La stratégie de Bocoloco pour démocratiser les courses en vrac

Accompagnée par l’incubateur Obratori à Marseille, cette startup a créé un site internet et une application de vente de produits en vrac, avec un système de consignes. Elle espère ainsi inciter les consommateurs à franchir le pas. Déjà bien implantée en Île de France, elle souhaite tisser un réseau d’antennes locales et élargir sa gamme.
(Crédits : DR)

Le marché du vrac a le vent en poupe. Depuis 2016, le chiffre d'affaire du secteur augmente à toute vitesse, franchissant le cap du milliard d'euros en 2019. La même année, 53% des consommateurs déclaraient avoir déjà acheté en vrac. Deux motivations principales sont avancées : la possibilité de prendre exactement la quantité souhaitée mais aussi la volonté de réduire sa consommation de plastique et la pollution générée.

Alexis Dusanter est de ce public. Mais rapidement, il s'aperçoit que ce mode d'achat est contraignant. Il faut s'équiper en bocaux - ce qui a un coût -, se rendre fréquemment dans plusieurs magasins faute d'une offre suffisamment complète dans un seul point de vente, et rapporter chez soi des contenants relativement lourds. « Souvent, on part avec de grands principes mais on n'y arrive pas faute de temps ».

Au delà de la vente, un accompagnement au quotidien

Pour simplifier la vie des consommateurs de vrac et convaincre ceux qui hésitent à franchir le pas, il décide de créer avec son frère, Bocoloco. Le consommateur se rend sur le site web ou sur l'application mobile de Bocoloco et y fait ses courses comme sur n'importe quel site de vente en ligne. Les produits lui sont ensuite livrés, soit à domicile - uniquement en région parisienne pour le moment-, soit en point relai. Ils sont contenus dans des bocaux en verre et des sacs de coton réutilisables consignés. Le livreur les récupérera à la prochaine livraison. « On facture 10 à 30 centimes pour le lavage ».

Au-delà de faciliter la logistique, la startup souhaite aussi simplifier l'utilisation des produits en vrac. C'est pour cette raison que les bocaux sont connectés à l'application. En les scannant, les clients peuvent retrouver le nom, la marque, l'origine des produits, des recettes ... Une alerte est par ailleurs envoyée lorsqu'un produit atteint sa date de péremption. De quoi poser l'image de marque et améliorer l'expérience client, ce qui distingue Bocoloco d'autres sites de vente. « Le zéro déchet est un apprentissage. C'est pour cela que nous accompagnons nos clients au quotidien. On veut les convaincre de passer au vrac ».

Et pour les encourager, elle les informe en temps réel de la quantité de plastique qu'ils ont économisée en faisant leurs courses sur la plateforme.

Bocoloco2

Un approvisionnement local lorsque cela est possible

Mais si réduire le plastique est une chose, l'entreprise souhaite aussi s'illustrer par le choix de produits locaux et responsables. Pour l'heure, 270 références sont proposées, 80 % dans l'alimentaire, 10 % de cosmétiques, 10 % de produits ménagers. « Dans la plupart des cas, il s'agit de produits bio achetés en direct à des producteurs. Acheter du riz thaï en vrac, cela n'aurait pas de sens ». Bocoloco s'appuie ainsi sur un réseau d'une trentaine de distributeurs, dont un tiers en Île de France et un tiers en région PACA. Quant aux contenants, « on travaille en grande proximité avec la Verrerie d'Arques dans le Nord. Ils font des bocaux que l'on adore, empilables et esthétiques ». Car le plaisir des yeux compte aussi pour fidéliser et se démarquer.

Et au-delà des produits, Bocoloco veut être éthique sur la livraison. A Paris, elle s'appuie sur les services de la coopérative Olvo menée par d'anciens livreurs des plateformes classiques. « On ne voulait pas être irréprochables sur l'environnement et payer des livreurs au lance-pierre ».

Installer un réseau d'antennes sur tout le territoire

Lancée juste après le confinement du printemps, l'entrée sur le marché s'est bien passée, portée par une demande favorisant des produits locaux et des pratiques plus respectueuses de l'environnement. La startup souhaite poursuivre sur cette lancée et une fois rassurée sur son positionnement, elle envisage d'ouvrir de nouvelles antennes pour proposer la livraison à domicile dans d'autres régions. « On aimerait en ouvrir une à Marseille fin 2021 ». Ces antennes de proximité permettraient en outre de proposer des paniers de fruits et légumes frais, comme cela se fait déjà en Île de France dans le cadre de circuits très courts.

L'ambition est aussi de doubler le nombre de références dans la gamme pour proposer une offre complète qui se suffise à elle-même et simplifier plus encore la vie des clients. « Maintenant que l'on voit que ça marche bien, il faut faire plus d'efforts pour trouver de nouvelles sources d'approvisionnement. On est en plein dedans. On démarche des producteurs qui nous ressemblent, des personnes avec une vraie histoire ».

Dans le même temps, elle travaille sa notoriété en visant les influenceurs et blogueurs spécialistes du zéro déchet. Elle espère, dès qu'ils reprendront, participer aux divers événements associés à ce type de démarche.

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Commentaire 1
à écrit le 08/01/2021 à 10:26
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Merci beaucoup à ces gens éclairés de s'interesser enfin à cette économie vertueuse que ça fait plaisir à lire ! Maintenant le problème majeur de cette idée, n'est pas l'idée mais bien de ce que les propriétaires de capitaux et d'outils de produc...

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