Comment Général Industries fait de sa filiale 1.08 Recyclage un leader européen sur le recyclage plastique

Filiale du groupe basé à Aix-en-Provence, cette unité industrielle installée pour sa part en Auvergne-Rhône-Alpes devient le bras armé de la stratégie du spécialiste du négoce en déchets plastiques et élastomères, issus de l’électronique et de l’électrique. Ou quand les pays asiatiques durcissent l’import de déchets et que la réglementation européenne y va de ses obligations d’usage de produits recyclés et que le tout est tourné en opportunité plutôt qu’en contrainte.
(Crédits : DR)

C'est ce qui s'appelle avoir une vision, du flair ou même tout simplement savoir pratiquer une veille attentive des évolutions à venir. C'est peut-être même un peu des trois à la fois qui vaut à 1.08 Recyclage de voir le jour en 2019. Cette unité industrielle est basée à Blyes, en Auvergne-Rhône-Alpes et l'entreprise qui lui a donné le jour c'est Général Industries, installée à Aix-en-Provence. Entreprise familiale, elle s'est positionnée depuis sa création sur le négoce en déchets plastiques et élastomères. Une activité qui se porte bien, équilibrée - à 50% - entre la commercialisation de ce que l'on appelle les déclassés d'usine rendus matières premières et l'export/négoce de déchets plastiques prérecyclés.

C'est l'arrivée annoncée d'une nouvelle réglementation qui va titiller les dirigeants de Général Industries, au point de les inciter à ajouter une nouvelle branche à leurs activités. Cette réglementation est celle prévoyant l'interdiction - à partir du 1er janvier 2021 - d'exporter toute marchandise plastique impropre au recyclage dans les pays de l'OCDE, sauf à la rendre à un état de matière première.

Quelques lignes d'une réglementation qui constituent pourtant un grand bouleversement pour l'entreprise qui voit son business-modèle ébranlé par cette décision de l'Europe. Une contrainte que Général Industries décide de transformer en opportunité de diversification.

Créer une matière première secondaire

Aujourd'hui 1.08 Recyclage reçoit 25 000 tonnes par an et vise, d'ici 2 ans 50.000 tonnes de plastique à rendre à l'état de matière première. Et c'est peu dire que le momentum vient accompagner l'activité de l'unité industrielle. « D'un déchet, nous en faisons un produit », explique Clément Nollet, directeur général de Général Industries et président de 1.08 Recyclage et ce « sur un seul site ». Et c'est exactement la définition de l'économie circulaire. « Nous recevons un produit, que nous recyclons et à qui nous donnons une seconde vie en en faisant une matière première secondaire ».

Techniquement, une première phase de flottaison par densité « range » laquelle sépare les produits par famille de plastique, puis une seconde phase les re-sépare par monoplastique et les sélectionne par couleurs, jusqu'à la troisième phase finale, l'extrusion.

Les clients adressés sont les équipementiers automobiles de deuxième rang, le secteur de l'électroménager, l'industrie sauf l'alimentaire et le médical.

Et si l'unité industrielle croît c'est que la réglementation - qui a provoqué sa création - continue d'accompagner son développement. Car ladite réglementation est exigeante. Et si aujourd'hui, elle oblige à l'usage de polymères recyclés à hauteur de 30% dans tout produit fabriqué par l'industrie, à horizon 2025-2030 cela concernera tout produit fabriqué. « Un polymère est deux fois moins polluant qu'une matière première vierge », indique Albert Schinasi, le fondateur de Général Industries.

Procédé exclusif

Face au potentiel de développement qui s'offre à elle, 1.08 Recyclage a choisi d'anticiper et prévoit d'étendre les 2,5 hectares dont elle dispose et qui accueillent les 9.000 m2 couverts et les alvéoles recevant les produits à recycler. Pour financer cette croissance en devenir, le groupe est accompagné par le fonds d'entrepreneurs Tertium Croissance, basé à Marseille, lequel a injecté 4,1 millions d'euros. Sont notamment prévu l'extension du site actuel, avec option prise sur un terrain voisin de 1,7 hectare et l'investissement dans de nouvelles machines. « Tous les équipements ont été conçus par nous-mêmes », tient à souligner Albert Schinasi. L'entreprise insiste sur l'extrême attention qu'elle porte au parcours du produit. « A chaque étape, le polymère est testé deux à trois fois », dit son dirigeant. « Notre matière première produit fini est calibré sur la matière première vierge. Notre procédé est exclusif ».

Les Etats-Unis, le Graal... dans le viseur

Si pour l'heure, les clients sont à 95% Français et à 5% d'origine européenne, c'est bien ce marché européen que vise 1.08 Recyclage pour toutes les raisons réglementaires, notamment, citées plus haut. Et parce qu'elle assure être la seule, pour l'heure, en France, positionnée sur ce marché précis. L'Espagne ou l'Italie figurent dans le scope des pays regardés de près. Mais le Graal ultime et le « vœu pieux » d'Albert Schinasi demeurent les Etats-Unis, un très vaste marché qui demande à être adressé en liant des accords avec des partenaires sur place. Général Industries, qui emploie 12 personnes, a réalisé en 2021 un chiffre d'affaires de 19 millions d'euros dont 1,5 million d'euros a été généré par 1.08 Recyclage alors en phase de lancement. Les perspectives pour l'exercice 2022 s'établissent à un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros, lequel devrait doubler à horizon 2023. Quant aux effectifs de 1.08 Recyclage, ceux-ci devraient suivre la même croissance et passer d'une vingtaine de salariés actuellement à 40 salariés d'ici la fin de l'année.

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