Avec le no code, Ottho veut réduire la dépendance aux développeurs informatiques

L'entreprise basée à Marseille propose des formations de no code, soit des logiciels en ligne permettant de réaliser des sites ou applications complexes sans codage informatique. Elle ambitionne d'ouvrir une première école physique en France cette année, prévoyant ensuite un développement international, notamment vers l'Afrique.
(Crédits : DR)

"Au niveau de la technologie, le monde est à deux vitesses avec ceux qui en ont le plus besoin mais n'y ont pas forcément accès car c'est trop cher". Le constat est celui de Thibault Marty, le fondateur d'Ottho. La société créée à Marseille en 2020 veut démocratiser le "no code", c'est-à-dire l'usage de logiciels qui permettent de créer des sites internet ou des applications sans avoir à coder. Pour le dirigeant, l'usage de ces outils permet de faire sauter la barrière de la compétence informatique qui peut bloquer un entrepreneur dont le projet s'appuierait sur une présence numérique.

Pour vulgariser, le no code permet à un niveau plus poussé ce que proposait wordpress pour les sites internet. Thibault Marty lui-même en a profité. "J'ai eu plusieurs expériences dans la création de projet à l'étape avant le développement", raconte-t-il. Sans expérience dans le codage informatique, il découvre donc le no code. L'apprentissage se fait alors "avec quelques brides sur Youtube". Car s'il n'est pas nécessaire de coder "les outils restent assez techniques à prendre en main". Mais le résultat est là avec un rendu "puissant et viable". C'est donc après cette première expérience que Thibault Marty lance la première formation en français.

Le positionnement d'Ottho est bien sur la formation. Elle se réalise de manière intensive, sur un ou deux mois, avec des mentors mais aussi via des modules sur le site. Un site créé grâce bien sûr à du no code. La start-up, de 17 salariés et 420.000 euros de chiffre d'affaires, revendique 600 personnes ayant suivi ses formations intensives et 9.000 inscrits sur sa plateforme. Le profil de ces apprentis se partage "les 25-30 ans qui créent leur boîte et les plus de 40 ans en totale reconversion".

"Un vrai métier d'avenir"

Sur le papier, le no code permet de se passer d'un développeur informatique, mais ce n'est pas non plus la panacée. "Le risque, comme pour du code, réside dans un développement mal fait", pointe Thibault Marty. De quoi souligner l'importance de la formation selon lui sur un domaine pas forcément encore très connu.

A l'heure où la création d'une application apparaît comme incontournable dans la création d'un projet, la jeune pousse marseillaise n'intervient que sporadiquement au sein d'organismes comme les incubateurs ou écoles. "C'est plus de l'acculturation lorsque nous nous y rendons", précise Thibault Marty. Le format de la formation, plusieurs semaines intensives, ne rentrent pas non plus forcément dans ce que prévoient ces lieux. Du côté des éditeurs de logiciels, ces derniers "ne se positionnent pas sur le sujet de la certification" de formation note le dirigeant. Pour varier les logiciels enseignés, Ottho fait parfois appel à des intervenants extérieurs.

Des éléments qui montrent que la pratique n'est pas encore complètement installée. Mais le monde de la tech semble bel et bien croire dans l'avenir du no code. En juillet 2021, le leader du secteur, la start-up new-yorkaise Bubble, avait levé 100 millions de dollars. Elle vantait alors que : " programmer l'équivalent d'un réseau social comme Twitter ou une place de marché comme Airbnb nécessite une semaine de travail". Un miracle ? Pas vraiment développe Thibault Marty : "99% des sites ou applications peuvent être faits avec du no code car ce qui est proposé est simple. Le code s'inspire aussi de modèles déjà existants qui se dupliquent, c'est très rare d'inventer quelque chose". Un gain de temps, et d'argent, qui font que l'entrepreneur y voit "un vrai métier d'avenir".

Une école à Marseille... ou Paris

Pour améliorer l'employabilité, Ottho essaie également de mettre en relation ses "élèves" avec des entreprises qui cherchent ce type de profil. "Le but c'est de se former, d'avoir un niveau et de trouver des missions", résume Thibault Marty. Pour être sûr que son travail paie, la startup réalise des audits pour vérifier que la compétence est bien acquise.

Désormais, Thivault Marty souhaite aller plus loin en ouvrant une école physique en France en 2023. "Nous hésitons entre Marseille et Paris", glisse-t-il. L'ambition est même d'aller à l'étranger à partir de l'année suivante, plus particulièrement en Afrique. L'idée est de toucher une cible qui n'a pas les moyens pour développer des applications qui n'ont qu'une ambition locale. "Proposer un service de conciergerie à La Mecque par exemple, c'est quelque chose qui sert un but précis et de proximité. Pour nous, c'est largement suffisant", illustre Thibault Marty. Des ambitions qui vont s'appuyer sur la levée de fonds de 1,2 million d'euros que vient de boucler Ottho. Un montant qui doit permettre de doubler les effectifs pour améliorer le produit et le marketing. Et passer la vitesse supérieure.

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