Numérique et robotique : un nouveau cap dans la stratégie d’innovation du groupe Pellenc

Siégeant à Pertuis, dans le Vaucluse, le constructeur d’équipements et d’outils à batterie pour l’agriculture s’est imposé à l’international sur les marchés de la viticulture, de l’arboriculture et des espaces verts grâce à une politique d’innovation ambitieuse. Politique qui se traduit par d’importants moyens dédiés à la R&D et par le rachat ou l’entrée au capital d’entreprises stratégiques, à l’image de sa récente prise de participation au sein de la PME toulousaine Agreenculture, spécialisée dans la robotique.
(Crédits : DR)

La connaissance de la terre. Le goût de l'innovation. Ce sont les premiers ingrédients de la recette Pellenc. En 1973, Roger Pellenc, issu d'une famille d'agriculteurs et passionné de mécanique fabrique quelques outils dédiés à la viticulture avec sa petite équipe dont Jean-Paul Motte, avec qui il cofonde l'entreprise. Ils n'ont au départ pas beaucoup de moyens, mais un certain nombre d'idées. Et déjà une vision tournée sur le long-terme. « Dans l'entreprise, il y a toujours eu un fonds d'innovation et de recherche, en plus d'une volonté de s'étendre à l'international » raconte Jean-Marc Gialis, actuel directeur général qui a rejoint l'entreprise en 1986. « La politique a toujours été de réfléchir sur le long terme. L'innovation est quelque chose de très coûteux. C'est long. On fait beaucoup de tentatives qui n'aboutissent pas forcément. Mais l'enjeu de la recherche et développement c'est justement d'essayer, jusqu'à l'étincelle de génie ».

A la fin des années 1980, l'entreprise est la première à proposer un sécateur électrique. En 2004, elle intègre des batteries au lithium sur des appareils électroportatifs. Et quatre ans plus tard, elle électrifie les outils dédiés à l'entretien des espaces verts. « Nous avons bousculé les codes car à cette époque, tout ce qui était électrique avait une mauvaise image et était vu comme un jouet. Pellenc a su changer cette image ».

Au début des années 1990, elle lance sa première machine à vendanger. « Cela a considérablement changé la dimension de l'entreprise qui a pu développer du gros matériel, dans des séries plus importantes ».

Mais chez Pellenc, l'innovation ne se limite pas à des efforts en interne. Elle passe aussi par l'intégration de compétences externes par des rachats d'entreprises. En 2014, elle acquiert ainsi Pera, spécialiste des matériels de chai. « Cela s'inscrivait dans une stratégie consistant à être présent de la vigne à la cave. Ce qui nous a permis de proposer un éventail de produits considérable en intégrant toutes les technologies ». Un argument différenciant face à des concurrences plus spécialisées.

Une plateforme numérique pour mieux exploiter la donnée

Désormais, l'entreprise compte 1900 salariés répartis sur 20 sites en France et dans les régions du monde où la culture de la vigne est significative. L'entreprise souhaite également se développer plus amplement à l'international grâce à l'arboriculture, sa seconde spécialité, ciblant notamment l'oléiculture ou encore les fruits à coque qui font l'objet d'une demande très forte depuis quelques années.

En 2020, le chiffre d'affaires du groupe s'élevait à 280 millions d'euros, la moitié étant réalisée en France, 80 % en Europe, 20 % hors Europe. Une taille qui lui permet de consacrer d'importants moyens à la recherche et développement. « En 2021, nous y consacrons 17 millions d'euros ». Et 200 salariés. « L'équipe R&D est très chargée car nous avons une gamme très large de produits qu'il faut sans cesse entretenir et améliorer, d'autant que la réglementation évolue souvent ». Améliorer l'existant. Mais aussi préparer l'avenir.

« Depuis 8 ans, nous travaillons sur une plateforme numérique pour gérer les données issues de nos outils connectés et machines ». Une plateforme lancée il y a un an sous le nom de Pellenc Connect. « Nous avons posé la première pierre en y intégrant la mesure des récoltes et de la vigueur des vignes. On va y raccrocher le suivi des traitements phytosanitaires pour un usage des produits de plus en plus ciblé, ainsi que la robotique ».

Enclencher un mouvement de robotisation de l'agriculture


La robotique, c'est l'autre sujet majeur du moment, avec la prise de participation (30%) au capital d'Agreenculture, une PME toulousaine d'une quarantaine de salariés qui a développé Céol, un engin autonome piloté par GPS capable de tracter divers outils, pour désherber ou labourer par exemple.

« On se prépare depuis longtemps avec un fonds de recherche dédié à cette brique technologique. Il y a trois ans, nous avons rencontré les équipes d'Agreenculture et nous avons concouru ensemble sur un projet de recherche qui concernait une solution robotique en Champagne. Nous avons appris à nous connaître et avons découvert que nous partagions les mêmes valeurs. Cela a été un coup de foudre ».

Un lien de confiance qui leur permet d'unir leurs forces avec la prise de participation. La PME toulousaine pouvant se consacrer à son cœur de métier qu'est l'innovation en robotique et le développement de logiciel. Pellenc apportant sa puissance industrielle ainsi que son réseau international de distribution.

« Le marché est prêt »

Reste à vaincre la crainte que peut générer la robotisation. Mais pour Jean-Marc Gialis, « le marché est prêt ». Car il faut bien trouver des solutions face à la pénurie de main d'œuvre. D'autant que l'essor de l'agriculture biologique et l'interdiction de certains produits phytosanitaires exigent un plus important travail de la terre. «La robotique permet de répondre à ce problème ».

A tel point que pour le directeur de l'entreprise, la robotique est le marché le plus large que Pellenc ait jamais connu. « C'est un marché qui touche à tous les domaines de l'agriculture ». Des perspectives immenses qui exigent, avant de s'y engager concrètement, quelques ajustements.

« On n'achète pas un robot. On achète une solution. Il faut que le robot soit facile d'utilisation, qu'il dispose d'un système de surveillance et qu'il soit possible d'intervenir à distance. C'est un gros chantier qui nous attend avant la mise sur le marché prévue en 2023 ».

Une mise sur le marché qui, il en est convaincu, marquera un tournant en faveur de la robotisation de l'agriculture dans les 10 à 15 prochaines années. Il y voit aussi une forme d'accomplissement pour Pellenc. L'édifice résultant de l'assemblage de toutes les briques technologies fabriquées au fil de son histoire. Un édifice qui dessine selon lui « l'offre du futur ».

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