« Cap 3000 est notre actif immobilier le plus innovant en matière d’expérimentation de solutions durables » (Nathalie Bardin, Altarea)

Implanté aux portes de Nice, ancien plus vieux centre commercial de France, désormais consacré meilleur centre commercial au monde lors du Mipim 2021, Cap 3000, qui figure dans le portefeuille de la foncière, dispose des surfaces et de la philosophie innovante nécessaires pour permettre d’expérimenter tout un panel de solutions qui s’inscrivent dans une sobriété multiple, allant de la seconde main à l’incitation auprès des enseignes à un comportement vertueux, tout en travaillant en interne sur des projets de méthanisation et de recours au solaire. Le tout avec vocation à être dupliqué en interne, comme de jouer un effet d’entraînement en externe.
(Crédits : DR)

Sobriété, RSE, transition énergétique sont des termes qu'aucune entreprise, plus que jamais, ne saurait ignorer. Si certaines y sont venues un peu à marche forcée, d'autres l'ont inscrit dans les stratégies depuis bien longtemps. Car comme le rappelle Nathalie Bardin, ce que l'on nomme aujourd'hui RSE s'appelait encore il y a peu, développement durable. Un vocable généraliste qui a tout de même obligé à penser le développement sous un angle de rentabilité au long cours, plus « vert », dans un sens profondément différent. C'était repenser déjà les stratégies, prévoir à plus long terme, innover, faire appel à des technologies nouvelles... Un état d'esprit qui a aussi transformé la façon dont on imaginait la ville. Cette « smart city », terme désormais largement galvaudé, pour décrire une ville plus verte, plus autonome, moins énergivore et finalement, pleine de bon sens. Qui se pense et se construit maintenant.

Transformation urbaine et notion d'impact

Des sujets qui, forcément, viennent percuter les stratégies des professionnels de l'immobilier. Dont les foncières et dont Altarea. Groupe coté, son portefeuille comprend - outre du logement notamment - du commerce en gare, des espaces commerciaux d'entrée de ville, des commerces en pied d'immeuble, des centres commerciaux. Parmi les actifs, Cap 3000. Un centre commercial qui s'est longtemps distingué pour avoir été le premier centre commercial de France et qui depuis 2021 s'enorgueillit d'une autre distinction, celle de meilleur centre commercial au monde, titre remporté lors du Mipim, le salon professionnel qui se tient à Cannes, chaque printemps.

Cap 3000 qui a passé les âges et qui s'est inscrit dans un très vaste programme de rénovation et d'extension, en 2014, s'étalant désormais sur 135.000 m2 après 5 ans de travaux et 650 millions d'euros d'investissement est devenu une sorte de laboratoire vivant, testant, expérimentant, parce que la surface s'y prête, parce que c'est en repartant d'une feuille (presque) blanche que l'on peut aussi fixer des orientations. La première concrétisation est même venue de l'obtention du label Biodiversity, faisant du centre commercial français, le seul centre commercial au monde à pouvoir s'en prévaloir.

Nathalie Bardin exprime tout cela autrement. « Nous sommes un groupe immobilier et notre mission c'est la transformation urbaine sous toutes ses formes. C'est comment on transforme de façon la plus durable, la plus impactante et agréable à vivre possible ».

« Dans notre groupe, poursuit la directrice exécutive marketing stratégique, RSE et innovation d'Altarea, la partie centre commercial a toujours été la plus pionnière et la plus innovante », l'objectif étant d'atteindre la neutralité carbone dès 2030.

Acte pédagogique

Ainsi Cap 3000 est le levier d'innovation et d'expérimentation qui permet de tester, à tous niveaux. Car s'il y a la partie plus « technique », il y a aussi la partie plus conceptuelle.

Ce que le centre commercial azuréen a concrétisé en accueillant les DNVB locales dans un espace dédié - appelé Capsule - mais surtout en créant un concept baptisé Corso Collector a mis en exergue la seconde main dans un secteur particulier, celui de la maroquinerie de luxe, alors qu'à quelques mètres, une autre enseigne, Kilo Shop part du même principe - donner une seconde vie au produit - en l'axant sur la vente au kilo, pour des prix raisonnables. Voilà deux réponses à une problématique que l'on évoque peu mais qui touche à la consommation, celle d'allier l'achat plaisir avec la durabilité. Pas toujours simple de lier les deux idées, sans culpabilité. « On peut se faire plaisir et concilier cela avec le développement durable », rassure Nathalie Bardin. « Nous avons construit un parcours pédagogique dans l'acte d'achat », estime pour sa part Felipe Goncalves, le directeur général de Cap 3000.

Une autre façon de montrer que le consommateur n'est pas seul, que les enseignes non plus et que le tout relève d'une sorte d'écosystème. Jouer l'effet entraînement, c'est le but. Que Cap 3000 veut booster en créant le premier Trophées des initiatives responsables. Un concours qui s'adresse aussi bien aux marques indépendantes qu'aux marques jeunes comme aux enseignes établies. Le but - sous travers de concours ludiques - c'est de mettre en avant ce que les initiatives, de montrer que des bonnes pratiques sont duplicables, parfois même de les faire véritablement connaître du consommateur car toutes les enseignes ne sont pas égales dans leur façon de faire savoir. « Nous sommes très attentifs à ce que tout cela ne soit pas du green washing », avertit Nathalie Bardin. L'idée est de susciter, titiller les enseignes encore timides sur le sujet. Car ces Trophées - où le public vote, ce qui n'est pas neutre - verront les lauréats profiter d'un macaron qui signalera, visuellement, la distinction. Et ça c'est bon pour la communication. Une dotation financière s'y ajoute, d'un montant de 25.000 euros, pour le faire-savoir dans les différents réseaux médias.

Une centrale de méthanisation en 2023

Et puis à côté des concepts, il y a le volet plus technique. Si l'heure est à l'injonction concernant la sobriété, le sujet est loin d'être nouveau pour les entreprises. Et Nathalie Bardin de mettre en avant ce chiffre de 4,4%, qui concerne la baisse de la consommation énergétique du centre, alors même que sa surface a augmenté de 50.000 m2. Certification BREEAM, toiture végétalisée de 4.500 m2, 17.000 m2 de jardins, partenariat avec LPO, la ligue de protection des oiseaux comme avec la réserve biologique d'animaux des Monts d'Azur contribuent à montrer une réelle volonté. « Nous allons éteindre les enseignes et les éclairages extérieurs 24h/24 », annonce Nathalie Bardin, persuadée que cela ne nuira pas à l'esthétique ni à la visibilité. Les enseignes drapeaux seront, elles, éteintes à la fermeture. Autre action, celle de réduire l'intensité lumineuse durant les kwh rouges, une façon de rendre le tout compatible avec ce que l'on appelle les heures silencieuses. Dans le même esprit, la température du centre va être baissée d'un degré, ce qui d'après RTE, permettrait l'économie de 7% d'énergie. « La qualité du centre ne changera pas », estime Nathalie Bardin. Et pour le coup, Cap 3000 a bien d'autres projets structurants dans le pipe.

Notamment cette centrale de méthanisation, prévue pour voir le jour en 2023 qui permettra de recycler 210 tonnes de biodéchets par an. Une façon d'aller plus loin dans le traitement des déchets réalisés par les boutiques, restaurants et enseignes, ce qui aujourd'hui, représente 1.160 tonnes pour l'année 2021. « Nous avons éduqué nos restaurants sur le tri car il doit être réalisé correctement pour que fonctionner de façon optimale », explique, pour sa part, Felipe Goncalves, la centrale de méthanisation que « nous pensons à externaliser ». Autre projet, celui de l'installation de panneaux solaires sur la toiture du parking nord. « Cela participe au complément énergétique », dit encore le directeur général du centre commercial. Des initiatives qui « seront dupliquées quand cela s'y prête », indique Nathalie Bardin. Qui sont aussi de nature à inspirer la concurrence. Laquelle n'a pas manqué de regarder de près ce qui était initié au sein du meilleur centre commercial du monde. Un non-sujet pour la directrice RSE d'Altarea, qui estime que « il faut dépasser le sujet de la concurrence, il faut travailler avec les enseignes, identifier les initiatives ». Car globalement « la démarche durable est une bataille qui n'est jamais finie ».

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