Quelle stratégie pour Oxytronic depuis son rachat par Nicomatic  ?

Installé à Aubagne, près de Marseille, cet équipementier spécialisé dans l'aéronautique cherche depuis quelques années - et surtout depuis le covid-19 - à diversifier ses activités pour limiter sa dépendance à un secteur. Rachetée en juillet 2021 par le fabricant savoyard Nicomatic, elle voit également s'ouvrir des perspectives à l'international.
(Crédits : DR)

C'est Airbus Helicopters qui lui offre son premier marché, dans les années 2000. Des pièces en polycarbonate pour des tableaux de bord d'abord. Puis des boites de commande, ou encore un système électronique.

Une gamme large qui, en plus d'importants investissements sur la qualité, finit par convaincre d'autres clients, essentiellement dans le secteur de l'aéronautique : Safran, Thalès, Helibras, Ratier Figeac... De sorte que ce marché représente, en 2019, 90 % du chiffre d'affaire de la PME provençale.

Une stratégie de diversification

Mais si ne dépendre que d'un seul secteur permet de se spécialiser et d'affûter son expertise, cela présente aussi, évidemment, des risques. D'où la volonté de se diversifier en s'adressant d'abord au monde du nucléaire.

C'est ainsi que l'entreprise répond à la demande de Mirion Technologies, société spécialisée dans la conception d'équipements et de solutions pour la détection, la mesure et l'analyse des rayonnements ionisants. « Nous menons pour eux de grosses études sur le redesign de cartes électroniques », explique Serge de Senti, fondateur d'Oxytronic. Une activité qui lui permet de réduire sensiblement sa dépendance à l'aéronautique.

Puis lors de l'épidémie de covid-19, ce besoin de s'ouvrir à d'autres secteurs pour mieux diluer les risques s'amplifie. La stratégie de diversification s'aiguise.

« Nous avons lancé un nouveau projet pour développer un capteur connecté permettant de faire de la maintenance prédictive ». Un outil dénommé Irma qui s'adresse à l'industrie 4.0. « Sur le marché, il existe en fait assez peu de capteurs pour la maintenance prédictive utilisant le machine learning. Et les quelques uns qui existent embarquent moins de capteurs physiques que nous ». Irma intègre ainsi sept capteurs. Six d'entre eux permettent de mesurer la température, l'humidité, la présence de gaz, l'acoustique, les vibrations et la pression. S'y ajoute un capteur laissé au choix du client.

L'outil, dont le lancement est prévu dans les semaines qui viennent, suscite l'intérêt de clients variés dont l'entrepreneur égraine quelques noms : « Eaux usées de Genève, CEA Cadarache, la Défense suédoise pour sa partie maintenance, Bouygues Énergie Service, Volvo... » .

Dans les pas (internationaux) du fabricant Nicomatic

A cette stratégie de diversification se mêlent des perspectives de croissance amplifiées en juillet 2021 par l'acquisition de la PME par le groupe Nicomatic, fabricant français de connectique pour la défense et l'aéronautique, installé en Haute-Savoie. Comptant 550 salariés dans le monde, le groupe avait, assure l'entrepreneur, « envie de passer du connecteur à l'équipementier ».

Pour Oxytronic, ce rachat signifie des moyens accrus et la possibilité d'étoffer ses équipes. « Nous avons pu renforcer notre partie commerciale ». La PME compte à ce jour 53 salariés.

Surtout, Nicomatic, avec ses 14 filiales réparties entre l'Afrique, l'Asie, les États-Unis et l'Europe, ouvre à la PME aubagnaise une porte sur l'international, l'export ne représentant pour l'heure que 5 % de son chiffre d'affaire. « C'est grâce au groupe que nous avons obtenu un contrat avec la Défense suédoise ».

Serge de Senti voit désormais des perspectives sur des territoires où le groupe est particulièrement bien implanté, à savoir « le Moyen-Orient et le Nord de l'Afrique. A Dubaï, en Turquie » mais aussi « au Maroc, et en particulier à Casablanca où se trouve un bon pôle aéronautique ».

Avec un chiffre d'affaire approchant 5 millions d'euros en 2022, Oxytronic prévoit de dépasser ce seuil en 2023 grâce à ses clients d'autres secteurs et à son déploiement à l'international. En 2025, elle se donne pour objectif de franchir 7,5 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 20 à 25 % proviendraient de l'export.

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