Avec sa solution de valorisation des déchets thermiques de basse température, Entent lie réindustrialisation et transition énergétique

Après avoir été retardée par les tensions d’approvisionnement post-covid, cette PME, installée à Aix-en-Provence, s’apprête à lancer un premier démonstrateur industriel de sa machine permettant de valoriser les déchets thermiques de basse température rejetés par l’industrie. Une activité qu’elle aimerait enclencher en France, regrettant que les projets de ce type y soient pour l’heure assez peu soutenus.
(Crédits : DR)

Pas facile d'enclencher un projet industriel dans le « monde d'après-covid ». Et ce n'est pas Stéphan Ré, co-fondateur d'Entent qui dira le contraire.

« On a essuyé tous les plâtres », résume celui qui prévoyait la mise en place d'un premier prototype de sa machine de valorisation des déchets thermiques de basse température (entre 60 et 100°C contre environ 200°C chez ses concurrents) fin 2020. C'était sans compter sur les difficultés d'approvisionnement qui se sont ensuivies. « Les délais ont été particulièrement longs. Et quand il faut absolument une pièce pour avancer et qu'on ne peut pas se la procurer, on est bloqué ».

La levée de fonds prévue en 2021 a néanmoins bien eu lieu. Un million d'euros pour plus que doubler les effectifs, passés de 3 à 8 personnes. « Nous avons embauché un ingénieur en conception mécanique qui dispose de 40 ans d'expérience dans l'industrie, un docteur en mécanique des fluides, une assistante de direction ... »

Une équipe qui s'est attelée à finaliser la préparation et l'assemblage du prototype au sein du laboratoire de thermodynamique de l'université de Liège, partenaire historique du projet. « Nous nous sommes retrouvés avec de plus en plus de monde qui devrait travailler sur cette machine située à 1.000 kilomètres, ce qui n'était pas simple en matière de logistique. Alors nous l'avons ramenée chez nous ». Non pas à Aix-en-Provence où se situent les bureaux de l'entreprise, mais à Vitrolles, dans des locaux d'ADF gracieusement prêtés. « Nous avions besoin d'un local industriel avec suffisamment de hauteur sous plafond, ce qui n'était pas le cas au Technopôle de l'Arbois ». Technopôle où l'entreprise compte conserver ses bureaux.

Où en est Entent et sa solution de valorisation des déchets thermiques de basse température ?

Un prototype en état de marche d'ici la fin de l'année

Entent espère mettre son prototype en fonctionnement d'ici la fin d'année. Il s'agira d'un démonstrateur destiné à prouver l'intérêt de cette technologie aux clients potentiels. L'entreprise prévoit ensuite « un passage à l'échelle pour arriver à une machine d'une puissance électrique de 50 kWh contre 5 aujourd'hui ». Une première machine pilote devrait être installée d'ici 2024. « Cela prend du temps car ce sont des machines de la taille d'un petit conteneur : 2,5 mètres de long et haut, 1,6 mètres de large, remplies de tuyaux, de capteurs ... Un concentré de technologies avec beaucoup de soudures ».

Pour se déployer sur le marché, l'entreprise cible en premier lieu les industries à l'origine de rejets liquides dont température est comprise entre 80°C et 100°C. « Ce sont des choses que l'on retrouve dans la chimie, dans la sidérurgie, l'aluminium, le papier-carton... ». Des contacts ont déjà été établis avec des entreprises intéressées.

Une fois bien installée sur ce segment, elle pourra s'adresser au secteur de l'agroalimentaire dont les rejets prennent davantage la forme de fumées. « Puis dans un troisième temps, on envisage de travailler sur les datacenters, où les températures rejetées sont plus basses ».

Quant au marché des énergies renouvelables, où la solution d'Entent permettrait d'utiliser les rejets thermiques pour augmenter la production, il n'est plus vraiment une priorité. « L'état du marché fait que nous sommes plus appelés par de gros consommateurs d'électricité qui voient leur facture exploser. Nous leur permettons de produire une électricité réutilisée sur site et donc de réduire leur facture d'électricité ». L'entreprise a tout de même des contacts avec Engie. Et s'intéresse au marché de l'hydrogène dont la production génère des rejets liquides d'une température de 60°C.

Envies de France

Ces perspectives, Entent aimerait les concrétiser en France pour commencer. Mais l'export pourrait être une nécessité dès le démarrage car, regrette l'entrepreneur, « notre marché manque d'appui de la part du gouvernement français. Nous ne sommes pas les seuls à valoriser les déchets thermiques en France. Mais quand on regarde le développement de nos concurrents, on voit qu'ils sont obligés d'aller à l'international. Nous avons une expertise en la matière en France, mais ce n'est pas un sujet porté par le gouvernement. C'est dommage ».

Pourtant pense-t-il, plus que les nombreuses applications d'optimisation de l'utilisation d'énergie qui fourmillent dans les couloirs des salons industriels, le développement de machines porte « un vrai potentiel industriel », avec toutes les retombées que cela génère en matière d'emploi. « Une machine comme la nôtre, c'est deux ans de travail, le recours à une dizaine de corps de métiers, du temps, 500.000 euros de matériel ... Un investissement qui s'inscrit de surcroît « au cœur des vrais sujets d'actualité que sont le développement durable, l'efficacité énergétique, la réindustrialisation du pays. Nous cochons toutes ces cases ». Ne manque plus qu'une volonté politique, pour permettre effectivement à Entent de contribuer tant à la réindustrialisation du pays qu'à sa transition écologique.

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