Comme souvent en innovation, rien ne vaut la pratique et la réflexion sur cette pratique pour donner des idées. Champion de jetsurf, Flavien Neyertz est très vite sensibilisé au sujet des nuisances provoquées par les moteurs thermiques en mer. Sauf qu'à l'époque, au début des années 2010, il n'existe ni aucune alternative, ni une injonction majeure sur la question d'une propulsion plus propre. Ce qui n'empêche pas ce natif du Sud de brainstormer. C'est le rachat d'une société de technologie, basée à Monaco, qui va lui mettre le pied à l'étrier. Au propre comme au figuré.
Un bloc de propulsion multi applications
Cobalt, acquise en 2018, mène des travaux de R&D avec comme objectif, celui de développer un moteur électrique qui serve l'industrie navale. Si 24 ingénieurs planchent sur le projet, un premier produit voit néanmoins le jour. Baptisé E-Surf, ce surf motorisé électriquement, s'appuie sur le bloc de propulsion développé par les équipes de la PME monégasque. « Dans les années 2010, le moteur thermique à essence était la seule technologie existante. Sauf que je me suis vite rendu compte des nuisances que cela provoquait sur l'environnement marin », explique Flavien Neyertz. « Aujourd'hui, le marché a besoin de conversion électrique. Notre bloc de propulsion est léger et performant. Il correspond aux besoins de ce marché ».
E-Surf avec ses 25 kg et ses 45 minutes d'autonomie constitue donc le premier étage de la fusée et adresse une clientèle CSP+. E-Surf qui a donné naissance à deux autres produits, le E-tube et le E-kart, le premier étant enrichi d'un tube positionné autour de la planche, permettant un apprentissage rapide et de se tenir debout facilement, le second donnant l'opportunité de pratiquer en étant assis.
« D'un produit, nous en déclinons trois, ce qui nous permet d'adresser tout le monde et de démocratiser l'activité nautique », explique Flavien Neyertz.
Maîtriser la croissance, amplifier la notoriété
Distribués en vente directe et par le biais de distributeurs locaux, l'E-surf, produit en Grèce, est commercialisé dans le pourtour méditerranéen, dont l'Italie et l'Espagne. Et via des importateurs exclusifs aux Etats-Unis.
Si évidemment, Cobalt a des velléités de développement et compte étendre ses marchés, notamment vers Dubaï, les Emirats Arabes Unis, l'Asie ou Israël, Flavien Neyertz tient cependant à une croissance maîtrisée.
Mais une croissance maîtrisée ne veut pas dire qu'il faille rester discret. Développer la notoriété de la marque c'est justement l'ancrer davantage sur ces marchés cibles. Et préparer la suite. Parmi les partenariats stratégiques noués, celui avec le niçois Fabio Quartarao permet précisément à Cobalt de se nourrir des retours du champion de GP moto. « Fabio Quartararo nous apporte son expertise retour, celle de son propre univers ce qui nous donne des pistes d'amélioration. Il correspond aussi à l'univers lifestyle de la marque ».
Pas moins stratégique, celui qui lie l'entreprise monégasque avec Land Rover contribue à renforcer le positionnement de Cobalt, notamment à l'international. Land Rover qui est présent en Formula-E, le championnat du monde de Formule 1 électrique, ce qui confirme l'importance de regarder ce que fait l'industrie automobile pour inspirer l'industrie nautique. Car c'est bien elle qui reste l'objectif ultime. « Nous savons que l'industrie nautique viendra à nous », assure Flavien Neyertz. « La course, dans cette industrie, c'est le tempo ».
Cobalt qui avoue que la période Covid lui a fait gagner deux ans sur sa feuille de route R&D, table sur un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros à horizon 2 ans. « Nous allons continuer à concevoir des blocs de propulsion innovants et développer nos propres produits. Nous voulons conserver notre technologie afin de donner des avantages compétitifs à nos propres produits ».
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