"Deux-tiers des usagers des transports en commun décrivent comme pénibilité principale la composante même de l'offre, à savoir les horaires, la fréquence de passage, la capacité à bord... Il ne faut donc pas être surpris si ceux qui utilisent leur voiture continuent et n'envisagent pas de passer à d'autres modes de déplacement". Ce constat, c'est Thomas Cote, dirigeant-fondateur de l'entreprise Wever, qui le fait. Née en 2015, cette jeune pousse basée à Sophia Antipolis s'est spécialisée dans le co-voiturage avant de pivoter une paire d'années plus tard sur le sujet de la mobilité participative : comprendre le fait de "ré-associer les gens, qu'ils soient salariés d'une entreprise, citoyens d'une agglomération, usagers d'un opérateur de transport, au fonctionnement et à la construction de leur mobilité".

L'idée paraît séduisante, d'autant plus que les usagers semblent avoir des choses à dire. En attestent les 30.000 utilisateurs du réseau de transport du Grand Genevois, agglomération transfrontalière située entre la France et la Suisse, réunis en 3 mois pour participer à une enquête déplacement sur la plateforme Wever. "C'est l'un des principaux intérêts de notre solution, explique le dirigeant. Elle interagit avec les gens et très vite un jeu de ping-pong s'installe permettant de comprendre les freins, de tester les leviers proposés pour, une à une, faire sauter les difficultés rencontrées".

Trois en une

La plateforme se présente comme un outil de diagnostic, couplé d'une part à un outil de pilotage et de gestion des données qu'un algorithme analyse pour formuler automatiquement aux acteurs de la mobilité des recommandations, et de l'autre à une brique d'intelligence artificielle qui s'intéresse aux comportements des usagers pour leur apporter des solutions personnalisées et ainsi accompagner et accélérer le changement. Une aide précieuse pour les collectivités et opérateurs de transport, principaux clients de Wever, dont l'enjeu le plus prégnant consiste à optimiser, voire restructurer, leur offre de mobilité dans un contexte où le coût grimpe fortement. Un coup de main apprécié aussi du côté des entreprises, prises entre les obligations réglementaires (plan de mobilité), la nécessité de faire baisser leur impact carbone et la volonté d'assurer une certaine qualité de vie à leur collaborateur.

Energie, alimentation, déchets : mêmes motifs..

Si Wever ne communique pas sur son chiffre d'affaires, elle indique être rentable depuis l'exercice 2021. Son objectif désormais : "Équiper deux agglomérations sur trois et devenir un leader, une référence technologique sur le marché français et suisse". Plus largement, "il s'agit d'agir en faveur des transitions énergétiques et d'ouvrir notre approche participative à d'autres dimensions qui présentent de réels intérêts pour nos clients collectivités", précise-t-il. A savoir, la gestion de l'énergie, des déchets et de l'alimentation. "Sur ces sujets, nous en sommes là où la mobilité était il y a cinq ans : pas d'outils dédiés, peu de compétences ni de temps dans les agglos pour s'y pencher et un impératif besoin d'aller vite au regard de l'urgence sociale", précise Thomas Cote. Lequel ajoute toutefois : "Mais, contrairement à il y a cinq ans, nous sommes prêts ". A cet égard, des PoC (preuves de concept) sont actuellement à l'étude sur les trois verticaux pour un déploiement programmé lors du premier semestre 2023. D'où la volonté de Wever de se muscler. L'entreprise de 16 personnes prévoit en effet d'étoffer son effectif d'une dizaine de collaborateurs d'ici à la fin de l'année prochaine et s'engage dans un processus de levée de fonds qu'elle espère conclure au printemps.