DMS Logistics, la startup qui prédit les flux de conteneurs dans les ports

La start-up basée à Marseille analyse les données des chargeurs et transporteurs sur les terminaux portuaires sur plusieurs années afin d'anticiper les va-et-vient des acteurs de la logistique. Un moyen de décongestionner la chaîne d'approvisionnement et donc d'optimiser la fluidité des ports pour les rendre plus compétitifs.

Les acteurs du monde portuaire le répètent à l'envie. La bataille entre les terminaux ne se joue pas en mer mais bien à terre. Pour attirer les transporteurs, c'est bien la rapidité et la fiabilité de la chaîne logistique qui fait toute la différence. Le chargement et le déchargement à beau ressembler de loin à un ballet, la chorégraphie n'est en réalité pas aussi huilée. "Les capacités logistiques sont importantes, mais elles ne peuvent pas être pleinement utilisées car la prédiction des flux n'est pas optimisée", expose Xavier de Minières. Pour y remédier, il a cofondé DMS Logistics avec Medja Naddari et Olivier Raveau.

L'objectif est donc d'aider les gestionnaires de terminaux à mieux anticiper les flux de conteneurs. Le chargement et déchargement d'un navire nécessitent des mouvements dits productifs et d'autres non-productifs. Les premiers désignent l'action de déplacer le conteneur à son point d'arrivée lors de cette étape logistique, du navire au camion par exemple. Les seconds désignent eux les cas où il est nécessaire de déplacer un conteneur afin de pouvoir traiter celui que l'on souhaite réellement déplacer. Ce sont eux qui passent aujourd'hui au travers des plannings des ports. "Le ratio peut aller d'un à cinq mouvements selon les terminaux", assure Xavier de Minières. Ce qui entraîne une congestion et donc une perte d'efficacité.

Se servir du passé pour anticiper l'avenir

Pour parvenir à anticiper au mieux, DMS Logistics s'appuie sur le big data. La jeune entreprise se connecte aux systèmes informatiques des terminaux, le plus souvent ceux de gestion du parc mais cela peut aussi être les services douaniers ou de prise de rendez-vous des véhicules. Un moyen de récupérer de la donnée sur plusieurs années avant de l'analyser pour permettre de dessiner une prédiction des flux logistiques. En d'autres termes, il s'agit de se servir du passé pour anticiper l'avenir.

Sauf que pour réaliser ce puzzle, il faut aussi rajouter les pièces que sont les aléas. Car dans le transport, les facteurs qui causent des retards sont exogènes allant de la météo aux bouchons. "Nous travaillons avec les équipes techniques des ports et tous ceux qui peuvent influer pour nous permettre d'identifier pourquoi une prédiction ne serait pas bonne", souligne Xavier de Minières. Le dirigeant revendique une précision de 99% et défend "l'avance technologique" de DMS Logistics.

D'abord les ports, puis les transporteurs et industriels

Une technologie que la start-up née en 2020 développe depuis Marseille. "Nous avons vraiment trouvé un écosystème propice à la logistique et aux conteneurs", confie Xavier de Minières. Aujourd'hui, DMS Logistics et ses 10 salariés lancent leur phase commerciale. La société compte comme clients trois ports, un en Europe, un en Afrique et un en Amérique du Nord. "Cela représente deux millions de conteneurs EVP sur un an", précise le dirigeant qui voudrait multiplier ce chiffre par quatre cette année. "Nous visons les ports congestionnés, sur ce point l'Afrique est une référence", poursuit-il. Les Etats-Unis également ont connu une année difficile sur le sujet de la fluidité, en réponse le président Joe Biden a d'ailleurs voté un plan de financement massif pour améliorer les infrastructures. Preuve de l'importance de ce sujet.

Le choix commercial se concentre pour le moment sur les ports car "c'est là où l'on trouve le plus d'informations et cela permet de travailler avec tous les acteurs logistiques sans les contacter un par un". L'ambition est bien ensuite de s'étendre auprès des transporteurs puis des industriels. Deux secteurs où l'entreprise travaille déjà avec des clients tests. En revanche, rien n'est prévu en mer où l'entrepreneur estime que le fret maritime a déjà eu son lot d'innovations.

Pour concrétiser ses ambitions, DMS Logistics prépare une levée de fonds. Jusqu'à présent, le financement provient des fondateurs et des différents dispositifs dédiés aux start-ups. "Nous voudrions obtenir entre un et cinq millions d'euros pour renforcer notre force commerciale et développer le produit pour qu'il puisse s'adapter à chaque terminal", prévient Xavier de Minières. Un moyen d'affiner au plus possible les prédictions.

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