
Depuis dix ans, les Marseillais se sont habitués à voir durant l'été, les navettes maritimes partir du Vieux-Port pour rejoindre le nord et le sud de la ville. Un moyen d'éviter les bouchons des longues artères phocéennes. Mais surtout un mode de transport... peu développé dans l'hexagone. Un constat fait par NepTech. "Beaucoup de métropoles possèdent des voies d'eau mais qui sont sous-utilisées alors que la congestion est un problème majeur des centres-villes. Nous voulions proposer des solutions de mobilité navale de masse", explique Tanguy Goetz, co-fondateur - avec Corentin Bigot et Clément Rousset - et directeur général de la start-up basée à Aix-en-Provence.
La décision de s'implanter en région Provence-Alpes-Côte d'Azur est un vrai choix : "Nous avons beaucoup de partenaires ici, notamment le chantier naval à Martigues, et la possibilité de réaliser nos tests sur tous les environnements". Car NepTech conçoit des navires pour quatre types de services, le transport de passager en mer, sur voie fluvial, le fret sur l'avant-dernier kilomètre et enfin les passeurs portuaires. "Le châssis, la coque et la propulsion sont identiques, mais la cabine se personnalise", détaille Tanguy Goetz.
Baisser les besoins énergétiques
Les navires sont de type catamaran, ils mesurent entre 12 et 24 mètres de long avec une capacité de 150 passagers ou une vingtaine de tonnes de marchandise. Voilà pour l'aspect. Dans les entrailles la fameuse promesse du "zéro émission" est faite. Les passeurs portuaires, qui effectuent de petites distances, fonctionnent avec des batteries, les autres avec une pile à combustible à hydrogène. L'énergie a beau avoir le vent en poupe, elle présente des difficultés majeures comme l'espace qu'elle prend et donc le poids. C'est là qu'intervient le travail de NepTech. "Nous travaillons beaucoup sur la baisse des besoins énergétiques pour gagner en performance", avance Tanguy Goetz.
C'est dans cette optique que les navires ressemblent à des catamarans. "La coque est plus efficace et cela apporte une meilleure stabilité pour un bateau qui aura des charges importantes," justifie le directeur général. Ce sont ensuite une multitude de modifications, du choix des matériaux à la réduction du contact avec l'eau pour minimiser la résistance. "Tout cela réduit les besoins en énergie", résume Tanguy Goetz. Et donc aussi les quantités d'hydrogène nécessaire et l'impact de son stockage sur les performances.
La vitrine olympique
Un premier démonstrateur, d'une taille réduite puisqu'il ne mesurera que 2,5 mètres, doit être lancé en juin sur le lac de Peyrolles près d'Aix-en-Provence. Une première commande est attendue pour la fin 2022 avec une mise sur l'eau en 2023. "L'objectif est d'atteindre 15 à 20 navires à l'horizon cinq ans", ambitionne le dirigeant. D'ici là, la start-up de cinq salariés compte bien profiter du coup de projecteur des Jeux Olympiques 2024. Elle a été lauréate d'un appel à innovation lié aux JO, lancé par le ministère de la transition écologique. "Cela nous permet de faciliter le contact auprès d'exploitants mais aussi d'avoir l'appui des autorités pour toutes les questions réglementaires", espère Tanguy Goetz. Le directeur général prépare actuellement une levée de fonds, dont l'objectif est d'obtenir un million d'euros d'ici septembre.
Le développement de l'activité de NepTech passera forcément par les volontés des institutions. La start-up génère pour l'instant un chiffre d'affaires -non communiqué- via son activité d'architecture navale, elle a notamment dessiné les stations de ravitaillement en mer d'EoDev, mais elle vise de typologies de clients : les opérateurs de ferries électriques et les exploitants de navire hydraulique. Cette dernière catégorie doit "à terme représenter la plus grosse partie du chiffre d'affaires". Ce qui signifierait que le transport part voie navale s'est bien développé.
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