Malgré la crise de la bio, Ateliers Bio de Provence poursuit sa croissance

Installée à Carpentras, cette PME d'une quarantaine de salariés fabrique des pâtes fraîches à partir d'ingrédients issus de l'agriculture biologique. Alors que la vente de produits bio affiche depuis 2021 un déclin en France, l'entreprise est parvenue à enregistrer une croissance de 12 %. Des résultats portés par un travail sur la qualité de son offre mais aussi par son choix d'orienter une part significative de son activité sur la restauration collective.
(Crédits : DR)

Née en 1985 à Uzès, Ateliers bio de Provence, qui s'appelait alors Coquelicot - en référence à la fleur qui ne pousse que dans des champs non traités - est une des premières entreprises à fabriquer des pâtes fraîches bio.

Le marché bio, elle l'a connu à ses balbutiements. Puis elle l'a vu grandir, prendre de l'assurance... trop peut-être. « Il y a eu une explosion artificielle du bio. Même avant le covid-19, de nombreux magasins ont été ouverts et n'ont pas tenu », observe Philippe Darcas, propriétaire de l'entreprise depuis 2003.

Après plusieurs années de croissance à deux chiffre, 2021 marque le déclin de la vente de produits bio. Déclin amplifié en 2022. L'inflation y est sûrement pour quelque chose. Dans la grande distribution par exemple, la clientèle se recentre sur des produits moins chers. Quant aux magasins bio, un certains nombre sont contraints de fermer, et leur fréquentation est en baisse. « La crise du bio s'explique aussi la concurrence de labels comme Local, Haute valeur environnementale, qui créent de la confusion alors qu'ils ne veulent pas dire grand-chose et peuvent s'apparenter à du greenwashing ».

Un contexte qui n'a néanmoins pas empêché la PME vauclusienne de croître (+12 % en 2022, soit un chiffre d'affaire de 6,6 millions d'euros), ni d'investir dans son outil de production, ni à innover dans son offre de produits.

Le pari (gagnant) de la restauration collective

Parmi les facteurs de cette croissance, le choix, depuis quelques années, d'investir le marché de la restauration collective. Un positionnement renforcé en 2019 avec l'achat d'un nouvel outil de production lui permettant de propose des produits surgelés, plus à même de s'intégrer dans l'organisation de ce type de clientèle. L'entreprise y a aussi vu l'opportunité de bénéficier d'un contexte réglementaire favorable, avec notamment la loi Egalim qui, depuis 2022, impose à la restauration collective de proposer au moins 50% de produits jugés de qualité (label rouge, AOP, production local ...) dont au moins 20% de produits bio.

« En deux ans, nous sommes passés de 15 % à 20 % de notre chiffre d'affaire réalisé sur ce marché. Nous avons pour cela fait plusieurs salons et accentué nos efforts commerciaux tout en proposant de nouveaux produits comme des raviolis végétariens. Nous avons des clients dans toute la France, avec une bonne activité en Région ». L'entreprise est ainsi parvenue à se faire une place dans les menus des cantines d'Avignon, de la cuisine centrale Terres de cuisine installée à Rognonas ou encore de la Sodexo qui alimente les 320 cantines de Marseille.

Peaufiner l'offre de produits

Les magasins bio représentent quant à eux une part stable de 40 % de son chiffre d'affaire. La PME a pu se maintenir grâce à l'innovation dans son offre de produits, compensant ainsi la baisse de résultats de ces magasins. « Nous avons axé notre recherche sur ce que l'on savait faire, et le gyoza, qui est en fait aussi de la pâte farcie [d'inspiration japonaise, ndlr] nous a paru intéressant ». Le produit, décliné en plusieurs recettes végétariennes ou non, marque la naissance d'une nouvelle gamme : Coquelicot Evasion. Gamme qui devrait s'étoffer d'ici la fin d'année.

En parallèle, l'entreprise a aussi veillé à affiner la qualité de son catalogue de produits. Essentiel pour justifier un prix un peu supérieur aux marques très grand public qui remplissent les rayons de la grande distribution. « Nous avons par exemple retravaillé la pâte de certains de nos raviolis afin qu'ils ne s'ouvrent pas au moment de la cuisson. Cela nous a permis de relancer nos ventes sur ce produit ».

Stabiliser les effectifs

Ateliers Bio de Provence fournit aussi des industriels (30%), ainsi que la grande distribution (12%). Quid de l'export, au-delà des quelques ventes frontalières déjà réalisées ? « Les coûts de transport sont très élevés », de sorte que le sujet n'est pas à l'agenda de l'entreprise.

Celle-ci préfère focaliser ses efforts commerciaux sur la restauration collective et stabiliser ses effectifs alors que les difficultés de recrutement sont importantes. « Nous avons de gros projet RH, et voulons former du personnel ». Obligée de recourir massivement à des contrats intérimaires, elle espère augmenter de 10 % le nombre de ses salariés en CDI.

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