En s’appuyant sur un modèle de co-développement avec le Maroc, le spécialiste de la chaudronnerie et de l’usinage, ID2 participe à la souveraineté industrielle

Si l’industrie française tente depuis la crise sanitaire de renforcer sa souveraineté, certaines entreprises ont pris le sujet à bras-le-corps depuis quelques années, initiant des approches différenciantes pour se faire. Et c’est précisément pour faire face à la concurrence de la Chine ou des pays de l’Est que la PME spécialisée dans la chaudronnerie et l’usinage a fait le choix d’une double implantation, s’appuyant notamment sur le savoir-faire en la matière du Maroc et de Tanger plus particulièrement. C’est là qu’elle vient d’inaugurer les 3.000 m2 de sa nouvelle unité de production. Un outil tout neuf qui doit l’aider à aller plus loin encore dans sa conquête de marchés. En Afrique notamment.
(Crédits : DR)

Il y a des promesses qui sonnent comme des rendez-vous que l'on projette dans le futur, dans un temps plus ou moins lointain, parfois comme un vœu lancé avec l'espoir un peu fou qu'il se réalise. Et parfois, il devient réalité. « Le premier qui redescend dans le Sud fait redescendre l'autre », c'est précisément « la promesse en sortie d'école » que se font Emeric Didier et Malik Derouiche, le premier originaire de Gap, dans les Hautes-Alpes, le second natif de Marseille. Leur parcours professionnel passe respectivement chez Veolia pour le premier, chez Framatome pour le second. Avant que le destin ne les ramène vers le Sud et CSTI, concepteur, fabriquant et installateur de machines spéciales, basé à Peyrolles dans les Bouches-du-Rhône et qui a comme clients, les grands donneurs d'ordre du nucléaire, notamment.

Valoriser l'ingénierie française et la question de la compétitivité

C'est là que commence à germer le concept d'ID2. Avec l'idée de « valoriser l'ingénierie française, en étant compétitif, qualitatif et efficace » ce qui signifie alors notamment, disposer de moyens de production qui gomment ce qui souvent freine le déploiement de savoir-faire tricolore, la distance et la barrière de la langue. « Une fois encore, la boussole indique le Sud », en plaisante presque Emeric Didier. Car c'est vers l'Afrique, qu'elle mène les pas des deux dirigeants, qui en 2012 créent ID2 Engineering.

« Ce que nous voulions c'était concurrencer des sociétés implantées en Turquie, en Chine, dans les Pays de l'Est, sur notre cœur de métier qui est le soudage et la chaudronnerie. L'idée était de trouver un modèle de co-production et de co-développement avec une partie, l'ingénierie en France et une production, qui soit compétitive », détaille Malik Derouiche. Installée à Marseille, la jeune entreprise regarde alors naturellement vers la Méditerranée, et « après un roadshow au Maghreb, nous avons décidé de nous installer à Tanger, au Maroc ». Ainsi naît ID2 Manufacturing.

Tanger, qui par sa zone d'accélération industrielle - qui porte bien son nom et que l'on appelait autrefois zone franche, élus d'ailleurs meilleure zone d'Afrique en 2021 - présente des avantages pour toute jeune entreprise qui entame ses premiers pas à l'export. Notamment parce que les infrastructures sont là et qu'elles sont efficaces, à la hauteur des enjeux. Ce que pointe Malik Derouiche soulignant la présence proche de Tanger Med, le « plus grand port d'Afrique » installé à une trentaine de kilomètres et des infrastructures routières « importantes ». Tanger Med qui est loin d'être anodin dans la réactivité de l'entreprise puisqu'elle permet de livrer à l'autre bout de la France le lundi matin pour une livraison partie le vendredi soir.

Où il est question qualité de main d'œuvre

Le choix de Tanger qui s'est fait aussi par la compétence du tissu local, où réside un réseau de sous-traitants assez dense. Mais pas seulement. Car à Tanger, le tissu local est doté d'une main d'œuvre experte, là où la chaudronnerie est un métier technique. « Nous avons trouvé ici un personnel d'un engagement sans faille, volontaire, motivés où chacun constitue un maillon de la chaîne ».

La coopération avec les organismes de formation est d'ailleurs un atout non négligeable de ce point de vue puisque cela « permet d'adapter le métier à ce que l'on recherche ». Surtout les jeunes viennent volontiers vers ce métier. « Aujourd'hui en France, dans les métiers de la soudure et de la chaudronnerie, la pénurie est complète. Il est très difficile de recruter sur ces métiers », déplore le co-dirigeant d'ID2 alors qu'à Tanger, l'effectif de l'usine est passé de 4 chaudronniers à 75 chaudronniers assez rapidement. « Et à chaque montée de charge, nous arrivons à avoir des systèmes de formation qui permettent d'intégrer et de former les talents au fur et à mesure ».

Le Maroc, hub pour poursuivre la croissance

Avec des clients tels que Spie, Alstom, Bouygues, Reverchon, Framatome, les Chantiers de l'Atlantique, Firac (Groupe SNEF NDLR), Profroid... la PME a dû adapter son unité de production. D'où cette nouvelle usine de 3.000 m2 qui doit lui permettre de répondre à ses enjeux de croissance. Car ID2 entame la troisième phase de son développement. Celle qui doit lui permettre, depuis le Maroc, de se déployer dans d'autres pays d'Afrique, en s'appuyant sur son expertise Engineering dans un premier temps. Accompagné par l'accélérateur Afrique de Bpifrance, elle prévoit le doublement de son chiffre d'affaires - 4,5 millions d'euros en 2021, 5 millions d'euros envisagés pour 2022 - à horizon 5 ans, et 150 salariés.

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