Cloud peer-to-peer : le pari R&D renforcée de Hive

L’idée de son fondateur est aussi simple (en apparence) qu’innovante : créer un cloud basé sur le partage, ce qui lierait les notions de souveraineté et de durabilité. Un projet que David Gurlé a longuement maturé dans le principe, mais qui doit passer désormais dans une phase de R&D plus active. Le rapprochement acté officiellement avec l’INRIA vise à lever des verrous technologiques « partagés ». Ou comment entreprise innovante, basée à Cannes, et recherche publique française s’allient pour contrer les GAFAM.
(Crédits : DR)

On avait laissé Hive en juin dernier, lorsque David Gurlé annonçait installer sa toute jeune startup non pas dans la Silicon Valley ou sous des cieux asiatiques mais en France, à Cannes, plaidant précisément pour un choix mû par l'écosystème tech, sur lequel il comptait bien venir s'appuyer et contribuer à le développer.

Près de six mois plus tard, l'une des concrétisations c'est ce rapprochement officialisé avec l'INRIA. Un rapprochement public/privé assez novateur, l'Institut national de la recherche que pilote Bruno Sportisse n'ayant encore jamais œuvré avec une startup de cette façon. Il faut dire que pour le coup le partage se fait aussi sur des problématiques de verrous technologiques. A faire sauter. Et le sujet dépasse même le simple périmètre de Hive.

Intérêt national... et stratégique

Car l'INRIA est co-pilote depuis novembre 2021 de PEPR Cloud, le Programme et Equipements prioritaires de recherche qui s'inscrit dans le cadre du plan industriel de soutien à la filière cloud française, doté de 1,8 milliard d'euros, 56 millions d'euros étant précisément dédiés à ce PEPR.

L'objectif : aller plus vite et plus fort sur la recherche. Second co-pilote de ce programme ambitieux :  le CEA. Un joli duo qui a, notamment sur sa feuille de route, le transfert de solutions et de technologies issues de cette phase de recherche vers l'industrie.

« Le sujet d'un cloud souverain est extrêmement stratégique et il s'inscrit dans la politique d'industrialisation de la recherche », souligne David Gurlé. « Mais il doit aussi contribuer à faire avancer les entreprises ».

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Le peer-to-peer, l'avenir ?

Des verrous donc, qui concernent la réparation de la donnée, des tests de performance à grande échelle, du contrôle d'accès... Des sujets totalement nouveaux, qu'il faut explorer et qu'il a fallu hiérarchiser en quelque sorte. « Tout est nouveau et c'est mieux d'y aller à plusieurs. Nous avons identifié ces points-là, nous les étendrons ensuite au fur et à mesure de nos découvertes. Nous devons faire face à certains défis, dont certains en anticipation » dit David Gurlé. Avec l'INRIA, la collaboration a déjà posé ses premiers jalons et elle va faire grandir l'équipe de 12 personnes à 20 collaborateurs, puisque huit doctorants, post-doctorants et ingénieurs sont recrutés pour se faire. « Nous travaillons déjà ensemble, nous montons en puissance ». Un comité de pilotage, constitué exprès, se réunit tous les trimestres. Et quand on dit que l'INRIA est impliquée, c'est bien sûr, via ses différents laboratoires en France, dont celui de Sophia-Antipolis, situé pas très loin du siège de Hive, mais également tous ceux répartis ailleurs dans l'Hexagone.

Hive qui pourrait étendre ses collaborations et nouer d'autres partenariats, des discussions en ce sens ont déjà été menées. Car la promesse est belle et réalisable, David Gurlé en est convaincu. « Nombreux sont ceux qui sont persuadés que le cloud peer-to-peer constitue le futur. C'est ce que nous sommes en train de cranter ».

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Une feuille de route cadrée

La technologie est ici exigeante en temps. Celui nécessaire à la levée des verrous. Le partenariat avec l'INRIA est ainsi dessiné pour 4 ans. « Ces sujets demandent du temps », indique clairement David Gurlé. « Nous avons tendance à surestimer ce que l'on peut faire en un an et à sous-estimer ce que l'on peut faire en trois ou quatre ans ». Mais le fondateur de Hive estime que des résultats seront atteints avant, les premiers étant attendus pour 2024. David Gurlé qui a - et c'est déjà ce qu'il développait avec Symphony - une feuille de route très cadrée. Laquelle « avance comme prévu ». Après une première levée de fond, d'un montant de 7 millions d'euros - conclue en juin dernier, probablement qu'un nouveau tour de table pourrait accompagner les prochaines étapes. Au-delà de ce projet particulier, c'est aussi sans doute une nouvelle façon de lier public et privé dans des sujets de recherche stratégiques. Et la perspective d'un cloud souverain, durable - c'est bien l'idée du partage qui permet de consommer ce qui existe déjà - est aussi un signal particulièrement fort. De façon globale certes, mais pour l'Hexagone aussi.

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Commentaire 1
à écrit le 29/11/2022 à 18:48
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Le seul mot qui peut être faux c'est celui de "confiance", mot générateur de cash ! ;-)

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