Crédit, fonds propres, série C : « sur le financement, nous sommes en phase d’accélération » (J-Y Morin, Caisse d’Epargne Côte d’Azur)

Alors que le contexte inflationniste interroge les entrepreneurs comme la majorité des acteurs économiques, les différents indicateurs de conjoncture montrent que tout va encore plutôt bien. Mais le financement des ETI, PME et TPE se (re)structure, la crise remettant en cause certaines business model et habitudes. Un changement qui oblige aussi les établissements bancaires à sortir de leur modèle historique et à adresser des segments en fonction de leurs besoins. Déjà engagée sur ce qu’elle appelle l’affinitaire, la Caisse d’Epargne Côte d’Azur regarde désormais aussi les startups en créant un fonds dédié, en interne, un an après avoir créé la Banque de L’Orme, dévolue à l’accompagnement des entreprises en procédures collectives.
(Crédits : DR)

« La conjoncture inflationniste est compliquée pour toutes les composantes de l'économie, les particuliers comme les entreprises », résume Jean-Yves Morin. Le directeur du pôle Finances et Expertise au sein de la Caisse d'Epargne Côte d'Azur dit en une phrase ce qui sous-tend l'économie depuis plusieurs mois : la crise sanitaire, la forte relance après cette crise et la guerre en Ukraine ont concouru à créer ce phénomène que la plupart des Français semblent découvrir. Une inflation qui interroge et qui ne semble pas, a priori, donner grande confiance aux entrepreneurs. Pourtant, les données issues de la Banque de France ou d'autres institutions, tout comme celles des professionnels de l'accompagnement des entreprises disent bien toutes la même chose : l'économie dans le Sud résiste, tient et continue d'investir comme d'innover.

Consolider la démarche affinitaire

Forcément ces périodes de profond bouleversement ne sont pas davantage neutres pour les établissements bancaires qui doivent s'adapter au changement : un argent qui coûte plus cher, des attentions de la part des investisseurs qui se resserrent, une conjoncture pas trop mauvaise aujourd'hui mais dont on ne sait pas ce qu'elle sera dans quelques semaines... et en même temps, des entreprises qui continuent d'innover, qui emploient, ne reportent pas leurs projets de développement et qui sont bien celles qui créent la valeur, capable de relancer la machine.

Déjà engagée dans ce qu'elle appelle elle-même une démarche affinitaire - avec une offre de financement axée immobilier de luxe (Luxury Properties), nautisme (NautiBanque), viticulture (VitiBanque) ou santé - la Caisse d'Epargne Côte d'Azur structure aussi le financement des entreprises, via des verticales, notamment pour ce qui concerne l'innovation.

Un financement des entreprises qui est plus que jamais le sujet majeur. En

filigrane, « la crainte que les entreprises investissent moins pour cause de manque de visibilité sur leur activité », indique Jean-Yves Morin.

Pour autant, sur son marché, la Caisse d'Epargne Côte d'Azur conserve, revendique le directeur du Pôle Finances et Expertises « 19% de parts de marché sur l'immobilier, ayant par ailleurs distribué 1,5 milliard d'euros en termes de crédit habitat, contre 1,6 milliard d'euros l'année précédente ». Côté entreprises, « nous avons consenti plus de crédit aux entreprises en 2022 que l'année précédente » et la sempiternelle interrogation sur le remboursement des PGE ne devient plus autant une ritournelle. Et pour cause, les entreprises remboursent. 27% selon Jean-Yves Morin pour ce qui concerne la

 Caisse d'Epargne Côte d'Azur, « soit intégralement pour ceux qui ne l'ont pas utilisé, quand d'autres sont entrés en phase d'amortissement ». Moins de 2% des PGE accordés sont passés en mode contentieux. Pour rappel, la banque a distribué 632 millions d'euros en prêts garantis par l'Etat.

Fonds propres et dette mezzanine : parce qu'il n'y a pas que le crédit

Si l'économie résiste, le financement se structure fortement. Le besoin en fonds propres est un vrai sujet d'après-crise, l'innovation - quand elle permet de faire aller plus vite - doit continuer à être soutenue.

« Au-delà du financement par le crédit, nous avons développé depuis plusieurs années un accompagnement en fonds propres et en dette mezzanine de nos clients », précise Jean-Yves Morin. Il y a le Fonds Tourisme initié en 2020, opéré avec M Capital et que les CCI Nice Côte d'Azur et du Var ont rejoint, tout comme la Métropole Nice Côte d'Azur et la Région Sud, réunissant - c'est toujours bon de le souligner - acteurs publics et privés. Un fonds dédié à une filière qui est en pleine évolution, pour ne pas dire révolution, doté d'une enveloppe qui devrait atteindre prochainement 50 millions d'euros.

Les fonds propres des PME, c'est en revanche le sujet de Sud Horizon, le fonds co-mené avec Smalt Capital, que l'assureur Allianz a rejoint en 2022. Pour accompagner l'après-crise, c'est Sud Rebond le bien-nommé, fonds de place mené avec Connect Invest, qui est opérationnel depuis 2022.

Un fonds en interne rien que pour les startups

Mais il demeure néanmoins un trou dans la raquette : le financement des startups, ces très jeunes entreprises que les banques ont souvent du mal à financer directement, s'appuyant pour le faire sur des fonds ou autres structures. Mais l'innovation est une chose précieuse et les startups ont largement pris leur place dans le paysage économique. « Si nous voulons accompagner notre territoire, il faut aussi accompagner les startups et posséder un véhicule dédié », explique Jean-Yves Morin. D'où la création d'une structure propre à la Caisse d'Epargne Côte d'Azur et le recrutement d'une spécialiste du sujet, Alexandra Golovanov, passée entre autres par M Capital et Smart Entrepreneurs, pour en prendre la charge. Un fonds qui s'inscrit, insiste Jean-Yves Morin, dans la durée, avec l'objectif d'intervenir en série C ou D et de développer une quinzaine de participations à horizon 2025.

La Banque de l'Orme pour aider les entreprises en difficultés

Si l'accompagnement des entreprises en développement ou au fort potentiel de croissance est primordial, celui des structures affaiblies l'est tout autant. C'est le but de la Banque de l'Orme, créée en 2020, qui est spécifiquement orientée vers les TPE PME qui connaissent une passe difficile et une procédure collective. « Le but est de favoriser la poursuite de l'activité des entreprises qui sont en procédure collective où l'analyse change, où les banquiers sont plus prudents, plus frileux. L'idée n'est pas de leur octroyer davantage de crédit mais de les aider à structurer les flux, à les accompagner dans cette procédure qui peut être longue, difficile à vivre pour le chef d'entreprise. Ici le dirigeant est conseillé par une équipe qui a la parfaite connaissance de ce genre de procédures plutôt que d'avoir affaire à des généralistes, qui n'auraient pas la compétence juridique et qui risquent de fermer la porte plutôt que de l'ouvrir ». Parmi les 176 entreprises suivies, 75% sont des  professionnels et des TPE, 25% des PME. Ce qui relève finalement assez bien de ce qu'est et de comment se comporte l'économie de la Côte d'Azur. Qui va bien donc, qui résiste mais qui a aussi ses talons d'Achille. Et dans un contexte global, mondial où tout peut basculer très vite, accompagner toutes les typologies d'entreprises, petites, grandes, en croissance ou malmenées dans leur besoin de financement est aussi l'une des réussites de l'après-crise, sur un temps long.

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