Fabricant de fragrances, Technicoflor s'organise pour s'adapter aux changements du marché

Dans un marché de la cosmétique en pleine évolution, le fabricant de fragrance basé près de Marseille, à Allauch, adapte ses outils de production mais aussi son offre pour suivre ces évolutions. Cela se traduit par une augmentation des capacités de fabrication des parfums naturels, mais aussi par une communication plus importante auprès de ses clients sur l'éco-responsabilité des différents produits proposés.

François-Patrick Sabater ne connaît pas la crise. Le président de TechnicoFlor s'en étonne presque : "Nous avons enregistré une croissance de 3% l'année dernière". Presque, car le dirigeant du fabricant de fragrance installé à Allauch a vu son activité tirée durant la crise sanitaire par "les gels hydroalcooliques et les désinfectants, cela a représenté 12% de notre chiffre d'affaires contre 3% habituellement".

Un pan qui a permis de compenser l'année difficile du secteur de la cosmétique-parfumerie qui avec le port de masque, la distanciation sociale ou les fermetures des lieux de rassemblement a connu quelques difficultés. "Cela repart très très fort", note aujourd'hui François-Patrick Sabater. Une reprise qui se heurte toutefois à la hausse généralisée des prix des matières premières, en l'occurrence les fleurs aromatiques. Pour constituer des fragrances, il est nécessaire d'aller piocher à travers le monde. "Chaque pays à sa spécialité, le patchouli vient d'Indonésie, la lavande ou le thym de France...", illustre le dirigeant. "L'inflation est très forte, nous sommes sur un marché qui dépend trop de la Chine et il est difficile de s'approvisionner", explique-t-il. Cela devrait se ressentir sur les prix, que TechnicoFlor va augmenter de 6 à 10% l'année prochaine.

Charge ensuite aux marques d'impacter ou non cela sur le consommateur final. Car la PME, qui génère un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros cette année, se positionne sur le BtoB. Elle répond aux demandes de création de clients comme LVMH, Nuxe ou Bourjois. Au total, ce sont 5.000 tonnes de parfum qui sont produits chaque année. Pour répondre aux attentes selon les pays, le sexe, la tranche d'âge, TechnicoFlor s'appuie rien qu'en France sur neuf "parfumeurs". Il s'agit concrètement du pôle R&D. "Ce sont de vrais artistes, ils doivent trouver une note nouvelle par chaque client".

L'innovation pour répondre à un marché en mutation

Si la prise de risque sur certaines odeurs est de plus en plus rare compte tenu de la mondialisation des fragrances, il faut tout de même s'adapter aux habitudes culturelles de chaque région du monde. L'international représente d'ailleurs 80% de l'activité du parfumeur qui dispose d'usines de production à Shangaï et Jakarta. L'entreprise compte maintenant se lancer sur le marché de l'Afrique, les capacités de fabrication du centre d'Allauch ont d'ailleurs été augmentées dans ce sens.

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Ces stratégies entrepreneuriales se marient aussi avec les changements structurels du marché des cosmétiques. Sur ce point, TechnicoFlor compte sur l'innovation pour suivre ces évolutions. "Aujourd'hui, c'est l'éco-responsabilité que nous mettons en avant", observe François-Patrick Sabater. La prise en compte de l'impact sur l'environnement devient un élément clef des politiques des entreprises tous secteurs confondus.

Au sein de la société provençale de 135 salariés, cela se constate avec la part des parfums naturels qui atteint 40% par rapport à ceux de synthèse contre environ 10% il y a quelques années. "Cela nous oblige à adapter notre production", indique François-Patrick Sabater. La nouvelle usine tout juste sortie de terre doit répondre à cette évolution. "Les nouvelles machines peuvent traiter le naturel en automatique, ce qui nous permet de diminuer le risque de pollution", détaille-t-il.

Mais l'éco-responsabilité ne se réfléchit pas seulement sur la production. Dès l'approvisionnement en matière première, la société impose ses exigences en s'assurant que ses fournisseurs respectent des démarches RSE. Cela concerne également la rémunération des paysans à un prix justes. Du côté de ses clients, TechnicoFlor propose un indicateur de biodégradabilité de ses produits dans le sol et surtout l'eau. "L'Europe et la Californie sont plus avancées sur ces sujets, mais certains produits font disparaître progressivement car ils seront trop impactant pour l'environnement", juge François-Patrick Sabater.  L'année prochaine, un éco-score sur le modèle de Yuka sera aussi donné aux clients. Une offre qui n'a pas vocation à rester en interne mais bien à devenir accessible aussi pour le grand public.

Enfin, TechnicoFlor lance sa grande refonte numérique. "Une équipe spécialisée dans le digital va être mise en place début janvier", prévient François-Patrick Sabater. Un programme de deux ans dont l'objectif est de dématérialiser tout le process de suivi des commandes pour les clients. Avec les jours de fermeture et congés qui différent entre les pays les délais d'attente pour suivre un colis ou récupérer un document réglementaire peuvent s'avérer trop long. "Je veux faire du Amazon, résume le dirigeant. Je sais que ce n'est pas un nom qui a bonne presse mais leur service est top".

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