Spécialiste de l'irrigation, Telaqua vise les grands comptes de l’agriculture mondiale

Après une levée de fonds de 4 millions d’euros au printemps dernier, cette startup installée à Marseille qui a développé une solution d’optimisation de l’irrigation entend prendre une nouvelle dimension. Et s’appuie pour cela sur de grandes multinationales de l’agriculture.
(Crédits : DR)

L'eau a beau être une ressource renouvelable, elle n'est pas pour autant disponible à l'infini. Une réalité que l'on avait parfois oublié et qui s'est révélée avec acuité cet été, à renfort de restrictions et de robinets taris. Tandis qu'ailleurs, le manque d'eau est parfois une crainte ancrée dans le quotidien des populations depuis longtemps.

Dans tous les cas, la gestion de l'eau constitue un enjeu majeur pour l'agriculture qui absorbe deux tiers de l'eau consommée mondialement. Une consommation trop souvent supérieure aux besoins en raison de pratiques pas suffisamment adaptées, ou de défaillances dans les systèmes d'irrigation : fuites, pression trop basse, vannes qui ne se déclenchent pas ou ne se ferment pas au bon moment ... etc.

Une approche globale

Pour y faire face, des solutions existent, notamment afin de piloter à distance le système d'irrigation, c'est-à-dire d'ouvrir et fermer les vannes à distance. Telaqua se distingue par une approche plus globale de cet enjeu de l'optimisation de la ressource en eau.

Ainsi, à partir de capteurs installés sur les vannes, sur les systèmes de pompage et de filtration, elle collecte de nombreuses données concernant l'humidité des sols, la pression de l'eau, l'état des vannes, la consommation... Ces données sont ensuite analysées et disponibles sur une application dénommée IrrigEasy. De sorte que les exploitants puissent d'irriguer au plus juste, avec un suivi de la gestion de l'eau en temps réel.

Des géants de l'arboriculture et de la viticulture pour clients

D'abord testée au Chili d'où est originaire l'un des fondateurs de la société, la solution est déployée en France et à l'international auprès de grands comptes particulièrement influents sur le marché. « Ce sont de très grands producteurs qui ont au minimum 5.000 hectares dans le monde », explique Sébastien Demech, PDG de Telaqua. De l'arboriculture et de la viticulture, en Amérique du Sud et en Afrique. « Ce sont des cultures à haute valeur ajoutée que l'on irrigue, avec un enjeu fort de maintenance étant donné leur dimension ».

Ces grands clients sont également une manière d'avoir un impact fort étant donné les surfaces concernées. D'autant qu'ils « réfléchissent vraiment à leur stratégie de gestion de l'eau et à leur politique RSE ».

Localement, Telaqua travaille également avec de plus petits acteurs. « Nous équipons par exemple La Compagnie des amandes », co-fondée par François Moulias et Arnaud Montebourg afin de réimplanter une filière d'amandiculture sur le territoire. Une manière de produire une amande qui n'assèche pas les sols, à l'inverse de son homologue californienne.

Quatre millions d'euros levés au printemps

Pour se déployer plus encore, la startup est parvenue à lever 4 millions d'euros en mai dernier, ce qui lui a permis d'étoffer considérablement ses effectifs, passant ainsi à 25 salariés. Une équipe composée d'ingénieurs, de développeurs, de commerciaux mais aussi d'une doctorante d'Aix-Marseille Université, dans le cadre d'une thèse Cifre qui doit permettre à l'entreprise d'enrichir son application d'outils d'intelligence artificielle. « Cela nous permettra de mieux accompagnement la maintenance des systèmes et de faire de la maintenance prédictive ».

D'autres recrutements sont encore prévus, l'équipe devant atteindre la trentaine de salariés l'an prochain. « Nous allons surtout recruter des profils commerciaux et des ingénieurs agronomes pour suivre nos clients ».

Car au-delà du caractère global de sa solution, la startup veut se distinguer par le soin apporté à son service client. « Quand un prospect devient client, on lui attribue aussitôt un expert Telaqua qui l'accompagne, l'aide à résoudre ses problématiques et lui propose un bilan régulier ».

Une proximité qui permet à Telaqua de répondre aux exigences de ses clients - qui n'ont pas toujours les moyens techniques de s'occuper pleinement de ces sujets- et d'ajuster en permanence sa solution aux besoins de ceux-ci. « Notre application évolue constamment. On l'améliore tous les quinze jours avec de nouvelles fonctionnalités ».

Application qui devrait se développer encore avec l'ouverture à d'autres entreprises partenaires dont les capteurs pourraient être reliés au système, fournissant des données complémentaires à celles que fournit Telaqua. « L'objectif est de sortir cela fin 2023 ».

Concernant l'industrialisation de sa solution, l'entreprise se focalise sur la conception et sous-traite fabrication et assemblage. Activités qui étaient jusqu'à peu réalisées par des partenaires français et allemands. Et que Telaqua est parvenue à recentrer exclusivement sur le territoire national afin d'en fluidifier la gestion.

Pour poursuivre son déploiement international, l'entreprise entend s'appuyer sur la force de frappe de ses clients actuels et en convaincre de nouveaux. « Nous en comptons 10 alors qu'il existe entre 3.000 et 4.000 multinationales agricoles dans le monde ». Autant dire que la marge de manœuvre est encore très large.

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