Levées de fonds : le Sud confirme sa position de challenger

Indicateur favori pour mesurer le comportement du financement des pépites innovantes, le baromètre des levées est d’autant plus scruté que la période économique est particulière, entre une fin de pandémie qui a vu l’argent être présent pour accompagner des projets matures et dans le scope des sujets qui comptent comme l’énergie et une inflation qui est venue remettre en cause les scenarii les plus favorables en termes de croissance. Où Provence Alpes Côte d’Azur continue de se placer sur le podium, avec un ticket moyen supérieur à Auvergne-Rhône-Alpes dont le Sud est l’éternel challenger. Ce qui n’empêche pas les défis.
(Crédits : DR)

Startup nation ou pas - le sujet de cet objectif présidentiel divise dans le secteur concerné lui-même - la France poursuit une année 2022 qui va plutôt pas mal côté financement des entreprises innovantes. Et le troisième trimestre, ausculté par InExtenso, montre - à l'instar de l'économie au global - une résilience qui confirme une lapalissade :  malgré le contexte, quand le projet est mature, véritablement innovant et répondant à des besoins donc à un marché, il trouve la monnaie sonnante et trébuchante nécessaire.

33 tours

Ainsi, au 3ème trimestre, qui est une période particulière puisque la trêve estivale ralentit de fait le rythme des levées, l'Hexagone s'est globalement bien comporté même si pour ce qui est de tours de table, l'abondance c'est fini côté projets matures alors que le early stage retrouve des couleurs.

Un panorama hexagonal qui finalement correspond assez bien à la période : les crises ont joué comme des révélateurs importants. Qu'elles soient autour du sanitaire, des matières premières, de l'énergie, leur point commun s'appelle souveraineté. Ce qui fait basculer les intérêts des projets regardés où l'industrie mais aussi les cleantech sont des thématiques appétentes. Le software demeure une valeur sûre, au-delà des crises et des saisons.

Dans le Sud, on s'inscrit dans une tendance favorable avec une place sur la troisième marche du podium pour ce qui est du nombre de tours de table réalisés - 33 exactement au cours des trois premiers trimestres 2022 - avec 5% des 11,5 milliards d'euros levés au cours de la période. Provence Alpes Côte d'Azur qui est devancée par Auvergne-Rhône-Alpes qui a réuni 10% du total des levées hexagonales avec 66 tours, quand - sans grande surprise - la première place échoit à l'Île-de-France dont les 414 tours de table ont concentré 62% des 11,5 milliards d'euros injectés dans les projets innovants.

Montant des levées : peut mieux faire

Autre bonne nouvelle et donc autre indicateur qui démontre le dynamisme du Sud, le ticket moyen des tours de table s'élève à 9 millions d'euros, à égalité avec sa voisine l'Occitanie, et supérieure à ce que réalise Auvergne-Rhône-Alpes qui voit son ticket moyen atteindre 7 millions d'euros.

Petite insatisfaction en revanche du côté du montant global obtenu de la part des investisseurs puisque Provence Alpes Côte d'Azur, avec 254 millions d'euros, ne figure qu'à la sixième place talonnant Pays de la Loire et ses 299 millions d'euros, le titre revenant, encore une fois sans surprise, à l'Île de France (9,2 milliards d'euros) suivi des Hauts-de-France (473 millions d'euros), puis de Auvergne-Rhône-Alpes (461 millions d'euros) et Nouvelle-Aquitaine (368 millions d'euros).

Cleantech, industrie, software : des spécificités renforcées

Les crises successives que le monde économique affronte depuis deux ans sont évidemment de nature à modifier aussi le regard et les focus des investisseurs. Si le software continue d'être dans un trend positif, voire, au niveau national tout en haut du podium depuis le début de l'année, il est évident que les questions autour de l'énergie et des transitions écologiques donnent - davantage de ce qui était déjà le cas - un intérêt renforcé au secteur des cleantech. Sur ces deux points, autant le software que la cleantech, le Sud est bien placé, avec Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes qui continue sur son historique logiciel, tout comme du côté de Rousset, alors que Nice mais surtout Aix-Marseille avec son technopôle dédié, à L'Arbois, drivent le sujet.

On rappellera en 2022, les levées d'Akt.io et Therapixel, basées à Sophia-Antipolis, respectivement pour 27 millions d'euros et 15 millions d'euros, celle de Frafito, à Nice pour 20 millions d'euros, Bodyguard, la pépite aussi niçoise pour 9 millions d'euros ou Qiti, la fintech qui a réuni 1 million d'euros. Du côté d'Aix-Marseille, Stid, Nawa Technologies et Traxxens ont inauguré le bal, avec, respectivement 43 millions d'euros, 18,3 millions d'euros et 23 millions d'euros. Des exemples - non exhaustifs - qui confirment l'intérêt pour le logiciel, la santé, l'énergie, le transport, la fintech.

Finalement, le talon d'Achille de Provence-Alpes-Côte d'Azur se situe du côté du montant des levées. Le tissu économique constitue une part de la réponse - avec moins de gros acteurs qu'en Auvergne-Rhône-Alpes par exemple - pas de fermes de batterie de ce côté-ci - et avec une taille de la région moins importante, ne serait-ce que ces voisines Auvergne-Rhône-Alpes ou Occitanie, ni même de Nouvelle-Aquitaine. Ce découpage des régions a, de fait, fait reculer le Sud dans certains classements. Ce qui ne soit pas être une excuse, mais un aiguillon. Où l'attractivité aussi, a peut-être un rôle à jouer.

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