En 2014, alors qu'elle est étudiante, Alice Tourlonias sous-loue son appartement pour gagner un peu d'argent. Rapidement, le bon plan ponctuel devient un gagne-pain à part entière auquel elle consacre de plus en plus de temps. Avec un associé très intéressé par la création d'entreprise et le succès d'Airbnb, elle ouvre des appartements à Lille, Montpellier, Nantes, Bordeaux, Marseille ... « On s'appuyait sur des investisseurs pour augmenter la gamme en investissant des immeubles entiers ». Les appartements sont proposés à la location sur Airbnb puis sur Booking.

Mais rapidement, les règles du jeu évoluent. Certaines villes se plaignent de voir leur foncier envahi de locataires Airbnb quand l'hôtellerie dénonce une concurrence déloyale. « Nous n'avions plus le droit de nous mettre dans des appartements d'habitation ». D'où la conversion de locaux commerciaux en appartements. Mais cela a un prix. « Il faut compter au moins 40 000 euros par local pendant deux ans ». Pour financer ces transformations, NocNoc fait appel à des investisseurs et s'endette.

Ainsi, lorsque la vague de covid-19 déferle sur la France et met à mal son activité, l'entreprise se retrouve « à deux doigts de la faillite ». C'est alors que naît NocNoc Shop.

Des produits artisanaux à relocaliser

« Il s'agit d'une e-boutique dans laquelle on vend les produits de décoration que l'on aime ». Ceux qui donnent aux appartements de l'entreprise sa touche bien à elle. Il s'agit de linge de maison - housses de canapés, couvre-lits, nappes, rideaux ... - en lin. « Nous avons choisi cette matière car elle est plus solide et durable puisque sa culture ne détruit pas les terres ».

Pour l'heure, huit produits sont proposés sur la boutique lancée fin novembre. « Ils sont fabriqués par un producteur lituanien que l'on a trouvé sur le site Etsy. Mais l'idée est, d'ici six mois de les faire produire en France ». D'autant que l'Hexagone a un atout : il représente 80 % de la production mondiale de lin.

Pour faire tourner sa boutique, NocNoc mise sur beaucoup sur la clientèle de ses appartements. « On installe dans chacun un tableau qui explique ce que l'on vend. Si on arrive à toucher 10 % de nos clients, on parviendra à parer l'impact de la crise », assure Alice Tourlonias.

Une fois le lancement bien enclenché, il pourra être envisagé de diversifier la gamme au-delà du seul linge en lin. « Nous avons repéré un artisan qui fabrique des miroirs en plume dans le Nord de la France. L'idée est vraiment de proposer des produits locaux et artisanaux, faits à la main ».

La boutique est aussi l'occasion pour NocNoc d'affirmer son image de marque et de mettre en lumière l'identité visuelle de ses appartements. Et ce, tout en permettant à ses clients de s'en inspirer chez eux. Un argument de différenciation qui permet de gagner en notoriété sur un marché concurrentiel. Marché qui a par ailleurs beaucoup souffert de la crise et doit se reconstruire.