Comment CEVA Logistics façonne sa stratégie pour intégrer le Top 5 mondial

L’acquisition au printemps 2022 de GEFCO a été une opération de croissance externe significative pour le groupe, basé à Marseille et filiale à 100% de CMA CGM. Devenue officiellement CEVA Logistics ce 10 février, GEFCO apporte dans la corbeille de la mariée ses compétences en logistique du véhicule fini. Une brique d’importance qui consolide les ambitions de développement du groupe, lequel avait déjà adressé le sujet automobile, notamment via son partenariat avec la Scuderia Ferrari. Et où ne sont évidemment pas absents les sujets de robotique, d’innovation et de carburants alternatifs, ainsi que l'explique son PDG, Mathieu Friedberg.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - En 2022, CEVA Logistics a fait l'acquisition de GEFCO, leader dans la logistique du véhicule fini et qui désormais est totalement intégré au groupe que vous dirigez. Une opération de croissance externe qui apporte notamment une compétence complémentaire à CEVA...

MATHIEU FRIEDBERG - L'acquisition de GEFCO, initiée fin avril 2022 est entrée en phase d'intégration en septembre dernier, après accord des autorités européennes, et comprenait déjà la bascule de la marque GEFCO vers CEVA puisque nous poursuivons une stratégie de marque assez simple. Nous positionnons CEVA sur la mappemonde et nous le faisons avec une marque unique. La particularité est que GEFCO avait une grande présence française, ce qui positionne aujourd'hui CEVA de manière très différente sur le marché français. Nous sommes devenus un player de référence et nous sommes, de fait, le plus grand logisticien dont le siège est en France, puisque, de manière normative, le groupe réalise un chiffre d'affaires de 16 milliards d'euros, ce qui nous positionne dans le Top 6 global.

Cette acquisition a eu un double effet - outre le renforcement de notre présence française et le renforcement de notre présence globale - elle nous a ouvert la porte sur un cinquième produit, la logistique du véhicule fini, qui est un marché de niche, mais une niche importante sur laquelle GEFCO est leader européen. CEVA est donc aujourd'hui le leader de la logistique automobile puisque nous sommes les seuls à offrir l'intégralité de la gamme, de la logistique amont à la logistique aval avec, donc, la logistique du véhicule fini. Nous sommes le seul logisticien dans le monde à avoir une gamme aussi complète et à être un acteur de référence sur ce segment.

Une supply chain qui soit la plus rapide, la plus efficace et la plus durable possible est aussi un enjeu pour les entreprises...

La logistique et de la supply chain étaient des sujets qui avaient un peu disparu des réunions de direction pendant les vingt années de globalisation heureuse. La crise engendrée par le Covid l'a remis au cœur du débat. Le secteur automobile a eu, en particulier, de multiples peines, outre celles liées aux disruptions des chaînes de transport, les disruptions liées aux semi-conducteurs qui ont impacté sévèrement l'industrie automobile un peu partout dans le monde. Le souci d'une supply chain qui fonctionne, bien huilée, c'est à la fois un enjeu de satisfaction client, d'efficience opérationnelle et c'est clairement un enjeu économique, car une supply chain qui ne fonctionne pas, c'est autant de valeurs immobilisées dans des stocks. C'est un sujet clé.

CEVA a créé une joint-venture en Chine. De quelle façon ce type de rapprochement aide-t-il ?

Nous sommes présents de deux façons en Chine. D'abord via CEVA Chine, entité 100% CEVA Logistics, dédiée au transit aérien, maritime et terrestre. Et nous avons effectivement une joint-venture avec SAIC (Shanghai Automotive Industry Corporation, constructeur automobile chinois, parmi les dix leaders mondiaux NDLR), dédiée à la logistique contractuelle en Chine.

C'est une JV qui pèse 1,4 milliard de dollars de chiffre d'affaires et emploie 12.000 personnes, faisant 75% de son business dans la logistique automobile. Avoir un partenaire chinois en Chine, ça aide mais concernant les activités internationales c'est moins critique.

En termes d'innovation, comment travaillez-vous sur la robotique, l'automatisation... ?

C'est un sujet incontournable et nous essayons d'être en pointe. C'est particulièrement vrai sur le segment de la logistique contractuelle, qui représente un tiers de notre chiffre d'affaires, et sur laquelle nous avons beaucoup investi notamment avec l'acquisition d'Ingram Micro CLS fin 2021. Ingram possède un vrai savoir-faire dans le BtoC et l'e-commerce fufillment. De ce point de vue-là nous sommes entrés dans le Top 4 mondial et c'est vraiment un domaine où les sujets d'innovation, d'automatisme, de robotique... sont clés. Pas de manière uniforme puisque selon les géographies, selon les économies, selon le coût du travail, cela a plus ou moins de sens. Mais dans nos économies dites développées, c'est clairement un sujet que nous évoquons avec nos clients de manière systématique, autant pour des raisons de coût que pour des raisons liées aux tensions sur le marché du travail. C'est vrai en Europe mais c'est encore plus criant de l'autre côté de l'Atlantique, aux Etats-Unis. Les tensions sont telles que l'un des enjeux sur le moyen terme est d'arriver à construire des centres de distribution qui permettent d'optimiser la productivité et de se défaire un peu de cette contrainte qui est une vraie contrainte.  Et que l'on retrouve aussi dans le transport terrestre, où l'accès aux chauffeurs routiers devient un enjeu majeur. C'est un métier difficile, qui va devoir travailler son attractivité. Des mutations sont en cours et elles vont nécessiter de l'innovation technologique mais aussi de l'innovation managériale avec une capacité à construire des écosystèmes capables d'attirer les talents, de les retenir, de les faire grandir, de les former... Nous avons initié plusieurs programmes aux Etats-Unis, sur la partie transport terrestre, de retour à l'emploi, de reconversion d'anciens militaires...

CMA CGM, dont CEVA Logistics est une filiale, réfléchit beaucoup aux carburants alternatifs. C'est une réflexion que nous menez également ?

Au-delà des carburants, de manière plus générale, la question est comment rendre les supply chain le moins carbone intensif possible. Nous regardons tous les sujets de décarbonation du transport terrestre sachant que nous n'avons pas encore industrialisé de manière massive l'accès à du transport terrestre décarboné. Cela fonctionne bien sur des véhicules de petite taille et le dernier kilomètre sera sans doute la première brique décarbonée, d'ailleurs nous œuvrons en ce sens avec Colis Privé. Mais demeure la problématique du « gros camion » où à la fois demeure la question du choix de la bonne technologie demain - est-ce que c'est l'électricité, est-ce que c'est la batterie ou est-ce l'hydrogène ? Nous avons des projets en cours, nous menons des tests avec les clients et en même temps nous avons des discussions avec les constructeurs tels Tesla, Volvo, Mercedes sur l'arrivée sur le marché de gros porteurs. Il y a aussi le sujet de nos entrepôts, pour lesquels la bascule vers le vert est plus simple, puisque ce sont des grandes surfaces qui se prêtent bien à l'accueil de panneaux solaires. Fin 2022, un tiers de nos entrepôts a basculé en photovoltaïque et nous avons un plan de 100% de basculement à horizon 2025.

CEVA Logisticsa déjà un pied bien posé dans le domaine automobile puisque le groupe est partenaire logistique officiel de la Scuderia Ferrari depuis janvier 2022. Est-ce que d'autres partenariats de ce type pourraient voir le jour ?

C'est un partenariat important et stratégique. J'essaie de ne pas multiplier les initiatives. Ferrari est une marque internationale, parmi les plus connues dans le monde. Nous avons une capacité d'activation autour de ce partenariat qui est très forte. Nous ne voulons pas brouiller l'image. Nous allons rester dans cette ligne-là et continuer à capitaliser avec Ferrari. C'est un partenariat qui a du sens. Ça crée le challenge, ça véhicule en interne - CEVA c'est 110.000 collaborateurs dans le monde - des messages forts sur la performance d'équipe.

D'autres acquisitions sont-elles prévues ?

Nous avons une ambition, c'est d'intégrer le Top 5 mondial de la logistique. Nous allons poursuivre notre croissance organique ainsi que nous l'avons fait ces trois dernières années. Nous avons de l'ambition, nous restons à l'écoute du marché...

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Commentaires 3
à écrit le 13/01/2023 à 18:31
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J'étais allé voir, comme vous le suggérez, plusieurs moteurs de recherche qui ne donnaient pas une réponse uniforme. C'est la raison pour laquelle j'aurais aimé que l'auteur de l'article se positionne sur ce point. Merci tout de même !

à écrit le 13/01/2023 à 14:56
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J'aurais bien aimé savoir la composition du top 6 mondial

le 13/01/2023 à 17:59
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Je vous suggère de faire comme moi , c'est à dire faire preuve d'un peu de curiosité ; vous allez sur votre moteur de recherche , vous tapez : top 10 des plus grandes sociétés de logistique et hop hop hop vous avez la réponse qui apparait !!! à vous...

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