Hub.cycle : la valorisation des co-produits végétaux en mode transversal

Installée à Avignon, cette entreprise valorise des coproduits (ou déchets) végétaux en les transformant et en les mettant à disposition d’industries diverses. Sa force : une grande transversalité qui lui permet d’offrir des débouchés à un grand nombre de déchets. Après une première levée de fonds de 1,5 million en 2021, une seconde est en cours pour passer à la vitesse supérieure. En France et en Europe.
(Crédits : DR)

Le mot est en vogue. L'upcycling - ou recyclage par le haut - permet, une fois un produit hors d'usage, de lui donner une seconde vie. Et ce, sans avoir besoin de le détruire - ce qui nécessite de l'énergie -, mais plutôt en le revalorisant, en le transformant.

C'est dans cette démarche que s'inscrit Hub.cycle. Mais contrairement à bon nombre d'entreprises, elle ne se contente pas de valoriser un ou quelques coproduits. Son ambition, c'est d'en référencer un grand nombre, et d'en tirer une vaste quantité de matières premières à bas coût pour l'industrie.

A l'origine de ce projet, un homme : Julien Desage. Tout commence en 2015, alors qu'il poursuit un master de chimie en ingénierie des cosmétiques et qu'il effectue un stage au sein d'une parfumerie grassoise. « Quand on fabrique un parfum, on n'utilise qu'une petite partie des molécules d'un produit. Je me suis dit que dans ce qu'il en reste -les déchets- il y a peut-être des éléments qui pourraient intéresser d'autres industriels ».

Un gisement de nouvelles ressources

Il décide alors d'identifier les déchets végétaux susceptibles d'être valorisés. Et la liste est infinie. Ainsi, la pellicule de fève de cacao permet de réaliser des infusions aromatiques pour l'industrie agroalimentaire. Le tourteau de lin, qui résulte de la confection d'huile, constitue un émulsifiant capable de remplacer du blanc d'œuf. Tandis que les pépins de fraises peuvent être ré-exploités pour produire des arômes naturels.

Pour l'heure, Hub.cycle a déjà acheté des coproduits végétaux à une soixantaine de fournisseurs. Des fournisseurs desquels l'entreprise prend particulièrement soin, gage d'un approvisionnement pérenne. « Nous leur versons 60 % de la valeur du produit. Et nous veillons à ce que la gestion de ces coproduits ne soit pas trop contraignante pour eux, qu'elle reste une activité secondaire ».

En face de ses fournisseurs, l'entreprise travaille avec des clients, issus en majorité de l'industrie agroalimentaire. A ce jour, elle en compte environ 150, dont 30 avec qui les ventes ont déjà été conclues.

Demande de naturalité et réduction des coûts d'approvisionnement

« Il y a une forte demande, avec un mouvement en faveur d'une sobriété industrielle. C'est-à-dire que l'on cherche à produire plus avec moins de matière ». L'offre de Hub.cycle permet de répondre à cette demande, tout en réduisant le coût des matières premières. Reste à fournir des garanties suffisantes quant à la qualité des matières. « C'est un gros sujet auquel nous consacrons un tiers de notre budget. Il faut donner à nos clients la preuve que c'est exploitable puis rédiger les process ». Un travail collaboratif, dans lequel sont activement impliqués les services R&D de ses clients.

« Mais notre force, au-delà de la science, c'est notre technique », ajoute Julien Desage. Ainsi, l'entreprise a développé une imposante base de données qui lui permette de trouver des solutions à un nombre croissant de demandes, que celles-ci concernent la valorisation d'un coproduit ou la réponse à un besoin industriel.

800 tonnes de matière valorisées ; 1,5 tonnes de CO2 économisées

En 2021, aidée par la levée de 1,5 million d'euros, l'entreprise est parvenue à porter un millier de projets de R&D, valorisant 800 tonnes de matières. « Cela nous a permis d'économiser entre 1,5 et 2 tonnes de CO2 », se félicite l'entrepreneur.

L'an prochain, il entend passer à la vitesse supérieure avec 2 à 5 tonnes de matières upcyclées, et 10 tonnes de CO2 économisées. Une levée de fonds est en cours pour atteindre plus aisément ces objectifs. « Grâce à elle, nous aimerions recruter une vingtaine de personnes et déménager dans des locaux plus spacieux ».

Il sera aussi question d'accélérer à l'international, à commencer par les pays limitrophes. « Que ce soit en France ou à l'international, aucun concurrent n'a une approche aussi transversale que la nôtre ». Un atout, qui trahit dans le même temps une certaine immaturité du marché. D'où l'importance de la pédagogie, avec la mise au point d'outils dédiés à la démocratisation de l'upcycling dans l'industrie. « Pour le moment, notre base de données n'est accessible qu'à nous-mêmes. Nous aimerions la mettre à disposition de tous ». Avec un nouveau modèle économique ? « Il faudra le repenser, de sorte qu'il mûrisse en même temps que le marché ».

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