Spécialiste de la lutte contre les déchets aquatiques, Pollustock ajoute l’export à sa stratégie

Depuis quelques années, la prise de conscience environnementale porte les ambitions de l’entreprise basée près de Cannes, spécialisée dans le développement et l’installation de solutions d’interception des déchets en milieu aquatique. Une dynamique qui s’accélère encore et sur laquelle la lauréate du premier prix de l’innovation environnementale territoriale du dernier salon des maires entend bien surfer.
(Crédits : DR)

De la persévérance, il en a fallu à Stéphane Asikian et à son équipe pour garder le cap et porter dans la durée l'aventure Pollustock, l'entreprise qu'il a cofondée dans l'objectif de réduire l'impact des activités humaines sur les milieux aquatiques. Une aspiration louable, ô combien nécessaire, mais très ambitieuse dans le contexte de la fin des années 2000. "En 2009, la prise de conscience des risques environnementaux était relativement faible, se souvient le dirigeant. Jusqu'en 2015, tout était très compliqué, nous étions alors une poignée pour un chiffre d'affaires inférieur à 100.000 euros". Près de quatorze ans plus tard, les choses ont bien changé. La société basée à Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes, réunit une douzaine de personnes et va clôturer l'exercice 2022 avec près de 1,3 million d'euros en caisse, contre 850.000 euros fin 2021. Elle vise 2 millions d'euros en 2023. "Notre curseur, c'est la prise de conscience environnementale de nos clients, plus celle-ci grandit, plus notre chiffre d'affaires évolue à la hausse. La dynamique est désormais bien en place".

Entre 30 et 50 tonnes de déchets par filet

Retour en 2009. L'idée de Pollustock consiste donc à développer des solutions innovantes préservatrices de l'environnement aquatique avec une logique d'autofinancement, comprendre low tech, autrement dit "simple et efficace". "Nous avons commencé notre métier en accompagnant les grands groupes de travaux publics sur la sécurité environnementale des chantiers, puis très vite la problématique des déchets est apparue", raconte le dirigeant. L'élément déclenchant ? Vinci Autoroutes. Le groupe sollicite l'entreprise sur la problématique des déchets, ceux issus des automobilistes confondant fenêtre et poubelle, qui perturbent les exutoires d'eaux pluviales avec tous les risques que cela comprend, aquaplaning en tête.

Deux ans ont été nécessaires pour développer une solution : en l'occurrence, le filet Hydro-Rescue qui, face à des poussées hydrodynamiques, s'avère capable de remplir deux fonctions contradictoires. A savoir, arrêter des tonnes de déchets tout en laissant l'eau s'évacuer. "Au cours de sa vie, soit environ 7 à 8 ans, un filet Hydro-Rescue peut intercepter entre 30 et 50 tonnes de déchets, en majorité des plastiques, mais aussi des lingettes, lesquelles constituent un énorme problème, ainsi que des mégots. On estime leur nombre jeté au sol chaque année à plus de 30 milliards", détaille Stéphane Asikian.

450 sites équipés

Avec 450 sites équipés en France et 70 collectivités accompagnées, c'est aujourd'hui le produit phare de Pollustock. Laquelle propose deux types de solutions, du barrage flottant permettant d'intercepter les polluants de type hydrocarbures, huiles, déchets, matières en suspension en milieu aquatique, aux filets et paniers qui s'intéressent aux déchets en phase de dispersion hydrodynamique ou courantologique. Si la plupart est installée dans les réseaux d'eaux pluviales, l'entreprise pousse désormais à équiper davantage les déversoirs d'orage. "Ce sont des réseaux hydrauliques peu connus, liés aux systèmes de sécurité des stations d'épuration qui lors de pluie continue et de forte intensité et pour éviter de dépasser leur capacité, transfèrent en amont dans le réseau naturel les liquides comme les solides. C'est un enjeu polluant majeur dont les collectivités doivent s'emparer". Autre piste de développement, les entreprises privées et notamment industrielles, elles aussi confrontées à ces problématiques.

Sensibiliser et innover

"Pendant des années, nous avons été collectivement focalisés sur les études et le constat de ce qui n'allait pas, et non sur les solutions. Or, elles existent mais peu, collectivités comme industriels, le savent. A nous de le faire savoir". Ce travail de sensibilisation occupe une grande part de la feuille de route de Pollustock, qui a choisi de miser sur la pédagogie itinérante, à destination des enfants, afin de faire passer le message aux parents sans risquer le jugement moral.

Autre axe de travail : la R&D. Les objectifs sont multiples. D'abord, être capable d'intercepter les déchets de plus en plus petits, et passer ainsi "du micro au nano". Pollustock planche également sur l'interception des résidus pneumatiques et des plaquettes de freins, "des matières extrêmement toxiques, très présentes dans le milieu naturel et qui déstabilisent l'écosystème". Enfin, il s'agit de faire évoluer la composition du filet, aujourd'hui à base de polypropylène, demain de matières recyclées. Le tout dans un délai de deux à trois ans.

Levée de fonds

Car Pollustock entend bien surfer sur la vague qui s'offre à elle. Lauréate du premier prix de l'innovation environnementale territoriale lors du dernier salon des maires de Paris, en novembre, l'entreprise veut profiter des projecteurs et de la dynamique liée à la crise climatique pour accélérer son déploiement. En France et à l'étranger. "Nous enregistrons de plus en plus de demandes à l'international, ce qui nécessite parfois du transfert d'expertise et des collaborateurs sur place pour accompagner les autorités locales", explique-t-il. Trop lourd pour la PME. Laquelle, après avoir levé fin 2021 une enveloppe de 800/000 euros auprès d'un pool de business angels, s'engage dans un nouveau tour de table dont le montant espéré n'a pas été communiqué.

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