Cinq ans après, ce que le rachat de Bionov a apporté au parfumeur Robertet

En 2016, le groupe Robertet, installé à Grasse, rachetait la société Bionov spécialiste de la SOD, une enzyme du melon utilisée en complément alimentaire. Une opération qui lui a permis de s’affirmer en dehors de son marché premier, celui des arômes et parfums, de bénéficier de nouvelles techniques et compétences, mais aussi de générer du chiffre d’affaires supplémentaire en pleine crise liée au covid-19.

C'est un fleuron de l'économie grassoise. Né en 1950, le groupe Robertet est le premier employeur de la ville avec 900 salariés sur les 2000 qu'il compte au total. En 2019, il affichait un chiffre d'affaire de 556 millions d'euros. Son cœur de métier, ce sont les ingrédients botaniques pour arômes et parfums, avec une expertise qui se décline en trois axes, comme le décrit Thomas Ughetto, directeur de la division Health and Beauty du groupe : « Il y a d'abord le sourcing, puisque nous voulons avoir un contrôle maximal sur les plantes et fleurs dont proviennent nos extraits. Viennent ensuite l'extraction, effectuée au sein de nos usines, puis l'analyse et la mise en conformité qui sont faites en interne ».

Au début des années 2010, le groupe a pour ambition d'élargir son champ de compétence et crée pour cela la division Health and Beauty. « Le but était de partir de produits naturels là encore, mais d'en extraire ce qui ne se sent pas, à savoir les actifs qui ont un bénéficie sur la beauté ou la santé ».

C'est dans ce cadre que s'opère, en 2016, le rachat de Bionov. L'entreprise originaire du Vaucluse s'est fait connaître en produisant de la SOD, une enzyme du melon dotée de vertus anti-stress et anti-cellulite notamment. « En faisant connaissance avec plusieurs personnes de cette entreprise, nous nous sommes rendus compte qu'elle avait une approche très similaire à la nôtre.  Ils partaient de la graine pour obtenir une variété particulière de melon dont ils extrayaient un actif: la SOD ».

Une offre plus complète et plus différenciante

Une fois le rachat conclu, la division Health and Beauty s'attelle à diffuser la SOD dans ses canaux de distribution. « Grâce aux filiales et aux centres du production du groupe, nous avons accéléré la présence de cette enzyme partout dans le monde ». Dans le domaine des compléments alimentaires - marché initial de Bionov, mais aussi dans ceux de l'agroalimentaire et des cosmétiques. « La SOD a des propriétés anti-oxydantes et donc anti-âge, on peut donc l'intégrer dans des cosmétiques de ce type ». Le produit est décliné sous plusieurs marques s'adressant à ces divers marchés.

Pour le groupe, c'est l'occasion de conforter sa stratégie de diversification et de proposer un plus large choix à ses fournisseurs. « Avant, nos clients nous voyaient uniquement comme un fournisseur d'arômes et parfums. Là, nous avons pu leur proposer une offre plus complète ». Et aussi plus complexe puisqu'il est possible de combiner l'actif issu du melon à des arômes et parfums. « Ce qui nous positionne comme un fournisseur capable de créer des produits associant santé et bon goût ».

Grâce à ce développement sur plusieurs marchés, le groupe parvient à multiplier par 1,8 le chiffre d'affaire de Bionov, atteignant 5 millions d'euros en 2019. « Cela nous a aidé à renforcer la division Health and Beauty » dont le chiffre d'affaire oscille entre 10 et 15 millions d'euros.

Transfert de compétences et de techniques

Mais au-delà de lui apporter de nouveaux marchés et du chiffre d'affaire, l'opération a permis à Robertet d'acquérir de nouvelles compétences. La division Health and Beauty a ainsi bénéficié du savoir-faire des équipes de Bionov qu'elle a intégrées à son laboratoire de recherche et développement. « Les anciens salariés de Bionov travaillent sur la SOD mais plus uniquement ».

Grâce au rachat, le groupe a par ailleurs appris à extraire des actifs de manière plus verte. « Bionov avait mis au point une technique mécanique d'ultrafiltration qui n'utilise aucun solvant provenant de la pétrochimie. On utilise désormais cette technique pour nos autres extraits ». Ce qui lui permet d'être plus en phase avec la demande de consommateurs toujours plus sensibles à la naturalité et au respect de l'environnement.

Une source de revenus pendant la crise

Perméable aux sensibilités de son époque, le groupe l'est aussi aux turbulences qui la traversent, et la crise du covid-19 ne l'a pas épargné. « Sur les secteurs des parfums, nous avons souffert de la fermeture des duty free ». De par la diversité de ses marchés, le groupe devrait néanmoins rester à l'équilibre en 2020, porté notamment par sa division Health and Beauty qui a affiché une croissance de 10 %. Et Bionov n'y est pas pour rien. « La crise a généré beaucoup de stress et les gens ont cherché des compléments alimentaires pour lutter contre cela et mieux dormir. Cela a accéléré les ventes de SOD ».

Renforcée par le rachat de Bionov, la division Health and Beauty est à l'écoute de nouvelles opportunités de ce type. En parallèle, elle souhaite continuer à étoffer sa gamme de nouveaux actifs développés en interne. La division Health & Beauty, elle entend franchir un nouveau cap et attaquer de nouveaux marchés comme celui de l'alimentation animale.

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