Spécialiste du plasma froid, Plasmawise renforce sa présence auprès de la recherche française

Installée à Marseille, cette entreprise est spécialisée dans le plasma froid, quatrième état de la matière utilisé dans divers domaines comme la santé et l’agriculture. Après s’être développée en Europe, elle opère un recentrage sur le marché français, visant en particulier les laboratoires de recherche grâce au développement d’un dispositif portable d’injection de plasma froid.
(Crédits : athree23 via Pixabay)

Après le solide, le liquide et le gazeux, le plasma constitue le quatrième état de la matière. Dans la nature, il est à l'origine de la brillance des étoiles et des aurores boréales. En apprenant à le maîtriser, l'humain en a tiré un plasma froid permettant de modifier les propriétés physiques et chimiques de diverses matières. En agriculture, il est utilisé pour traiter les plantes et éviter des maladies. En santé, pour combattre des virus ou cicatriser des plaies. On recourt également à lui pour réduire la présence de polluants dans l'air, ou bien encore dans le spatial pour propulser sondes et satellites.

Le potentiel est immense. On estime que ce marché pèsera 50 milliards d'euros à l'échelle mondiale d'ici 2024. Mais pour le concrétiser, il faut des entreprises capables de créer des dispositifs facilitant son utilisation. C'est là qu'intervient Plasmawise, fondée en 2018 par le docteur Bilel Rais.

Au départ, la société s'organise autour de deux activités : le conseil d'une part et le développement de produits d'autre part. A commencer par une imprimante qui permet d'injecter du plasma sur différentes matières, en deux dimensions.

Un dispositif miniature pour rendre l'injection plus accessible

Elle en vend quelques dizaines en Europe, mais assez peu en France, le marché n'étant pas encore tout à fait mature. Elle se heurte par ailleurs à un frein : le prix de vente élevé de l'appareil, qui oscille entre 40 000 et 60 000 euros, un prix hors de portée de certains clients qui intéressent tout particulier la société : les laboratoires de recherche.

Pour dépasser cette difficulté, elle décide dès 2019 de proposer une version miniature et portable de cette imprimante. « Nous avons tout développé en interne, sauf l'électrode que nous achetons à un fournisseur », explique Bilel Rais.

Vendue 10 000 euros, elle est plus accessible et lui ouvre les portes les laboratoires de recherche français comme l'École Polytechnique. « Ils utilisent notre technologie pour des applications particulières, en fonction de leurs sujets de recherche. Certains développent eux-mêmes du plasma froid et utilisent notre technologie pour voir ce qu'il se passe lorsqu'on applique du plasma sur divers matériaux. Nous travaillons aussi avec un laboratoire à Reims qui achète notre dispositif pour des applications directes en biomédical : ils traitent des cellules avec du plasma froid pour avoir des résultats et les publier ».

Si elle travaille essentiellement avec le monde de la recherche, l'entreprise a aussi quelques clients dans celui de l'industrie, en particulier dans le domaine biomédical où le plasma froid est en plein essor. «Il peut être utilisé pour éviter le rejet de corps étrangers par l'organisme, par exemple dans le cas d'implants dentaires ou de greffes. Certains chercheurs travaillent aussi sur la création de cœurs artificiels et utilisent pour cela des matériaux très pointus qu'ils traitent avec du plasma pour en préserver les propriétés le plus longtemps possible ».

Cap sur les États-Unis et sur des performances technologiques accrues

Grâce à son nouveau dispositif et à son renforcement sur le marché national, l'entreprise qui emploie trois salariés et un stagiaire assure être parvenue à doubler son chiffre d'affaires en 2020 - chiffre qu'elle ne peut néanmoins pas communiquer pour le moment.

Pour aller plus loin, Plasmawise entend développer sa présence aux États-Unis. L'installation d'une filiale pourrait être envisagée, même si l'option privilégiée est la signature de collaborations de recherche avec des structures qui s'y trouvent.

Elle souhaite par ailleurs améliorer les performances de sa première imprimante, ce qui serait un moyen de mieux en justifier le prix. Il s'agirait alors de passer d'une résolution d'un dixième de millimètres à 500 nanomètres d'ici 5 ans. Pour des applications toujours plus précises. Mais ce saut technologique a un coût. D'où la volonté de se tourner vers les financeurs publics, Région et État, qu'elle espère convaincre en pointant du doigt l'intérêt croissant à l'égard du plasma froid, notamment sur le territoire national.

A plus long terme, la société envisage en outre de concevoir des dispositifs spécialisés pour certains secteurs, notamment la dermatologie où la demande est croissante. « Le plasma froid peut être utilisé pour ouvrir les pores de la peau et mieux faire pénétrer des traitements sous forme de crème ». Une application déjà assez répandue aux États-Unis et en Asie, un peu moins en Europe. « Mais ce qui commence ailleurs finit toujours par arriver chez nous », anticipe l'entrepreneur.

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