Pourquoi Ateliers bio de Provence mise sur les cantines scolaires

Installée à Carpentras, cette PME fabrique des pâtes et raviolis frais à partir d’ingrédients bio. Rachetée en 2003 par Phlippe Darcas, elle a depuis cherché à se développer en étoffant sa gamme et en diversifiant des canaux de distribution. Parmi eux, la restauration scolaire, un marché de plus en plus porteur.
(Crédits : DR)

C'est une pionnière. Créée en 1985 à Uzès (Gard), l'entreprise, qui s'appelle alors Coquelicot en référence à la fleur qui ne pousse que dans des champs non traités, est une des premières à fabriquer en France des pâtes et ravioli frais bio.

Après des débuts difficiles sur un marché encore balbutiant, la société est rachetée en 2003. Philippe Darcas en devient le dirigeant et déménage son siège. Direction Carpentras, sous le soleil du Vaucluse. « Un de nos associés y avait une conserverie », explique-t-il. « Mais l'intérêt était aussi de s'installer dans une ville très bien placée logistiquement parlant, tout près des transporteurs et de grossistes comme Relais vert », ce logisticien spécialiste du bio.

Des magasins bio à la restauration collective

A ce moment-là, le bio se développe, porté par l'essaimage de magasins spécialisés. « On pouvait s'appuyer sur une demande croissante de leur part ». Dans ce contexte, l'entreprise qui ne compte alors que 3 salariés, imagine une stratégie reposant sur deux piliers.

Le premier, c'est l'élargissement de la gamme de produits. « On s'est mis à proposer des produits contenant des œufs, du petit épeautre, du fromage. On a beaucoup travaillé sur la qualité ». De quoi mieux répondre à la demande et fidéliser les clients.

Le second pilier, c'est la diversification des canaux de distribution. Jusqu'alors, l'entreprise s'adressait presque exclusivement aux magasins bio. Dès 2003, elle renforce sa présence auprès des conserveurs qui représentent à ce jour 30 % de son chiffre d'affaire, contre 40 % pour les magasins bio. « Il peut s'agir de gros industriels en conventionnel mais aussi de petits conserveurs qui ne font que du bio ». La PME s'ouvre aussi à la grande distribution sous une marque dédiée (15%), ainsi qu'à la restauration scolaire (15%).

Un secteur auquel elle a pu s'adresser avec plus d'ampleur depuis 2019, année au cours de laquelle elle a investi dans un nouvel outil de production qui lui permet de proposer du surgelé. « On a aussi profité de l'essor de la demande dans les cantines, accentué par la loi Egalim [loi de 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, ndlr] et le Grenelle de l'environnement ». Ateliers bio de Provence travaille notamment avec la Ville d'Avignon. « Nous travaillons bien ensemble », se réjouit l'entrepreneur.

Une capacité de production accrue

En se diversifiant de la sorte, l'entreprise espère mieux répartir ses risques. Cela a aussi été un moyen de croître et d'investir dans des machines lui permettant de monter en gamme et d'enclencher un cercle vertueux. Désormais, elle compte une quarantaine de salariés et a réalise un chiffre d'affaire de 5,5 millions d'euros.

Avec son nouvel atelier acquis en 2019, elle s'est offert une capacité de production beaucoup plus importante, passant de 40 en 2003 à 1000 tonnes produites annuellement. « Et on a la possibilité technique de doubler ce chiffre voire même, avec quelques aménagements, de le multiplier par six ou huit ».

Pour profiter de ce potentiel, elle entend poursuivre des efforts sur la qualité et la diversité de l'offre proposée. « On travaille sur de nouvelles recettes et on a intégré une nouvelle cuisine pour travailler les farces de légumes ». Elle souhaite par ailleurs accentuer un peu plus sa présence dans la restauration scolaire, convaincue du potentiel à venir sur ce marché, les cantines étant au cœur d'enjeux politiques, de souveraineté alimentaire, d'égalité sociale, de santé et d'éducation.

Enfin, pour se développer plus encore, Ateliers Bio de Provence pourrait aussi miser sur l'export. « On a déjà essayé mais les coûts de transport de produits frais est élevé, comparativement à nos produits qui sont relativement peu chers. Il nous faudrait de gros clients pour rentabiliser ces frais ». S'ajoute à cela l'inévitable concurrence du marché italien qui dispose d'une aura naturelle sur le marché des pâtes. Mais Ateliers bio de Provence ne se décourage pas. Elle attend que le contexte sanitaire soit plus clément et que les salons reprennent pour venir y picorer les opportunités qui la feront se renforcer un peu plus.

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