménagés (supérieurs à 10 m²), dont la moitié enterrée, la France occupe la pole position sur le marché de la piscine en Europe, la deuxième à l'échelle mondiale. Le chiffre d'affaires du secteur - près de 4 milliards d'euros à la fin de l'exercice 2021 - a été multiplié par deux en quatre ans, porté par un engouement post-Covid certain et un segment rénovation à fort potentiel. L'enquête réalisée en 2022 par Décryptis pour la Fédération des professionnels de la piscine et du spa (FPP) anticipait d'ailleurs l'installation de 400.000 piscines neuves et la rénovation de 300.000 autres d'ici à fin 2024. Mais ça, c'était avant. Car si les derniers chiffres ne seront dévoilés par l'organisation professionnelle qu'à la fin du mois de novembre, "il est évident que nous traversons une période difficile", constate Gérard Benielli, dirigeant fondateur de Diffazur, spécialiste de la construction de piscines.

Un contexte stigmatisant

Né il y a près d'un demi-siècle, l'entreprise basée à Saint-Laurent du Var, près de Nice, se présente comme le leader européen des piscines en béton-armé sur-mesure, des structures monoblocs, aux formes libres, positionnées plutôt sur le segment clientèle haut de gamme pour qui le plaisir familial va de pair avec l'investissement capitalistique. En 50 ans donc, l'entreprise a ainsi construit plus de 45.000 bassins, pour les particuliers essentiellement, et 500 piscines collectives pour l'hôtellerie et l'hôtellerie de plein air. Elle compte 17 agences, 360 salariés et génère un chiffre d'affaires annuel oscillant entre 45 et 50 millions d'euros. "En 2023, notre activité devrait se maintenir car nous avons beaucoup travaillé sur nos stocks. En 2024, en revanche, ce sera plus compliqué. On note un fort ralentissement à l'achat en général, beaucoup de consommateurs hésitent. Nous sommes dans une situation d'attente".

La faute au contexte inflationniste, "avec certaines matières premières qui ont augmenté de 70%", et son corollaire, la hausse des coûts finaux, mais aussi et surtout aux décisions contraignantes prises par l'administration en réaction à la sécheresse. A l'instar des interdictions de vente de piscines hors sol et du remplissage des bassins prises ce printemps dans des départements particulièrement à sec, Pyrénées Orientales en tête. Et qui courent toujours pour certaines d'entre elles. Une décision jugée injuste et stigmatisante par les piscinistes, Diffazur compris. "Nous avons l'impression d'une cabale contre les piscines, considérées comme responsables de la sécheresse. Or, une piscine ne consomme pas plus qu'une pelouse, et beaucoup moins qu'un terrain de golf par exemple".

De la nécessaire adaptation

Face à l'hallali, les professionnels ont fait leur calcul. La Fédération rappelait en mai dernier que "les 3 millions de bassins installés en France ne représentent que 0,15% de l'utilisation de l'eau au niveau national, soit environ 40 millions de m3 par an". Elle précisait aussi : "sur ces 0,15%, le remplissage des nouveaux bassins sur une année ne représente que 0,02% des usages de l'eau en France". De plus, selon Gérard Benielli, la profession s'est engagée et continue de s'engager pour la préservation de l'eau.

"Les piscines sont aujourd'hui plus petites et moins profondes qu'avant. Elles sont par ailleurs, en ce qui nous concerne, mieux équipées avec des systèmes de pompage et de filtration innovants permettant de consommer moins d'eau, moins d'énergie, moins de polluants".

Si bien qu'en 25 ans, si l'on se réfère aux données FFP, les piscines ont réduit leur consommation en eau de 45%. Des arguments qu'il convient désormais de rendre audible, afin d'encourager les pouvoirs publics à "ne pas se tromper de combat" et à ne pas handicaper davantage un secteur totalisant environ 60.000 emplois directs et indirects.

En attendant, comment conduire une entreprise dans un contexte si incertain ? "Les yeux ouverts, répond Gérard Benielli, avec réalisme, et non pessimisme, et en menant une réflexion plus importante sur la gestion de l'entreprise." Il convient également de "réagir et de s'adapter" à une société qui change, de communiquer autrement. A cet égard, Diffazur collabore depuis deux saisons avec la chaîne de télévision RMC Découverte pour une série documentaire, remake d'un format américain, intitulée Ma piscine de rêve, détaillant pas à pas la construction d'une piscine. De quoi assurer une visibilité certaine à l'entreprise familiale, qui entend bien poursuivre son aventure un demi-siècle de plus.

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Commentaires 8
à écrit le 11/11/2023 à 10:00
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On arrose sa pelouse quand on a quelques centaines de m2..

à écrit le 11/11/2023 à 9:22
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Ceux qui ont une piscine ont aussi une pelouse, donc çà double !!

à écrit le 11/11/2023 à 9:11
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Je n’arrose JAMAIS ma pelouse.Elle fait sa vie,tantôt verte,tantôt jaune.C’est bon pour la planète et mes finances.Mais je pense qu’à un certain niveau de moyens et de je m’enfoutisme,ça n’a aucune importance.

le 11/11/2023 à 9:19
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"fg" , tout à fait d'accord avec votre commentaire. Pour ma part et ce de plus en plus souvent , je ne coupe plus la pelouse une partie de l'été (selon les années) et redécouvre des fleurs d'ordinaire absentes et surtout mellifères pour nombre d'inse...

à écrit le 11/11/2023 à 9:10
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La Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) dispose désormais d’un outil imparable pour traquer les piscines non déclarées : l’intelligence artificielle.En effet, grâce à son nouveau projet « Foncier innovant », la DGFiP possède un nouvel ou...

le 11/11/2023 à 21:33
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c'est un outil informatique mis au point par Google, me semble. Reste à analyser des vues de satellites récentes (je connais un exemple sur mappy et Google maps où y a un champ vu du ciel mais une maison a été construite depuis (ça demande du temps, ...

à écrit le 10/11/2023 à 20:42
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Tout comme un porte containers ne consomme pas plus qu'un pétrolier mais bon si on pouvez se passer des deux ça ne nous ferait que du bien.

à écrit le 10/11/2023 à 19:56
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Les gens qui achètent une piscine Diffazur ont les moyens d'y mettre de l'eau, voire la faire venir en camion... en helico......!.....Voire faire une réserve équivalente au volume de la piscine (ou plus 😃).

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