La stratégie d’Electrosteel Europe pour s’imposer sur le marché des canalisations

Installée à Arles, cette filiale européenne du groupe indien Electrosteel est spécialisée dans les tuyaux en fonte ductile qu’elle commercialise en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique. Après avoir diversifié son offre pour répondre aux besoins de ses clients, elle envisage un développement de ses capacités de production afin de proposer une fabrication made in France, passant notamment par du recyclage de feraille.
(Crédits : DR- Electrosteel)

L'aventure d'Electrosteel en France commence en 2001. Issu du secteur de la finance, Cyrille Hahang rencontre la famille actionnaire majoritaire de l'entreprise, en Inde. « On partageait la même vision de proximité avec le terrain et de croissance lente dans une industrie très capitalistique, avec la volonté de développer les produits, les services et de la production ».

S'ensuit l'installation de l'entreprise en Europe, en France plus précisément. Un positionnement stratégique. « La France est en pointe dans le domaine de l'eau. Être au contact de grandes entreprises comme Veolia ou Suez est un atout qui nous permet de mieux comprendre les attentes de demain sur ce marché ».

Au départ à Marseille, le site est déplacé à Port-de-Bouc avant de se fixer à Arles où sont conduites des activités de logistique et de conditionnement et d'industrie.


Dans un premier temps, la filiale française se cantonne à des canalisations pour le transport de l'eau potable et des eaux usées. Sa spécificité repose sur le matériau utilisé : la fonte ductile, une fonte caractérisée par une plus grande élasticité, gage d'une meilleure résistance aux chocs. Avec l'appui de l'Institut Pasteur, Electrosteel Europe obtient les agréments nécessaires à la vente de ses produits.

Malgré l'arrivée en force du plastique sur le marché des canalisations dans les années 1990 qui aurait pu signer la fin de la fonte, il s'avère que cette dernière a plutôt bien résisté. « On s'est rendu compte que le plastique peut être cancérigène et qu'il n'est pas complètement imperméable aux odeurs et aux contaminations par hydrocarbures. A l'inverse, dans une canalisation en fonte, il n'y a pas de fuites de ce type ». Autre atout : une durée de vie qui dépasse les cent ans, contre une dizaine année pour le plastique.

Par ailleurs, les canalisations en fonte, qui mesurent jusqu'à 9 mètres de long et sont reliées par des bagues de joint, offrent la possibilité de s'adapter à chaque type de sol grâce à des revêtements différents. « Si jamais on s'aperçoit d'une erreur ou si les conditions changent, on peut ne changer que la partie qui pose problème ».

Trois succursales en Europe, des clients en Afrique et en Amérique du Sud

Aujourd'hui, l'entreprise réalise un chiffre d'affaires de 68 millions d'euros. Parmi ses clients, des régies des eaux publiques, des délégations de services publics comme Suez ou Veolia. « On peut aussi traiter directement avec des entreprises du BTP comme Vinci, Eiffage ou Sade ». Des grands groupes, mais aussi des petites entreprises qui voient dans les canalisations en fonte le moyen de s'engager sur des projets de plus grande envergure que si elles s'étaient fournies en canalisations en plastique présentant une durée de vie plus courte.

L'entreprise possède trois succursales en Espagne, Italie, et Allemagne. Et son marché dépasse les frontières européennes puisque ses produits s'exportent aussi en Afrique et en Amérique du Sud. « Au départ, nous n'avions pas de vocation internationale. Mais nos clients européens sont allés à l'international et nous ont emmené dans leurs valises ».

Pour gagner du terrain, elle mène depuis plusieurs années une stratégie de diversification de son offre, au gré des demandes de ses clients. A l'eau potable et à l'assainissement s'ajoutent l'irrigation, les réseaux incendies, les réseaux d'eau à haute pression pour l'industrie, ou encore les canons à neige pour des stations de ski.

En projet : une fabrication française et le recyclage de ferraille

Mais après vingt ans d'expérience, Electrosteel Europe veut aller plus loin en développant son outil de production pour proposer une offre made in France. « Le covid-19 nous a fait réfléchir. La chaîne logistique n'est pas aussi parfaite qu'on le pensait. On peut produire des tuyaux localement et avoir différents circuits. En plus, cela permettrait de réduire les délais de livraison pour nos clients ». Estimé à 4 millions d'euros, ce projet doit s'organiser en trois phases.

La première concerne l'installation d'un outil de transformation à chaud, « déjà sur le site ». La seconde, en cours- concerne « la partie à froid » qui permettra de fabriquer des revêtements en béton pour protéger les tuyaux des chocs. « Cela permettra de remblayer avec les gravats sans changer la nature du sol ».

A ce stade, une trentaine d'emplois devraient être créés.

« Puis nous avons un projet plus ambitieux qui consiste à nous doter d'une capacité de recyclage de ferraille. En France, on en produit plus de 20 millions de tonnes par an et quand elle ne sert plus, on la considère comme un déchet. Nous voulons la prendre et la refondre dans des fours électriques pour en faire des tuyaux ».

Il s'agirait cette fois de créer 200 emplois, conférant à l'entreprise une nouvelle dimension. Pour financer ce projet, elle s'appuie sur les fonds propres du groupe, sur des banques privées et se tourne également vers le plan de relance national.

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