Herbiolys naît d'un hasard. D'une découverte fortuite faite par le botaniste Gérard Ducerf alors qu'il se promène dans les Cévennes. Ce jour-là, il est venu avec des bocaux remplis de solvant hydro-alcoolique dans lesquels il jette les plantes sitôt cueillies.

De retour chez lui, il est surpris par la couleur vert vif de ses préparations, bien loin des tons marrons de celles qu'il a l'habitude d'acheter en pharmacie. Avec une quinzaine de confrères, il s'attelle à éluder ce mystère. Ils s'aperçoivent alors que plus le temps qui sépare la cueillette de la macération est long, plus la plante se dégrade, au détriment de ses vertus et de sa chlorophylle.

De la cueillette à la fabrication : une chaîne de production totalement maîtrisée

Gérard Ducerf a donc trouvé la clé pour proposer des produits d'une qualité supérieure à celle du marché. Entourée d'une dizaine de personnes, il met sur pied sa société en 2004. La demande pour ce type de produits est déjà forte. Mais la réglementation est un sentier ardu et les débuts sont assez laborieux. De plus, l'équipe est âgée. Il faut donc préparer la relève. C'est ainsi que Benoît Articlaux, qui connaît bien les plantes et l'international, prend les commandes de l'entreprise qui ne compte alors qu'un salarié. Il la structure, embauche et tisse un réseau commercial. « J'ai pris mon bâton de pèlerin et je suis allé voir un par un les magasins bio, les pharmacies ... », raconte-t-il.

Ce qu'il met en avant, c'est la fraîcheur des plantes, l'ADN de l'entreprise. Une fraîcheur rendue possible grâce à la maîtrise complète de la chaîne de production. La cueillette est faite par Benoît Articlaux et trois personnes qui lui sont associés au sein d'une structure agricole annexe. « Ils travaillent avec nous depuis quinze ans, la majeure partie de leur activité est en lien avec nous ». Les plantes sont ensuite très rapidement transformées. « Les bourgeons sont mis en macération moins de vingt minutes après la cueillette. Pour les plantes, on est à moins d'une heure ». En comparaison, chez les concurrents qui travaillent à partir de plantes fraîches, ce délai s'élève à trois ou quatre jours. « Ils les commandent à un cueilleur. Celui-ci les place dans une chambre froide avant qu'elles soient transportées jusqu'au fabricant ».

Un catalogue de 250 plantes

Au-delà de la fraîcheur des matières premières et de la fabrication artisanale, c'est par l'étendue de sa gamme qu'Herbiolys entend se distinguer. Elle propose ainsi 250 plantes pour environ 300 produits. « C'est impossible de communiquer sur autant de produits et certains ne sont pas rentables », admet Benoît Articlaux. « Mais c'est cette richesse qui attire des spécialistes tels que des naturopathes et des phytothérapeutes qui prescrivent ensuite nos produits, ou encore des professeurs dans des cliniques étrangères... »

L'entreprise réalise en effet 15 % de son chiffre d'affaire à l'export, en Roumanie, aux États-Unis ou encore au Japon où ses produits sont vendus dans 24 magasins. Ses clients sont des magasins bio, des herboristeries et des pharmacies. « En France, c'est assez compliqué de vendre en herboristerie puisque ce métier a été récupéré par les pharmacies dans lesquelles peu de personnes sont en mesure de vraiment conseiller les clients sur les plantes. Mais depuis quelques années, il y a un peu de mouvement. Un rapport sénatorial s'y est penché pour que les gens compétents puissent exercer sans être dans l'illégalité. Et on trouve de plus en plus de pharmaciens passionnés qui veulent revenir au métier d'antan, qui veulent connaître nos produits et conseiller les gens ».

La marque propose également ses produits sur son site internet, le digital ayant été un chantier important ces dernières années.

A ce jour, Herbiolys emploie une dizaine de salariés et son chiffre d'affaire s'élève à 1,3 million d'euros. Il devrait atteindre 1,5 million pour l'exercice 2021.

Relocaliser des plantes médicinales pour dynamiser le territoire

Pour poursuivre sa croissance, l'entreprise entend développer sa présence dans les magasins bio. « Nous allons être référencés par Le marché de Léopold qui compte une quinzaine de boutiques », essentiellement dans l'Ouest de la France. « Nous envisageons aussi de continuer notre développement à l'export parce que cela ouvre l'esprit à d'autres cultures. Au-delà du business, c'est une aventure humaine qui lie les personnes et les rassemble ».

Car Benoît Articlaux est convaincu que le business ne fait pas tout. « L'entreprise s'inscrit dans des enjeux qui la dépassent, notamment dans le développement économique, social et environnemental de son territoire ».

C'est cette philosophie qui l'a conduit à s'engager dans un programme de relocalisation de plantes médicinales dans les Hautes-Alpes. « On met en place une filière en partenariat avec la Chambre d'agriculture et l'agence départementale de développement économique et touristique ». L'idée serait de faire pousser des plantes que l'on ne trouve pas localement pour répondre à la demande croissante. Plantes dont profiterait Herbiolys mais aussi tous ceux qui le souhaiterait ; dans une logique de circuit court où la réussite des uns contribue au dynamisme de tous.