Les sandales K-Jacques résistent en misant sur les fondamentaux

Certes impactée par l’absence de clientèle touristique grand export et une certaine frilosité des acheteurs américains, la marque de spartiates nées à Saint-Tropez poursuit ses développements, sûre de ses atouts - authenticité, artisanat, sur-mesure - qui ont su faire de la simple sandale fonctionnelle, une pièce iconique du vestiaire.
(Crédits : DR)

On les a vues aux pieds de Brigitte Bardot, de Michelle Obama ou encore de Kate Moss. Des sandales toutes simples, spartiates sobres et élégantes, qui de génération en génération sont passées au rang d'icônes... un peu malgré elles. Il faut dire que leur lieu de fabrication et d'estampillation - Saint-Tropez - participe grandement au mythe même si ce dernier, en 1933 lorsque la maison K-Jacques voit le jour, n'a rien de la villégiature pour happy fews que l'on connaît. D'ailleurs, Bernard Keklikian, fils du fondateur et dirigeant de la marque varoise, le répète à l'envi : "Ce sont les clientes qui ont fait de K-Jacques un produit de mode. Nous, depuis le début, nous sommes dans la sandale à usage fonctionnel. Des sandales pour tous les jours, pour aller faire ses courses, vivre les pieds à l'air. Il n'y avait pas de stratégie donc, mais deux lignes directrices auxquelles nous n'avons jamais dérogées : le travail du cuir et plus largement des matières naturelles, et la production à la demande. C'est là notre ADN".

K-Jacques

EPV depuis 2011

Labellisée en 2011 Entreprise du Patrimoine Vivant, la maison K-Jacques entretient un savoir-faire artisanal qui, selon son dirigeant, "fait toute la différence en termes de qualité, d'image, d'histoire à raconter". Chaque paire demande en moyenne 60 minutes de travail, 46 opérations différentes et 123 éléments assemblés pour les modèles les plus complexes. Des gestes hérités du siècle dernier et aujourd'hui pratiqués par la trentaine d'artisans polyvalents qui forment le gros des troupes de l'entreprise familiale, laquelle réunit au total une cinquantaine de collaborateurs pour un chiffre d'affaires de 5,7 M€ hors taxes. Et hors Covid. "Nous sommes sur un recul de 15% de notre chiffre d'affaires. Cela est notamment dû à l'absence de la clientèle touristique en provenance du grand international cet été et à la prudence des acheteurs américains constatée lors des échanges de cet automne qui par manque de visibilité s'engagent peu", relève le dirigeant. "Ce qui était un atout, la vente à l'international, est devenu un inconvénient cette année, mais ce n'est que passager", ajoute-t-il. Car, en 88 ans d'existence, la marque en a vu passer, des crises, en premier lieu celle qui à partir des années 80 a réduit comme peau de chagrin l'industrie française de la chaussure, concurrencée par les pays de production à bas coût. "Ce qui plaidait pour nous alors continue aujourd'hui : notre identité, la sandale, la lanière, le cuir naturel, l'authenticité, le made in France". En somme, la capacité de "faire de ce produit simple, la sandale, un article haut de gamme".

Dubaï dans le viseur

Présente dans plus de 250 points de vente dans le monde, K-Jacques exporte en temps normal entre 65 et 70% de sa production en Europe, en Amérique du Nord, en Asie et en Australie. La marque cherche désormais à s'entendre au Moyen-Orient, et notamment à Dubaï où des discussions avec des revendeurs sont en cours. Autre axe de développement, la multiplication de corners-shops, dont le premier a été lancé à Montpellier en mars dernier, quelques jours avant le premier confinement. Depuis, l'idée s'est dupliquée à Marseille et à La Réunion. "On y retrouve nos produits ainsi que nos services de personnalisation". Un des grands points de différenciation de la griffe qui "travaille aussi à l'unité" : "Nous répondons à la demande. Quand un revendeur n'a pas la taille ou la couleur voulue, nous le faisons". Un volet important pour l'entreprise qui représente 40% des commandes.

Ce nouveau canal de distribution vient compléter les points de ventes, les boutiques en propre et le site internet marchand de la marque, actuellement en refonte. Car si K-Jacques rejette tout automatisme en matière de production, elle ne sombre pas pour autant dans l'archaïsme, prônant "l'utilisation des outils modernes au service d'un savoir-faire artisanal". Ce sera tout le challenge de la troisième génération Keklikian qui s'installe progressivement aux commandes.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.