Spécialiste des traitements par membranes pour l’industrie, Eurodia prend le virage du lithium

La PME implantée dans le Vaucluse applique son savoir-faire dans la purification de liquide sur le secteur de l'industrie de transition. Qu'il s'agisse de matériaux biosourcés appelés à prendre le relais de la pétrochimie ou du lithium, présent dans les batteries, elle espère profiter de l'explose de ces marchés pour doper sa croissance.

La chaîne industrielle d'un produit est composée de nombreux maillons. Eurodia est l'un d'eux. La PME d'une centaine de salariés installée à Pertuis conçoit des outils industriels de purification de liquide. Un métier qu'elle exerce en très grande majorité à l'étranger - en Europe et dans les Amériques - sur deux secteurs, l'agroalimentaire et celui des industries de transition. Le premier est l'activité historique de l'entreprise vauclusienne née en 1988. Elle s'exerce sur le lait et le vin. "Dans de la poudre de lait pour bébé, il y a 50% de complément protéique qui viennent du lait et bien nous y enlevons le sel", explique Mathieu Bailly, président d'Eurodia. Nestlé est l'un de ses clients, les autres souhaitent rester confidentiels.

"Entre 65 à 70% de la production de lactose déminéralisé utilise notre technologie", revendique le dirigeant. Côté vin, pour la stabilisation tartrique, c'est 4%. Dans les deux cas, il s'agit de marché qui ne devraient pas connaître de grosses perspectives de croissance. A l'inverse, "l'industrie de transition explose, cela pourrait prendre le pas sur agroalimentaire, sans pour autant délaisser cette activité, car le marché présente un volume d'interventions plus vaste", note Mathieu Bailly.

C'est donc sur ce secteur qui se développe rapidement qu'Eurodia concentre les efforts de sa stratégie de développement et de croissance. Elle peut utiliser son savoir-faire sur les matériaux biosourcés qui représentent une alternative à la pétrochimie. "Sur du bois qui va servir à donner du plastique, il y a beaucoup de liquide à purifier", illustre l'entrepreneur. Une mission que la PME vauclusienne réalise déjà dans une bioraffinerie en Allemagne. Enfin, le lithium est l'un des gros paris de Mathieu Bailly. "Les investissements annoncés sur ce marché sont énormes", glisse-t-il. Cet élément chimique est présent dans les batteries, notamment celles des voitures. Le virage de l'automobile vers l'électrique n'a échappé à personne.

Prise de participation

"Nous avons évalué nos technologies pour savoir si cela matché avec le lithium et nous avons eu des contrats", se réjouit Mathieu Bailly. Pour aller encore plus loin, Eurodia vient de participer à la levée de fond de la start-up Geolith, qui dispose d'une technologie pour extraire du lithium propre au milieu d'autres seuls, à hauteur d'1,5 million d'euros. "Ils réalisent ce prélèvement et nous le raffinons, cela nous permet d'être sur un maillon de plus sur la chaîne industrielle", développe le dirigeant.

L'opération s'inscrit dans une logique industrielle, elle pourrait en appeler d'autres. "Notre politique de développement est basé sur du partenariat, nous prenons seulement des participations au capital pour ne pas que les équipes se disent que nous voulons prendre la main", précise Mathieu Bailly. Ce dernier se laisse entre 18 et 24 mois pour éventuellement monter au capital de d'autres entités.

Et cela pourrait aussi concerner des fournisseurs industriels. Si Mathieu Bailly ne l'affirme pas clairement, il souhaite augmenter la part de son sourcing réalisée en France qui s'élève aujourd'hui  à 70%. "Ce que nous prenons à l'étranger n'existe pas ici", regrette-t-il avant d'enchaîner : "Cela faciliterait la supply chain et surtout cela serait plus simple d'ajouter de l'innovation dans les composants".

La recherche et développement sont un pilier de l'activité d'Eurodia. L'entreprise qui réalise un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros y consacre 15% de son budget et de ses salariés. Elle cofinance des thèses pour lier des partenariats avec des instituts de recherche afin de trouver des compétences qui lui manque mais aussi pour recruter ses futurs chercheurs. Les procédés pour la stabilité tartrique dans le vin ont par exemple été développés en collaboration avec L'Institut national de la recherche agronomique (INRA).

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