Maîtrise de la chaîne de valeur et international, comment le laboratoire pharmaceutique Provepharm construit sa différenciation (et sa croissance)

Installé à Marseille, le laboratoire pharmaceutique s’est d’abord consacré au développement de molécules connues mais oubliées, tel le bleu de méthylène, ce qui marque son approche différente du marché. Vingt-cinq ans après sa naissance, le voici fort d’une présence pan-européenne et nord-américaine, alors que la vente en direct est venue compléter le modèle économique. Des axes stratégiques que confirment la récente joint-venture créée en Allemagne ou la prochaine reprise en direct de la commercialisation au Royaume-Uni. En attendant la prochaine étape…
(Crédits : DR)

2022 est qualifiée par Michel Féraud lui-même de « plus belle année jamais réalisée ». Et de fait, avec un chiffre d'affaires atteignant 77 millions d'euros, Provepharm confirme le trend de croissance enregistré sur les 5 dernières années, de l'ordre de 16%. Ce qui s'accompagne d'une croissance de 25% du nombre de collaborateurs, formant désormais un effectif de 125 personnes.

Des données qui viennent ponctuer les vingt-cinq années d'existence de Provepharm. Créée en 1998, l'entreprise est d'abord orientée laboratoire de recherche et développement en chimie. Et c'est en prenant le pari de réhabiliter des molécules oubliées ou dont le potentiel thérapeutique n'est pas totalement exploré qu'elle marque, dès ses premiers pas, sa différenciation. Ce que confirmera la réhabilitation du bleu de méthylène en 2007. En 2020, le rachat de la société américaine Apollo Pharmaceuticals, en plein confinement sanitaire, lui permet surtout de se renforcer sur la vente directe, un axe alors récemment pris par le laboratoire. « Nous avons mené une vraie transformation », analyse Michel Féraud.

23% d'investissement en R&D

La création d'un joint-venture en Allemagne avec le distributeur historique s'inscrit dans cette même logique. « Notre portefeuille, la performance de nos produits et notre positionnement ont justifié la création d'une structure dédiée », explique le PDG de Provepharm qui annonce la reprise en direct de la commercialisation au Royaume-Uni d'ici la fin 2023, commercialisation jusqu'alors assurée par un partenaire. Et clairement, l'objectif est que 90% du chiffre d'affaires généré proviennent de cette distribution directe, tandis que les 10% restants - générés par des pays tels la Malaisie, l'Australie où Provepharm n'a pas vocation à créer des filiales - continuent de reposer sur le modèle historique.

La R&D est évidemment majeure et « nous continuons à investir massivement », à hauteur de 23% du chiffre d'affaires.

Surtout, la capacité de Provepharm à savoir adresser d'un point de vue réglementaire, aussi bien le marché nord-américain qu'européen suscite l'intérêt d'autres acteurs du secteur, désireux pour ceux installés aux Etats-Unis d'investir le marché européen et pour ceux installés en Europe d'aller conquérir l'outre-Atlantique. En conséquence, le laboratoire marseillais a acquis les droits de certains produits afin de les faire approuver. Provepharm que son dirigeant qualifie de « petit grand laboratoire ou grand petit laboratoire ». Là où les génériqueurs ne font pas de recherche, là où les biotechs ne commercialisent pas, Provepharm est présent sur chaque brique. Et c'est clairement la maîtrise de la chaîne de valeur qui fait sa force. « La stratégie est la maîtrise de la chaîne de valeur et la maîtrise de la chaîne de valeur est la stratégie », approuve Michel Féraud.

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Enjeux de souveraineté

Cette volonté de maîtrise est-elle voulue dès 1998 ? « Cela n'a jamais été matérialisé ainsi pour Provepharm, en revanche, cela fait partie de mon ADN. J'anticipe, je prévois, je ne laisse pas de place au hasard », explique Michel Féraud qui rappelle l'importance de savoir se remettre en question.

Pour l'heure, en revanche, pas de nouvelle acquisition prévue, même si la croissance externe est l'une des briques d'Horizon 2025, le plan stratégique qui mène le développement du laboratoire, lequel ne s'interdit pas de regarder de nouveaux axes, pourquoi pas d'autres pays. Qui est aussi très fier d'avoir été labellisé Great Place to Work. Qui aimerait bien que son projet d'extension d'usine se concrétise. A l'heure des préoccupations de réindustrialisation et de souveraineté, le sujet autant de l'attractivité des talents que des moyens accordés pour grandir sont loin d'être anodins. Cela relève même de stratégie globale, dépassant celle même de Provepharm...

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