Beweis vise le nucléaire avec ses solutions de traçabilité d'objets en milieu sensible

La TPE basée à Gémenos développe un logiciel et conçoit les dispositifs qui vont avec pour tracer des objets évoluant dans des environnements sensibles. Après plusieurs années d'expérience dans le secteur de la défense, avec différents types d'équipements, le cofondateur Jacky Catonio se diversifie dans le nucléaire. Une offre qui trouve preneur plutôt à l'étranger.
(Crédits : Reuters)

C'est un immense plat de spaghetti dans lequel Beweis veut se tailler une bonne part. Mais attention, il ne s'agit pas ici de gastronomie mais des tuyaux industrielles des centrales nucléaires. Un secteur qui connaît un regain d'intérêt puisque la France a récemment refait le choix de cette énergie pour les années à venir. De nouveaux EPR s'apprête donc à s'implanter dans l'Hexagone et avec, tous ses travaux puis tests de vérification. C'est sur cette dernière partie que la TPE basée à Gémenos a une carte à jouer. Elle développe et conçoit en effet des systèmes de traçabilité d'objets dans des environnements sensibles.

Pour ce qui est de l'environnement sensible, le lien est évident. Pour la traçabilité, il s'agit surtout de garantir que les vérifications des soudures sont bien réalisées. Car les assemblages dans le monde du nucléaire sont bien évidemment aussi importants que surveillés. A Flamanville, cela conduit notamment de nombreux retards. "Pour nous assurer que le suivi est bon, nous installons un scellé doté d'une puce à côté de chaque soudure", explique Jacky Catonio, co-fondateur de Beweis.

Lors de l'examen des soudures par radiographie, avant le lancement de la centrale ou lors des arrêts de maintenance, le code du scellé permet de s'assurer qu'elles ont bien toutes étaient faites. Lors des futures autres vérifications cela garanti que les résultats proviennent bien de la même soudure. Les données sont ensuite réunies et peuvent être partagées, ou pas, avec certains acteurs du projet. Le système permet également de créer un double numérique. "Nous faisons actuellement de la R&D pour numériser les films argentique", précise l'entrepreneur.

Une demande internationale

Ce type de dispositif a notamment tapé dans l'œil de l'autorité de sûreté nucléaire. Pour le projet Iter situé à Saint-Paul-Lez-Durance, elle souligne "les exigences d'utilisation de systèmes permettant de garantir la traçabilité des tests radiographiques, par exemple de scellés « anti contrefaçon »" afin de "prendre en compte le risque de pratiques frauduleuses". Pourtant, Jacky Catonio assure ne pas avoir de retour des acteurs français du nucléaire malgré "des tests et des démonstrations". Pour l'instant BE-tag, le nom du dispositif, ne représente que 20% des 600 000 euros de chiffre d'affaires de l'entreprise.

Si Beweis ne cache pas son envie de trouver des clients dans l'Hexagone, la société va chercher son développement sur le marché du nucléaire à l'étranger en République Tchèque et en Chine. Pour le premier, elle négocie directement avec CEZ qui est l'EDF local. Pour le second, elle passe par un revendeur. "Nous voyons plusieurs pays étrangers intéressés mais nous n'avons pas les moyens d'y aller", regrette Jacky Catonio. La TPE compte en effet neuf salariés.

Pour ses futurs contrats à l'étranger, l'entreprise conçoit une unité de production automatisée, financée à moitié par la région Sud. "Cela va nous permettre de sortir entre 50 et 100 000 pièces par an contre environ 10 000 assemblées manuellement aujourd'hui," avance le dirigeant. Les puces elles viennent de Chine faute de production en France.

Déjà bien implantée dans la défense

En attendant, Beweis pourra continuer de s'appuyer sur le deuxième marché sur lequel elle se positionne, celui de la défense avec la marque BE-Weapon. "Ce sont d'autres puces avec d'autres caractéristiques car il faut par exemple qu'une arme puisse aller à 100 mètres de profondeur, dans le sable ou être exposé à de la chaleur", détaille Jacky Catonio. La société provençale produit en moyenne entre 20 000 et 30 000 dispositifs destinés aux armes et différents équipements de ce secteur. Cela va du missile, aux armes en passant par des lunettes de visée ou des combinaisons de plongée.

L'objectif n'est pas ici de vérifier des soudures, mais de ce que l'on pourrait vulgairement résumer à de la gestion de stock. "Cela permet de savoir qui utilise quel équipement, le client peut également connaître les quantités dont il dispose, celles qu'il utilise puis qu'il lui reste", explique le dirigeant. Un moyen de gagner du temps sur certaines opérations.

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