En s’appuyant sur Arterris, La Compagnie des Amandes renforce sa stratégie de souveraineté française

Relancée et portée depuis 2018 par La Compagnie des Amandes, basée à Aix-en-Provence, la filière se révèle être un enjeu de souveraineté pour les métiers utilisateurs de l’amande dont la confiserie notamment. Mais elle représente aussi un intérêt de diversification pour les agriculteurs confrontés à des modèles économiques qui se fragilisent. Des intérêts convergents concrétisés par un partenariat et une entrée au capital de la coopérative agricole Arterris, présente dans le Sud et en Occitanie. Avec des objectifs clairs d’accélération.
(Crédits : DR)

La question de la souveraineté a peut-être ressurgi avec les dernières crises, elle n'en est pour autant pas un sujet nouveau. En 2018, Arnaud Montebourg, ancien ministre en charge (justement) du Redressement productif de la France, fonde avec François Moulias, La Compagnie des Amandes. Le but est aussi simple qu'ambitieux : recréer une filière amande française. Une filière nécessaire aux professionnels dont les confiseurs, mais une filière quasi-inexistante et donc peu capable de répondre aux besoins.

Sauf que vouloir planter des vergers, ça ne suffit pas. Pour aller vite - et donc apporter une solution la plus immédiate - il faut le modèle économique adéquat. C'est donc avec un combo triple comportant financement, aide technique et commercialisation que La Compagnie des Amandes s'est positionnée. Une stratégie qui a porté - sans mauvais jeu de mots - ses fruits. Aujourd'hui 7 vergers sont dans le pipe pour 200 hectares. Ils seront 20 vergers, signé d'ici la fin de l'année.

Un même état d'esprit « collectif »

Un résultat acquis, après près de quatre ans, qui satisfait certes les fondateurs de La Compagnie des Amandes mais qui est bien évidemment encore loin de répondre aux besoins divers. C'est dans ce contexte qu'un rapprochement avec Arterris a pris sens et forme. Etablie dans le Sud, en Provence Alpes Côte d'Azur, en Occitanie jusqu'à Toulouse en passant par les Pyrénées et les Alpes, la coopérative agricole, qui regroupe 25 000 adhérents, est active sur la production de céréales, la production animale, de bovins, d'ovins ou de volaille, avec également un volet agro-alimentaire, notamment de transformation de plats préparés et de distribution via des magasins Gamm Vert et Marchés occitans.

Diversification agricole, du risque aussi

Deux initiatives qui partagent la même philosophie de « collectif », fait remarque François Moulias. Et se retrouvent sur des sujets convergents. Là où La Compagnie des Amandes a besoin d'agriculteurs qui s'engagent dans le renouveau de la filière amande, les agriculteurs, eux, font face à des modèles économiques fragilisés. « Nous apportons aux agriculteurs une solution financée, encadrée techniquement, avec des débouchés commerciaux ». Ici Arterris apporte donc une « clé d'accès aux agriculteurs et une crédibilité », souligne encore François Moulias.

Une diversification côté agriculteur qui devient stratégique parce qu'elle dilue le risque. « Le montage financier apporté par la Compagnie des Amandes a également l'avantage de permettre une rémunération dès la première année, ce qui est rare en agriculture. Généralement, nous sommes payés à la récolte », rajoute Jacques Groison directeur du pôle Agricole au sein de la coopérative.

Une filière de l'amande de bouche qui représente en Occitanie, 35% des vergers, avec une présence dans les Pyrénées-Orientales, l'Aude, alors que « ça commence dans l'Hérault et le Gard ».

 Une usine opérationnelle (aussi) en 2023

La Compagnie des Amandes se positionne sur trois segments : l'amande de bouche, la transformation et l'industrie cosmétique. Car contrairement à la noix ou la pistache, l'amande permet par une revalorisation totale, dont celle de la coque qui sert notamment pour l'industrie cosmétique.

Les objectifs pour 2023 se concentrent autour de l'accélération de la préparation des plantations. « Certains projets vont vite, d'autres sont plus longs, pour des raisons de foncier ou de succession. D'ici fin 2023, 400 hectares supplémentaires devraient être plantés. Nous aurons également finalisé la construction de notre casserie à Signes, dans le Var et nous atteindrons près des 1.000 hectares signés ».

Arterris, qui en injectant 1,5 million d'euros en actions et obligations convertibles émises par l'entreprise provençale, possède désormais 8,5 % du capital de celle-ci, réfléchit de son côté à d'autres sujets de diversification, « nous regardons la filière légumes », précise Jacques Groison.

La Compagnie des Amandes prépare non seulement des projets de plantation mais travaille déjà à son prochain tour de table, à horizon 2023. On imagine qu'un soutien de la part de France 2030 ne serait pas hors sujet...

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