Okaia, (vrai) exemple d’open innovation

En apparence, c’est une startup comme une autre. Sauf que cette jeune pousse a un pedigree un peu particulier. Spin-off de My Coach, basée à Nice, elle a comme partenaire principal Robertet, l’industriel du parfum ancré à Grasse et le soutien actif du fonds Creative basé en Suisse.
(Crédits : DR)

Que n'a-t-on dit et espéré de l'open innovation. Perçue comme LA façon idéale de faire passer l'innovation de la startup au grand groupe, elle est devenue, las, un peu un mot valise, un concept aux contours souvent flous. Alors que la véritable open innovation dit pourtant bien ce qu'elle est : une innovation partagée, cest-à-dire à parts plus ou moins égales, certes, mais égales tout de même. Gagnant-gagnant pour reprendre une expression (elle aussi) galvaudée.

Si, il faut le reconnaître, le rapport grands groupes/startups s'équilibre peu à peu, les exemples de réelle open innovation ne sont tout de même pas légion.

C'est dans ce contexte que voici Okaia. Un nom exotique, un peu japonisant. Le nom du nouveau « bébé » de Cédric Messina.  D'ailleurs Okaia c'est un peu le spin off de My Coach. Leur point commun - hormis le PDG qu'elles partagent : le sport.

Okaia c'est donc cette nouvelle petite entreprise qui a réussi l'exploit d'obtenir la licence pour distribuer un parfum aux couleurs de l'Equipe de France de football. Son nom, Eau Bleue, sonne comme une évidence. Mais derrière le produit, il y a l'exemple (quasi) parfait d'une open innovation réussie. Okaia en coche toutes les cases.

L'obtention de la licence pour distribuer le parfum de l'Equipe de France de football représente pour My Coach une réelle opportunité. Sauf que voilà. Le parfum ce n'est pas le core business de la startup niçoise. Et son co-fondateur et PDG s'interroge. Se diversifier, pourquoi pas ? Cependant, produire et mettre sur le marché un parfum, ce n'est pas tout à fait pareil que de développer des algorithmes. Et si la diversification était plutôt perçue comme une dispersion ? Et si le tout envoyait un mauvais écho au marché ? Sauf que « nous avons encore du chemin pour devenir une entreprise pérenne », souligne Cédric Messina. Et que si l'aventure est terriblement tentante, c'est la rencontre humaine qui va jouer le rôle de déclencheur.

Sortir de la zone de confort industrielle

La rencontre décisive, elle se fait notamment un jour de fin d'été quand le Groupe Robertet, curieux de s'ouvrir à l'innovation mais surtout curieux d'aller voir de plus près ce qu'il se passe du côté de la French Tech, croise Cédric Messina - président du mouvement sur la Côte d'Azur - au cours d'un événement festif. « Nous avons aimé l'énergie. Et nous sentions que même si nous étions bien dans notre industrie, il nous fallait aller chercher autre chose », raconte Fabien Giausseran, son directeur adjoint de la division parfumerie. La vision partagée d'un dynamisme à apporter au territoire rapproche encore. Lorsque l'opportunité de développer le parfum se concrétise, c'est tout naturellement que le rapprochement se finalise. Pour Robertet, l'occasion est précieuse d'autant plus qu'elle est rare. « Le fait de collaborer avec une startup nous a donné une temporalité et une possibilité de faire différemment », indique Fabien Giausseran. « Cela nous a permis une créativité à l'état pur. Cela nous a permis de faire valoir plusieurs choses, les assembleurs sont grassois, les délais de fabrication du parfum ont été réduits - tout s'est fait en 6 mois, dans le milieu du parfum, ça n'existe pas... », poursuit le directeur adjoint de la division parfumerie du groupe leader mondial des ingrédients naturels, basé historiquement à Grasse et qui pèse 554 M€ de chiffre d'affaires. « Nous ne pouvons pas nous permette de créer un startup studio. Nous n'avons pas le client qui nous dit, « prenons une marque et amusons-nous avec ». Cela n'est pas une logique de grande marque ». La démarche, elle est aussi raccord avec ce que veut insuffler la direction du groupe, « 170 ans d'histoire industrielle et une mentalité de startup », rappelle Fabien Giausseran.

Exporter le Made in France

La mentalité de startup c'est un peu aussi ce qui amène le fonds Creative dans l'aventure. Ça et beaucoup la rencontre humaine. C'est avec Cédric Messina que Grégoire Boissel évoque une première aventure entreprenariale, il y a quelques années, déjà en lien avec le monde du sport. Si elle ne voit pas le jour, les liens entre les deux entrepreneurs perdurent et le projet Okaia est l'occasion de l'expérimenter grandeur nature. « Nous travaillons à créer un portefeuille industriel », précise Grégoire Boissel, le PDG de Creative qui croit beaucoup dans les valeurs du sport et qui ici apporte son expertise pour une envergure internationale. Car Okaia coche aussi les cases du Made in France. Et le bleu-blanc-rouge, ça s'exporte bien. « Le Made in France est un attribut conséquent. Il ne faut pas nous enfermer dans nos frontières, sportives ou géographiques », précise le dirigeant, installé en Suisse, pour qui l'apport du savoir-faire de chacune des parties est le gage du succès et une preuve de bon sens. Avec un capital de 300 000 euros, Okaia est en phase de structuration. « Nous sommes en train d'établir le schéma d'investissement », dit Grégoire Boissel.

« Okaia ce n'est pas qu'un parfum mais une démarche de création de société. Nous préparons, non pas des produits, mais une stratégie ». La réflexion est identique pour Fabien Giauserran. « Ce qui compte ce n'est pas de vendre une bouteille mais c'est l'exercice, la démarche. Se rapprocher d'un acteur spécialiste du numérique, de la viralité. Pour un groupe de notre taille, cela pousse aussi du côté de nos collaborateurs ». Cédric Messina, lui, revendique le lien entre l'industrie et les nouvelles technologies, entre ce que l'on appelle l'ancienne économie et la nouvelle économie. Mais ne dément pas le défi : « en adoptant un modèle économique de produits éphémères (tous les mois NDLR), toute la difficulté réside dans la capacité à innover à chaque fois ». C'est sans doute ce qui en fait toute... l'ivresse.

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