Pourquoi la cession de l’activité Equipement de Tournaire à ADF est bien plus stratégique qu’il n’y paraît

Officialisée ce début juillet, l’acquisition par l’ETI industrielle basée à Vitrolles de l’activité historique de la PMI implantée à Grasse est une suite somme toute logique autant pour l’entreprise provençale que l’entreprise azuréenne. Si pour la première, très axée industrie 4.0, il s’agit de renforcer son expertise dans le secteur de la chimie, pour la seconde, c’est tout son potentiel en matière d’emballages métal, qui ont de beaux jours devant eux face aux emballages plastiques, qu’elle va pouvoir déployer.
(Crédits : DR)

L'annonce a surpris, surtout dans l'écosystème de la parfumerie. Tournaire, entreprise familiale née il y a 188 ans au cœur de Grasse, s'est toujours développée autour de deux activités, l'équipement - avec la capacité à mener l'ingénierie, la fabrication, l'installation et la mise en route d'unités pilotes et de production - et l'emballage avec une offre revendiquée comme la plus large du marché, en aluminium monobloc ou plastique co-extrudé. Alors forcément, l'annonce de la cession de son activité Equipement a de quoi secouer au pays des parfums et même au-delà. Pourtant le choix est stratégique. A plus d'un titre.

Plateforme technologique pour valider l'innovation

Son activité Equipement, Tournaire en a fait un élément central de ses réflexions et de ses choix structurants. En 2015 déjà, le choix d'un retour à 100% au naturel marque une inflexion dans son positionnement puisque ce sera le point de départ d'un développement qui va voir la division Equipement être filialisée, la PMI dirigée par Luc Tournaire décidant de faire de sa plateforme technologique la base d'une activité récurrente, ouverte aux autres PME et PMI et capable de réaliser tous procédés de transformation des matières naturelles, de la distillation moléculaire à l'extraction subcritique, du sans solvant à l'ultra-son, au Co2 ou au micro-onde. Une plateforme technologique qui va prendre de l'ampleur, passant de 30 m2 à 50 m2 en deux ans. Baptisée WiNatLab, elle continue de s'ouvrir aux autres entreprises du secteur voulant tester ou valider leurs innovations mais elle accueille aussi d'autres acteurs du secteur, avec leurs propres spécificités qui s'ajoutent ici au savoir-faire Tournaire. Une filiale qui continue d'être attractive et dont le carnet de commandes pour 2021, promet Luc Tournaire, est « excellent ». Une filiale qui a besoin de grandir. Et c'est là que se situe le point de bascule qui mène à ADF.

L'emballage métallique, parce que recyclable, vecteur de croissance

Car Tournaire a besoin de faire monter en puissance son autre activité, l'emballage. Un secteur où les défis sont multiples et exigent attention et investissements. « La réglementation va être plus exigeante, la demande d'emballages recyclables va se faire plus forte » analyse Luc Tournaire, qui compte beaucoup sur ses emballages métal. Et « l'emballage métallique a de beaux jours devant lui, car recyclable à l'infini. Cela constitue pour nous, des opportunités de croissance ». Au point que la PMI injecte, dès cette année 2021, 6 millions d'euros afin de soutenir la croissance à venir, investissement qui devrait être doublé pour les trois ans à venir. Avec l'objectif de dépasser 110 millions en 2025. Pour atteindre ce cap, cela signifie une accélération des activités de R&D, le lancement de nouvelles gammes pour surprendre et servir le marché, optimiser encore la traçabilité. Evidemment, l'export fait partie intégrante de ce plan de développement, notamment le marché américain où, on le rappelle, Tournaire dispose d'un site. « La période est favorable à l'activité emballage », s'enthousiasme le dirigeant grassois. C'est en cherchant un partenaire pour sa filiale Equipement que Tournaire rencontre le groupe ADF et son dirigeant Marc Eliayan. Une rencontre évidente et des liens logiques entre les deux entreprises qui partagent la même vision de l'industrie et des valeurs communes.

Renforcer l'expertise en biochimie

ADF se distingue en effet en ingénierie et maintenance industrielle pour le spatial, la chimie et l'énergie. L'ETI, basée à Vitrolles, est très engagée dans l'industrie du futur. Une industrie qui s'appuie sur plusieurs leviers, dont l'international, l'innovation et avec une forte implication RSE. La filiale Equipement de Tournaire c'est autant de briques supplémentaires qui viennent consolider la vision d'ADF, notamment en biochimie, ce qui concerne la santé, la cosmétique ou encore l'agro-alimentaire. ADF qui, en 2019, investissait 5 millions d'euros dans une chaudronnerie à haute valeur ajoutée sur son site de Fos-sur-mer. Et qui a déjà annoncé son intention de poursuivre les investissements nécessaires pour faire grandir comme il se doit Tournaire Equipement.

Besoin de surface industrielle

Pour Tournaire, les prochains chantiers concernent notamment l'extension de son site de production. L'acquisition de l'ancien site de l'entreprise Canavèse, voisin, à Grasse, et étalé sur 6.000 m2 est une option déjà activée mais la PMI a besoin d'espace et se dit prête à installer une usine ailleurs. « Toutes les perspectives sont ouvertes », souligne Luc Tournaire. Qui trace le chemin des prochains défis. Dont fait partie l'international. Et notamment l'Asie, « où nous n'avons pas pu nous développer comme on voulait ». L'Amérique du Nord et l'Europe du Nord sont deux marchés très dynamiques. Ce qui pousse Luc Tournaire à préciser que si nouvelle usine devait être construite en dehors du périmètre grassois, ce serait plus certainement « du côté de Metz que d'Aix-en-Provence », histoire d'être raccord avec le dynamisme des marchés ciblés. Quoi qu'il en soit, Tournaire qui emploie 300 personnes pour un chiffre d'affaires 2020 de 80 millions d'euros, prévoit une accélération « d'ici la fin de l'année ». ADF, pour sa part, a vu son chiffre d'affaires atteindre 400 millions d'euros sur les deux derniers exercices. L'ETI emploie 3.200 personnes répartis dans 12 pays.

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Commentaire 1
à écrit le 05/07/2021 à 9:46
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En effet il faudrait imposer le verre pour le liquide, le carton pour le solide léger et le métal pour le solide lourd afin de bannir le plastique et l'aluminium qui demande trop d'énergie pour être recyclé. Maintenant l'idéal serait de tout vendre e...

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