Cela peut paraître pour un détail : Flodim va s'équiper d'une plateforme pour enrouler les câbles. Mais pour le fondateur de cette société, Jean-Paul Cabreil, il s'agit bien d'un équipement important. "Nos concurrents du nord de l'Europe sont déjà équipés et cela fait une différence", souligne l'entrepreneur. Cette montée en gamme, le dirigeant la réalise en partie grâce à France Relance. L'entreprise installée à Manosque figure parmi les 21 projets retenus en région Sud.

Depuis 1995, cette PME a fait de la mesure des cavités souterraines son cœur de métier. Une activité de niche qui intéresse les industriels, pour y stocker des gaz ou de l'hydrocarbure, ainsi que les entreprises chimiques et minières. En 25 ans, Flodim s'est aussi aventuré sur le terrain de la géothermie en haute température. Une activité pour l'instant en stand-by. "Mais nous comptons y revenir", prévient Jean-Paul Cabreil.

Internaliser la fabrication

Grâce au plan France Relance, la société bas-alpine de 35 salariés va construire un nouveau siège, à côté de l'actuel, et acquérir des équipements industriels. L'investissement se chiffre à un million d'euros et doit permettre à l'embauche de 40 personnes d'ici 2026. "Cela va nous permettre d'augmenter notre capacité de production et d'essai", explique le fondateur de l'entreprise. Car mesurer les cavités demande des outils spécifiques. Cela peut être par exemple un sonar, mais qui doit être compatible pour la descente qui s'effectue généralement par des accès étroits.

"Les équipements n'existent pas, donc nous les concevons", résume Jean-Paul Cabreil. Flodim s'appuie ainsi sur une équipe de R&D de 15 personnes pour imaginer des outils plus performants et promouvoir de nouvelles méthodes de travail. La société avait donc un besoin d'investissement matériel pour progresser dans la conception.

"Nous voulons internaliser une petite partie de la fabrication afin d'être capable de répondre aux urgences de nos clients", enchaîne Jean-Paul Cabreil. Le projet prévoit également de doter Flodim d'une salle dédiée à la métrologie. A cela s'ajoutent des équipements industriels opérationnels "pour travailler mieux", glisse le chef d'entreprise. Dans cette catégorie se trouve la fameuse plateforme pour enrouler des câbles.

L'opportunité hydrogène

La concurrence est internationale sur ce secteur. "Nous travaillons en France, mais aussi au Maroc, aux Pays-Bas, en Espagne, en Amérique du Nord et au Brésil", liste Jean-Paul Cabreil. La crise sanitaire et les difficultés pour aller à l'étranger ont été un coup dur pour Flodim. Sur les trois millions d'euros de chiffre d'affaires que la PME a généré en 2019, la moitié était liée à l'international. La perte en 2020 a été d'un million d'euros. Heureusement, la société possède une filiale à Aracaju au Brésil qui peut y exercer une activité de service. L'antenne sud-américaine s'appuie sur cinq personnes et génère deux millions d'euros de chiffre d'affaires.

Avec un retour à la normale, Jean-Paul Cabreil espère continuer à s'étendre vers de nouveaux territoires. Mais au-delà de progresser dans son secteur d'activité, Flodim ambitionne aussi de conquérir des nouveaux marchés. Jean-Paul Cabreil se montre notamment attentif aux anciennes mines et carrières. "Si un puits est mal abandonné, des molécules peuvent finir par venir polluer la surface. Il faut les sécuriser afin de permettre au réservoir initial de récupérer son étanchéité", explique-t-il. Autre piste de diversification, celle liée à l'hydrogène. "Il peut y avoir un intérêt à le stocker dans des cavités salines très profondes", précise Jean-Paul Cabreil. Un tournant qui pourrait s'avérer majeur.